S i, toutes les^ is;cpi’il s’agit de questions zôologiques.,on ne cherchait tout d ’abord ce qui en a été
dit par Cuvier, npus n’aurions pas à le citer ici. Le célèbre naturaliste, qui a fait faire un si grand pas
à la connaissance/de l’organisation de la plupart des types de Mollusques, ne porta jamais que bien
peu son attention sur la structure des Acéphales. Ce qu’il énonce dans ses Leçons d’anatomie comparée
est surtout tiré des observations de Poli. Il croyait que le système nerveux de ces animaux se réduisait
à deux paires de ganglions d ’où naissaient tous les nerfs, et qu’il n’y avait , sous ce rapport, aucune
différence essentielle entre tous les représentants de la classe des Acéphales (*•). ^
Il s’étend^ trés-peu également sur les autres appareils organiques; mais il donne cependant quelques
indications à l’égard de la marche du sang dans les branchies, en ajoutant qu’il s’est assuré des faits
par des injections au mercure pratiquées sur l’huître commune (2).
Quelques années plus ta rd , la connaissance du système nerveux de ces Mollusques fut poussée
beaucoup plus loin. Un naturaliste italien, longtemps resté ignoré., Mangili , donna, dans un mémoire
sur trois espèces habitant les eaux douces de l’Europe, la description exacte et la figure de toutes les
parties les plus importantes du système nerveux d’un Mollusque acéphale (3). Le premier, il constata
chez ces animaux la présence de trois paires de centres médullaires, et il précisa également leur
disposition.
Il s écoula ensuite beaucoup de temps sans que la science s’enrichît de nouveaux faits.
En 1 819, Bojanus s attacha à l’étûde de deux corps glandulaires qui existent ordinairement vers la
région.dorsale et en_arrière du coeur (4). L’habile anatomiste qui a décrit et figuré ces organes, désignés
depuis sous lè nom de Corps de Bojanus, les considéra comme des poumons; mais depuis, la plupart
des naturalistes ont cru reconnaître dans ces glandes l’analogue des reins.
Un peirplus tard, les mêmes parties ont été, de la part de Treviranus, l’objet de quelques recherches,
ainsi que les organes de la génération chez les Moules et Anodontes (5)
En ,1 8 2 5 , de Blainville a présenté un aperçu général de l’organisation des Acéphales dans son
Manuel de Malacologie, et il a décrit en outre, d’une manière exacte, le système nerveux de la Môule
• commune. Or., c’est là un fait qui mérite d’être signalé, puisque c’était sur ce point la première observation
qui se produisait dans la sciencé après celle de Mangili, à peu près complètement demeurée
dans l’oubli, même bien au delà de cette époque^
Dans le même temps, M. Serres, prenant pour type la Mulete des peintres, a indiqué l’analogie
qui existe entre le système nerveux des Acéphales et celui des antres Mollusques (6). -
L’attention des zoologistes venait de’se trouver appelée sur une question nouvelle : M. Delle-Chiaje
signalait chez les Mollusques gastéropodes un système de vaisseaux destinés à puiser de l’eau du
dehors et à la porter dans une grande partie? du corps; M. Baer pensa avoir découvert un système.
semblable chez les- Acéphales (7).
Plus tard, le même auteur s’est attaché à l’élude de la structure des branchies des Moules, et
MM.- Meckel et Philippi ont’étendu les mêmes observations à quelques autres espèces.
p :) Leçons d'anatomie comparée, recueillies par M. Duméril, t. IL,’ p. 309 (1799).
(2) Leçons, d'anatomie comparée, recueillies par M. Duvemoy, t. IV, p. 406 (1805).
(Z) Nuove Ricerche sootomiche sopra alcune specie di Conchiglie bivalvi. Milano (1804).
’{ijlsis, 1819, p. 40, pi. 1, fig. 1.
e e -VO m d ir Zeugmallluile nml dic l’o c tp f lm n g d a Hollwkm. - Z ,ilic i,ì,fi fiir Hy,teloni,', 1. 1 ( I s t i ) .
(6) Anatomie comparée du cerveau, t. II, p. 22-23 (1826).
(7) Froriep’s Nolizen, t. XIII, n° 265, p. 5 (1-826)..
Mais nous, voici arrivés à une époque où les travaux sûr les Mollusques acéphales se multiplient
considérablement. M. Delle-Chiaje donne des détails nombreux sur l’organisation intérieure de
ces animaux (Î). Toutefois ce qu’on remarque de plus frappant dans le résultat des recherches de "ce
savant, c’est la description et la représentation du prétendu système de canaux aquifères déjà mentionné
par M. Baer.
M. A. Mtiller s’attache à faire connaître l’organe destiné à la sécrétion de la substance qui constitue
le byssus, propre à quelques Acéphales (2). Un naturaliste anglais, M. Garner, porte ses investigations'sur
le système nerveux de divers types, choisis à peu près parmi les plus différents dans cette
classé d’animaux; et c’est alors qu’on peut considérer l’appareil de la sensibilité comme bien connu,
dans sa disposition caractéristique, chez les Acéphales'. C’est de ce moment qu’on peut regarder la
présence et les rapports des centres médullaires déjà reconnus précédemment comme fondamentaux
chez tous ces Mollusques (3).
Le même auteur entreprend ensuite de tracer d’une manière générale l’organisation du type zoologique
qui nous occupe ici (4). Il présente quelques détails’sur les divers systèmes d’organes, et particulièrement
sur l’appareil circulatoire des Peignes (Pecten maximus) ; mais tout ceci n’est pas exempt
d’erreurs, comme on le verra plus loin.
Vers le même temps, M. Siebold fait connaître le résultat de ses investigations sur les organes génitaux
de divers Acéphales et constate la séparation des sexes chez beaucoup d ’entre eu x , contrairement
à l’opinion la plus répandue (5). Bientôt après, il signale chez quelques-uns de ces Mollusques l’éxis-
tence d’un corps particulier, situé dans le voisinage des ganglions abdominaux, et un peu plus tard
il le détermine comme un organe d’audition (6).
En 1840, MM. Grube et Krohn étudient la structure des organes oculaires que l’on remarque chez
certains Acéphales, ainsi que les nerfs qui se distribuent à ces organes ; et quelques années après, de
nouvelles recherches sur ce sujet sont publiées par M. Will (7).
En 1841, M. Milne-Edwards, après un examen des organes génitaux des Peignes, en conclut que
les sexes sont réunis chez ces Acéphales, et M. Krohn publie une observation de la même nature à
l’égard d’un autre type, le genre Clavagelle (8).
Dans cette même période, la structure des coquilles se trouve aussi l’objet des études de plusieurs
savants, et MM. Shuttleworlh (9) et Carpenter (10) en font l’objet de travaux considérables.
En 1844, M. Duvemoy publie le résumé d’un travail sur le système nerveux des Acéphales, où il
signale divers détails d’une manière plus précise qu’on ne l’avait fait avant lui (11|,
A la même époque, de nouveaux faits se produisent dans la science; l’auteur de ce livre, ayant
poursuivi des recherches multipliées sur un grand nombre d’Acéphales des côtes de la Méditerranée et
(1) Descrizions'e Notomia degli Animait invertebrati.
(2) De Bysso Acephalorum Dissert. Berolini (1836), et Wiegmann’s Archiv., 1837, p. 1, pl. 1. et 2.
(3) On the Nervous System of Afolluscous animais. — Trans. ofthe Linnean Society, t. XVII, p. 485 (1837).
(4) On the Anatomy ofthe Lamellibranchiate Conchifera. — Trans. of the Zoological Society, t. II, p. 87 (1841'.
(5) Müller’s Archiv, t. IV, p. 381 (1837).
(6) Archiv für Naturgesch., 1841'; p. 148; et Ann. des scicnc. nat., 2° série, t. XIX, p. 193, pl. 2 (18,4311
(7) Froriep’s Neue Notisen, t. XXIX, n°» 622 è t 623, p. 81 e t 99. (1844).
(8) Froriep’s Neue Notizen, t. XVII, n° 356, p. 52 (1841).
(9) Ueber den Bau der Schale. — Miltheil. der Naturforsch. Gesellschaft. in Bem, p. 53 (1843),
(10) Ann. o/ nat. hist., t. X II, p. 377, pl. 13 et 14 (1843); et Reports of the British Association, p. 1 (1845).
(11) Comptes rendus de l’Académie des sciences, t. XIX, p. I l 32,, et t: X X , p. 482 (1846).