Aussi, les ornithologistes qui sont parvenus à délimiter justement cèrlains groupes y sont-ils arrivés
surtout en considérant l'aspect, le fades des espèces, et à l’aide de ce tact qui s’acquiert par une longue
fréquentation dés musées.
Au reste, nous n’avons pas terminé ici 1 histoire des classifications ornithologiques ; nous avons à
mentionner la plus importante dont ait été entretenu le public savant depuis quelques années. M. Isidore
Geoffroÿ-Saint-Hijaire, dans ses cours au Muséum d'histoire naturelle et à la Faculté des sciences, a
émis l’opinion, en se fondant sur la conformité d'organisation reconnue entre presque tous les Oiseaux,
que ces animaux devaient être divisés en un nombre d ’ordres fort restreint et qu’on devait voir seulement
des familles dans la plupart des groupes auxquels , les Ornithologistes attribuent un rang
supérieur.
Nous avons le regret de ne pas avoir celte classification, publiée par M. I. Geoffroy-Saint-Hilaire
lui-même. Elle l’a été par M. Lemaout, mais dans le livre de cet auteur l’importance des divisions est
présentée comme dans les ouvrages antérieurs.
Ainsi, la classe des Oiseaux est partagée en trois divisions primaires : 1° les Alipennes, dont les
membres antérieurs sont conformés en ailes; 2° les Rudipennes, chez lesquels ils sont conformés en
moignons; 3° les Impennes, chez lesquels ils sont conformés en nageoires. La première division (Alipennes)
comprend cinq ordres : 4° les Rapaces, 2° les Passereaux (Passereaux et Grimpeurs de Cuvier),
3° les Gallinacés, 4° les Echassiers, 5° les Palmipèdes (Palmipèdes de Cuvier dont sont exclus les
Manchots); la seconde division (Rudipennes), deux ordres : les Inertes, dont le nom est emprunté à
M. Temminck, et les Coureurs (Autruches, Casoars, Aptéryx); la troisième (Impennesj, un ordre
seul, les Manchots (Plilopleri Vieillot, Bonap.). M. I. Geoffroy-Saint-Hilaire place ses trois grandes
divisions èn séries parallèles : les Inertes de la seconde série représentent les Gallinacés de la première;
les Coureurs représentent les Échassiers; les Manchots seuls de la troisième série représentent
les Palmipèdes de la première (4).
Ce n ’est point en ce moment que nous avons à présenter ni à discuter la classification ornithologique
à laquelle nous nous arrêterons, cette classification devant être naturellement l’expression des faits
anatomiques et physiologiques que nous allons exposer. Cependant, par la nécessité seule d’appeler les
groupes par les noms que nous leur conserverons, il a bien fallu être fixé sur les points-essentiels avant
dé tracer les premières lignes de ce livre, avant d’écrire un nom d’ordre ou un nom de famille sur notre
première planche. Par la nécessité d’éclairer de suite notre lecteur sur la signification des termes que
nous sommes obligé d’employer en parlant des différents groupes, nous sommes conduit à indiquer dès
à présent nos idées générales, nous réservant de les discuter quand les faits qui vont être déroulés dans
ce travail viendront nous fournir leur appui.
Chose étrange, les Oiseaux ne se modifient pas au même degré que les représentants des autres
classes des vertébrés, comme le constatent et le répètent à l’envi les Zoologistes et les Anatomistes, et
parmi eu x , on multiplie les divisions ordinales plus que partout ailleurs! Là, des espèces, des genres,
| | ! Emm. Lemaout, Histoire naturelle dés Oiseaux suivant la classification de M. Isidore Geoffroy-Saiat-Hilaire (1853).
■des groupes considérables sont portés et reportés d'un ordre dans l'autre.; des types sont associés ou
■séparés alternativement suivant le goût o u ïe sentiment de chacun. Toutes les opinions se manifestent
■tour à tour à l’égard des affinités des types ornithologiques, témoignant par leur mobilité même quon
■ne trouve presque nulle part à s’appuyer snr des caractères d’une certaine importance. ,Que,voit-on, en
■effet, dans les arrangements de la classe des Oiseaux produits dans la science p ar divers auteurs? Les
divisions que d’ordinaire on appelle, des ordres, tantôt des agglomérations de types auxquels il n e s t
possible de trouver aucun caractère commun d ’üne valeor réelle, comme le groupe des Passereaux, ou
les Oiseaux-Mouches et les Alcyqns prennent place au milieu on à côté des Fnngillides ; comme e
groupe des Grimpeurs, où se trouvent rapprochés .les Perroquets, les Pics, les Coucous, etc ; comme les
Palmipèdes encore/on sont rangés les Canards avec les Mouettes et les Pétrels,; tantôt des divisions
composées d’éléments si homogènes, telles que celles desPerroquets, des Pigeons, des Canards (Amrns),
qu'on ne saurait y voir.plus que des familles naturelles. .N’élaienbce pas là les genres de Linné? Les
groupes restreints! de M. Temminck et de M. .SundevalLne sont-ils pas souvent composés eux-mêmes
de .types-tont à fait disparates? Nous voyons les.Anisodactyles (I), où les.Colibns .figurent entre les
Grimpereaux et les Souimangas; les Coccyges (2), qui réunissent les Barbus, les Coucous, les Alcyons,
les Calaos, les Couronnons, les Engoulevents, etc.; lés Pullastres (3), qui,comprennent les.Pénélopes,
les Ménures,,les Musophages et les Pigeons.
C'est beaucoup à .l'aide de comparaisons avec,ce qui est bien établi ailleurs que nous pourrons parvenir
à fixer le rang des divisions ornithologiques. Dans l’opinion d’une foule de Naturalistes, chaque
classe doit d’abord être divisée en ordres avant; d ’être divisée un familles. A notre sens, eu procédant
toujours de lasorte, on arrive dans plus d’unecirconstance à dresser des classifications peu en harmonie
avec les affinités naturelles. Le nombre des représentants d’un groupe, s’il est considérable,
porte souvent,les Zoologistes à multiplier,les divisions et à leur, attribuer une importance exagérée.; or,
il est évident,.comme le dit M. Isidore.Geoffroy-Saint-Hilaire, qu’il'fant, sans compter combien de fois
la,même-forme est reproduite dans la.nature, ¿attacher exclusivement aux.ressemblances et aux différences
organiques, si l’on veut apprécier justement, les rapports des êtres entre eux.
Malgré la longue suite d’espèces d’Oiseauxconnues, nous pensons qne la grande masse de ces animaux
ne doit pas être séparée.en plusieurs ordres, car.ces.groupës ne sauraient, en aucune façon présenter
des, caractères comparables à ceux des divisions, ordinales, dans les autres classes dn règne animal,
notamment dans les Mammifères, les Reptiles, les Insectes,’ etc.Tout Zoologiste est convaincu de cette
.vérité, mais comment ne pas larappeler en.voyantà quel point, dans l’application, on a agi dans un
, sens, opposé? 1 , . . T n -, „ . .
Nous aurions désiré adopter, comme ordres les trois divisions,proposées par M. I. Geoffroy-Saint-
Hilaire les Alipennes, les Rudipeiincs el les Impmms, et n e pas avoir à introduire dans la science nu
s e u l : nom-nouveau ¡.mais, les Manchots Ou leS Impennes ne nons semblent pas offrir de particularités
organiques assez, considérables pour qu’on leur, assigne un rang aussi élevé. Leurs caractères, à notre
avis témoignent d’une dégradation, sans être véritablement typiques.
En résumé, nons ne pouvons découvrir p a rm i les Oiseaux.plus.de deux types d’ordres : d’un.côté,
les Autruches, avec les Casoars et l’Aptéryx; de l’autre, tous les représentants de la, classe, à,l’ unique
exclusion des premiers. Ce sont les deux divisions de Merrem, indiquées en -1816, les Aves ralliai et les
Aves, carimtoe ; seulement,les noms, adjectifs de rotite. et de carimtoe n ’étant pas de la nature de ceux
(1) Temminck, voir p. 8.
(2) Sundevall, voir p. 10.
(3) Ibid.