70 L’ORGANISATION DU RÈGNE ANIMAL.
La forme générale des ovaires est connue également dans les principaux groupes de la classe des
Reptiles. Les ovaires sont décrits comme consistant, chez les Sauriens e t les Ophidiens, en deux tubes
présentant à l’intérieur des cloisons sur lesquelles se développent les oeufs, et chez les Émydosauriens
e t les Chéloniens, comme formés p ar des plaques à la face interne desquelles se produisent les oeufs.
Les oviductes débouchant dans le cloaque sont indiqués comme offrant de notables variations suivant
les espèces et suivant les groupes, et les organes copnlateurs sont reconnus simples ou doubles de
même que chez les mâles; il y a un seul clitoris dans les Tortues et les Crocodiles, il y en a deux chez
les Lézards et les S erpents (1 ).
On sait encore, principalement par les recherches de MM. Isidore-Geoffroy Saint-Hilaire et Martin
Saint-Ange, que les Chéloniens et les Émydosauriens ont des prolongements du péritoine constituant
des canaux particuliers. Il est démontré, enfin, que chez tous les Reptiles il y a au-devant de l’anus,
à la suite du rectum, un cloaque très-variable dans sa forme comme dans son volume, dans lequel.se,
termine l’intestin e t viennent aboutir les uretères, la vessie e t les conduits des Organes delà génération.
Pour le développement, on a vu que la science était déjà enrichie d’études relatives au Lézard,
d ’un très-beau travail sur la Couleuvre et de recherches fort considérables sur les Tortues.
Les faits concernant l’organisation des Reptiles aujourd’hui enregistrés sont donc déjà bien nombreux.
II n’est aucun appareil, aucun organe qui n’ait été plus ou moins examiné dans les principaux
types; pourtant, il n ’en est presque a u cu n , à l’exception du système osseux, qui ait été complètement
étudié. C’est en rapprochant une foule d’observations détachées qu’on arrive à former l’ensemble;
aussi y a-t-il beaucoup de lacunes. Les modifications graduelles des organes ont été peu
observées, et l’on n’a pas tenu compte des particularités qui sont en rapport avec les conditions
biologiques et sur lesquelles nous croirons devoir insister tout spécialement dans la pensée d’en
tirer-quelque lumière pour la physiologie comparée. Si l’on envisage la question à un autre point de
vue ; s i, au lieu de suivre un appareil organique chez les divers représentants de la classe des Reptiles,
on examine tour à tour chaque type pour apprécier ce qui est connu de son organisation, on voit mieux
encore l’étendue du champ ouvert aux recherches. En effet, l’anatomie entière d ’un seul Reptile a été
faite, celle de la Tortue de marais, e t comme l’auteur s!est contenté de donner un atlas accompagné
d’explications de planches, il s’ensuit que la comparaison, toujours si nécessaire quand il s’agit de
préciser les faits, n ’existe pas. On ne possède l’anatomie entière ni d’un Saurien, ni d’un Ophidien.
Ce sont cependant les monographies qui, poursuivies d’après un plan déterminé e t rapprochées
ensuite de manière à rendre les comparaisons faciles, semblent être les travaux les plus capables de
produire des résultats considérables pour la zoologie, pour l’anatomie comparée, pour la physiologie
comparée. Toute observation qui amène la connaissance d’un fait jusque-là ignoré a certainement
son importance, personne ne voudra le contester; mais les observations détachées ne conduisent pas à
la constatation des coïncidences dans les modifications des différents appareils organiques; elles ne permettent
guère, en général, de s’élever à des généralisations. Les études monographiques, au contraire,
présentées successivement de façon que tous les détails soient comparables, réunissent tous les
avantages pour la science.
(■I) Le résum é le p lu s ré c e n t d e s connaissances a cq u ise s to u ch an t les o rganes d e la génération d e s Rep tiles se tro u v e d a n s
S tan n iu s , Handbuch der Zootomie, zw e ite auQage. — Amp h ib ien , s . 253 (4856).
O r d r e d e s CHÉLONIENS (C H E L O N I I ).
Ce sont les Reptiles caractérisés : par leur double bouclier, la carapace et le plastron, formant une
sorte de boîtè dans laquelle le corps est enfermé, et qui n e laisse passer au dehors que la tête, le cou,
la queue et les quatre membres; par leur corps ordinairement,couvert d’un épiderme squammeux,
et par leur bouclier de plaques écailleuses contiguës ou imbriquées; par leurs mâchoires privées de
dents, et revêtues d’une enveloppe cornée comme celle des oiseaux, ou d’une membrane molle chez
certaines espèces; par leur langue courte hérissée de filets charnus; par leurs vertèbres dorsales
immobiles, les vertèbres dit cou et de la queue étant seules douées de mobilité.
A ces caractères extérieurs, on ajoute que chez les Chéloniens l’omoplate e t tous les muscles du
cou et du b ras , au lieu d’être attachés au-dessus des côtes et des vertèbres, sont fixés en dessous
ainsi que le bassin et tous les muscles de la cuisse; que les os de l’épaule, attachés inférieurement au
plastron sternal, constituent ainsi une sorte d’anneau; que l’os tympanique qui donne insertion à la
mâchoire inférieure est immobile; que le ventricule du coeur n ’est partagé que p a r une cloison fort
incomplète, et que les poumons sont très-étendus.
Les Chéloniens ou les Tortues, ainsi qu’on les désigne habituellement dans le langage vulgaire,
constituent l ’un des groupés les mieux caractérisés et les mieux circonscrits du règne animal. La
carapace formée par les côtes et par l’ossification du tégument donne à ces animaux un aspect
étrange qui les fait reconnaître de tout le monde au premier coup d’oeil. Aussi ont-ils été parfaitement
distingués dans tous les temps, et soit que l’on ait considéré toutes leurs espèces comme
appartenant à un seul genre ou à une seule famille, soit qu’on les ait regardées comme formant un
ordre de la classe des Reptiles, il n ’a jamais pu se produire aucune divergence relativement aux
limites du groupe.
Linné e t tous les anciens auteurs n’admettaient qu’un seul genre pour l’ensemble des représentants
de l’ordre des Chéloniens, mais ces animaux devenus assez nombreux dans les collections et mieux
étudiés qu’ils ne l’avaient été d’abord, on reconnut parmi les espèces des caractères d’une certaine
importance, très-propres à les faire répartir dans une suite de genres e t même dans plusieurs
familles. Quelques-uns des caractères les plus remarquables qu’offrent ces différents Reptiles
coïncidant avec des habitudes et des conditions biologiques particulières, leur distinction en familles
s’est trouvée admise par tous les naturalistes m odernes; on a généralement accepté la séparation des
Tortues terrestres, des Tortues paludines, des Tortues fluviátiles et des Tortues marines.
Les Chéloniens habitent les régions chaudes ou tempérées des deux hémisphères. Relativement à
cette vaste répartition géographique, le nombre des espèces vivantes actuellement connues n ’est pas
fort considérable. Duméril et Bibron n’en décrivent que cent vingt (1). Depuis on a fait connaître
quelques nouvelles espèces, M. Gray notamment en a signalé plusieurs (2); mais l’augmentation ne
( I l Erpétologie générale ou Histoire naturelle des Reptiles, t. I I (4 835).
(2) Catalogue of schield Reptiles in the collection o f the British Muséum. — P a r t. I T es tu d in ala (4855).