utricujaires du foie (1). Ce sont des tubes grêles fortement ondulés, qu’on distingue aisément des
conduits biliaires par leur aspect mamelonné.
Lorsqu’on vient à comparer l’appareil digestif du Phryne à celui des deux autres types de l’ordre
des Pédipalpes, on reconnaît plusieurs différences notables. Chez le Scorpion et le Thélyphone,
l’oesophage, plus ou moins élargi en arrière en forme de ja b o t, s& trouve maintenu par des ligaments,
tandis que chez le Phryne il se renfle à peine en s’unissant à l’estomac, e t doit de conserver
sa rigidité à la présence d’une lame coriace qui consolide sa paroi. L’estomac du Thélyphone,
comparé à celui du Scorpion, en diffère considérablement, ainsi qu’on l’a v u , par son ampleur et
par l’existence de ses prolongements latéraux; l’estomac du Phryne, construit d ’une m anière générale
comme dans le Thélyphone, a une capacité plus vaste e t des diverticulum plus développés, et en
même temps des glandes beaucoup moins volumineuses e t d’une structure plus simple. L’intestin
du Phryne offre peu de particularités qui méritent d’être mentionnées; nous avons fait remarquer
précédemment combien est faible l’importance de certaines dilatations e t de certains étranglements.
Déglutition. — Digestion. — Il ne nous a pas été donné d’observer les habitudes des Phrynes ni de
faire aucune expérience propre à éclairer la physiologie de ces Arachnides; mais il est beaucoup de
circonstances où l’étude comparative des conformations organiques et la considération de quelques
détails peuvent suffire à montrer quel est le rôle de certains organes dans les phénomènes de la vie.
Nous en aurons ici un exemple. En examinant l’appareil digestif du Phryne, on voit dans l’oesophage
un tube incapable de donner passage à une nourriture composée de fragments tant soit peu volumineux,
ce qui n’est pas le cas pour le Scorpion; dans la présence des ailes musculaires qui maintiennent
sa portion pharyngienne, on reconnaît les instruments d’une action propre à faire cheminer
des matières fluides; en considérant ensuite les parois de l’estomac, très-minces, très-délicates, si
on les compare à celles de l’estomac du Scorpion, e t rapprochant de ces faits positifs ce détail
d’observation : que l’estomac, dans tous les individus soumis aux recherches, ne s’est jamais
trouvé contenir aucun fragment, on demeure convaincu que les Phrynes hument seulement les
parties fluides des insectes dont ils se nourrissent, e t n’avalent presque aucune portion de leurs
parties solidëç.
Les Scorpions au contraire, on le sait (2 ), mangent parfaitement toutes les parties du corps d’un
insecte qui n’ont pas une très-grande dureté; aussi leur oesophage est-il plus extensible, e t même
dilaté postérieurement en manière de jabot. D’un autre cô té, leur estomac a des parois assez
résistantes pour supporter le poids d’aliments d’une certaine consistance, et il n’a pas ces expansions,
ces diverticulum, qui apparaissent chez le Thélyphone, qui existent chez le Phryne avéc
un plus grand développement, et qui se montrent dans d’autres Arachnides avec des proportions
énormes.
Quel est donc le rôle de ces appendices de l’estomac? Pourquoi leur présence dans un type,
leur absence dans un autre ty p e , lorsque entre les deux il y a la plus grande ressemblance dans la
H l P l. H fig. | d .
(2) Voyez pages 65-66.
plupart des parties de l ’organisme et dans les habitudes carnassières? Ces questions se préseptent
naturellement à l’esprit, mais aussi leur solution semble être trouvée, quand on a étudié et comparé
sous tous les rapports ; dans la classe des A rachnides, les divers représentants de l’ordre des Pédipalpes.
Nous avons ici encore un excellent exemple pour montrer que l’examen des conditions biologiques
e t la considération des particularités organiques, poursuivis simultanément, conduisent
nécessairement à l’appréciation juste de fonctions physiologiques qui ne sauraient être reconnues à
l’aide d’aucune expérience de laboratoire.
Ainsi étant constaté : que le Scorpion, pourvu d ’un oesophage susceptible de se dilater notablement,
d’un estomac de faible capacité, sans prolongements latéraux, et de glandes destinées à sécréter le
suc gastrique d’un volume énorme, mange des aliments solides; que le Thélyphone, pourvu d’un
oesophage plus étroit, d’un estomac plus large dont la capacité est singulièrement augmentée par des
appendices ou diverticulum et des glandes moins volumineuses, hume surtout des matières fluides, et
ne mange que des parties assez molles et très-divisées; que le Phryne, pourvu d’un oesophage très-
grêle, fort peu susceptible d’expansion, d’un estomac d’une ampleur plus considérable encore, avec
de très-grands prolongements latéraux e t des glandes comparativement fort réduites, ne prend guère
pour aliments que des matières fluides; on n e peut plus hésiter à voir dâns la présence des diverticulum
de l’estomac une conformation organique rendue nécessaire par la nature du régime.
Lorsque des aliments solides sont introduits dans l’estomac, ils doivent y séjourner e t y subir, avec
plus ou moins de lenteur, l’action du suc propre à les rendre assimilables : c’est le cas pour le
Scorpion comme pour le p lu s^ ran d nombre des animaux; mais que l’alimentation consiste exclusivement
en une matière fluide, cette matière sera sans doute peu retenue dans l’estomac, s’il n ’existe
une disposition particulière capable de ne pas la laisser s’écouler trop rapidement par l’intestin, et
passer de la sorte sans emploi suffisant pour la nutrition. Les appendices de l’estomac, chez le
Thélyphone, plus encore chez le Phryne, ont donc évidemment pour objet de retenir les matières
bientôt digérées, de les faire circuler dans des-cavités dont les parois sont partout en contact avec le
sang veineux, et de permettre ainsi, dans un espace de temps très-court, le passage des parties assimilables
dans le liquide nourricier. Le volume variable des glandes destinées à la sécrétion du suc
gastrique donne encore l’explication de ces différences dans les fonctions digestives; elles acquièrent
des dimensions considérables là où des aliments solides ont besoin d’être réduits en pulpe, elles
s’amoindrissent là où la réduction est en grande, partie opérée dès l’introduction dans l’estomac.
Un auteur anglais, M. Tulk, a déjà fait observer que l’existence de prolongements ou diverticulum
intestinaux se voit particulièrement chez les animaux qui se nourrissent de fluides contenus dans le
corps d autres animaux (1), mais la remarque est toute générale. D’ailleurs le rôle physiologique de
ces appendices ne pouvait guère être déterminé sans l’étude anatomique des types voisins, qu i, également
carnassiers, ne prennent pas lés mêmes parties des animaux dont ils se nourrissent. Les faits
constatés à l’égard des divers représentants de l’ordre des Pédipalpes nous semblent avoir mis ce
point entièrement hors de doute.
ORGANES DE LA R E S P IR A T IO N .
Les organes respiratoires sont localisés chez le Phryne au même degré que chez le Thélyphone. Les
poumons, au nombre de deux paires, sont logés également dans les deux premiers zoonites de
| | 0 n the Anatomy o f Phalangium opilio.— Annals and Magazine o f natural History, v o l. X II, p . 248 (1843).
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