Notre illustre physiologiste M. Magendie a décrit le premier les organes glanduleux qu'on observe
chez les Reptiles, vers la base de la trachée (1). Les anatomistes ont généralement négligé de parler.de
ces organes, dont l’usage est resté inconnu jusqu’à présent.
De Blainville a présenté quelques remarques générales sur les principaux organes de la circulation
dans les Reptiles (2). .
De 1819 à 1821, le plus habile anatomiste peut-être qu’ait eu l’Allemagne, Bojanus, qui le premier a
introduit dans la science des faits précis et exacts concernant l’organisation de quelques'vers intestinau
x , a donné une monographie anatomique d’un type'de Chélonieïts (la Ci'stude d’Eurôpe)'(3). " '
C’est une oeuvre qui jusqu’à présent a toujours été citée avec raison comme la plus belle que la
science possède sur l’ensemble de,l’organisation d’un animal vertébré. On ne peut encore, en effet, en
excèpter que les études de l’homme. Dans cet ouvrage, chaque système d’ôrganes est représenté avec
un soin, une exactitude, une netteté qui laissent bien peu à désirer. Tout y'est étudié jusque dans les
détails. Le travail consiste simplement dans la représentation des parties avec des explications de
planches fort détaillées^
On a souvent exprimé le regret que l’auteur n’ait pas fait une description éteüdue et ne se soit pas
livré à des comparaisons. Pourtant, si l’on examine sérieusement l’état de la science à l’époque où
Bojanus produisait son c h e f-d ’oeuvre, on hésite beaucoup à lui adresser un reproche de cette nature.
Pour qu’une description, pour que des aperçus comparatifs eussent augmenté l’importance du travail,
où les faits sont déjà rendus si palpables, il aurait fallu posséder une connaissance approfondie dé
l’organisation d’autres types de Vertébrés, même d’autres types de Reptiles, ce que l’on n’avait pas
alors, ce qu’on est loin d’avoir encore au moment où nous écrivôns, plus de trente ans après la publication
de l’Anatomie de la Tortue d’Europe.
Avec un tel modèle, il devenait plus facile d’exécuter d’autres monographies anatomiques de Rep-:
tiles qui eussent bientôt agrandi considérablement les connaissances touchant les modifications organiques
dans ce grand groupe zoologique. Nul cependant ne paraît y avoir songé, Ce qui suffirait peut-
être à prouver que les travaux de ce genre sont moins simples que ne le supposent en général les
naturalistes, qui préfèrent publier des mémoires sur une foule dé petits sujets plus ou moins décousus.
Dans ses recherches sur la structure et les fonctions du cerveau, des nerfs et des organes des sens,
G.-R. Treviranus à présenté, en 1820, quelques remarques sur le cerveau des Reptiles comparé à
celui des Oiseaux (4).
On a encore du même temps des recherches de M. Jules Cloquet sur lès voies lacrymales des Serpents
(5), et quelques observations sur les organes de la vision chez lés mêmes animaux par de Blainville
(6).
(1) Mémoire su r plusieurs organes particuliers qui existent chez les Oiseaux e t les Reptiles..— Bulletin- de la Société 'philoma-
thique, p. 445 (4849).
(2) S u r la dégradation du coeur e t des gros vaisseaux.dans les Ostéozoaires ou animaux vertébrés. — Bulletin de la Société phi—
looeathique, p. 448-454 (4849). '
(3) Anatome Testudinis Europeoe. — Vilna, 4849-4824.
(4) üntersuchungen über den Bau und die Functionen des Gehirris, der Nerven u n i der Sinneswerkzeuge in den verschiedènen
Classen und Familien des Thierreichs, von Gdltfried Reinbold Treviranus. — Vermischle Scbriften anatomischen und phvsiolo-
gischen In ha lls, von G. R. Treviranus und L. C. Treviranus, Bd III, Capit. m , S , 38 (4820).
(5) Mémoire su r l’existence e t la disposition des voies lacrymales chez les Serpents (4824).
(6) Principes d'Anatomie c om p a r é e 1. 1 , p i 448 (4822).
Pendant cette période scientifique, on découvre, principalement en Angleterre, un grand nombre
d’ossements de1 Reptiles appartenant s des types qui ne sont plus représentés dans les faunes actuelles,
et ces découvertes donnent lieu à une sérié de travaux e t d e mémoires.
Home (1 ) publie une belle étude sur un type remarquable, qu’il désigne sous le nom deProteosaurus, •
dénomination bientôt changée en'celle d’Ichthyosaurus, qui a prévalu d ’.une manière tout à fait
générale.
En Allemagne aussi, l’attention des naturalistes commence à se porter sur les débris fossiles (les
Reptiles, q u i’depuis ont si souvent occupé les zoologistes et les géologues; Samuel Sömmerring
décrit une espace de Crocodile (2) et ensuite son Lacerta gigqntea (3). ■
Oken donne de nouvelles observations sur les Ptérodactyles (4).
Puis Delabèche et Conybeare, en 1821, inscrivent au nombre des plus remarquables Reptiles éteints
le Plesiosaurus (5), dont ils donnèrent une description détaillée. Dans le même travail, ces naturalistes,
ajoutent plusieurs détails importants à tout ce que Éverard Home avait fait connaître d e l’Ichthyosaure.
Leurs observations sur ces débris fossile?, bientôt devenues plus nombreuses, furent consignées dans
un second mémoire (6).
Le docteur Buckland fait connaître en partie les os d’un gigantesque Reptile. (7)- (le Megalosaurus),
rangé aujourd’hui par M. Owen dans son ordre des Dinosauriens. Un autre type, classé maintenant,
dans le même ordre que le Mégalôsaure, est également inscrit au nombre des Reptiles éteints, sous le
nom d'Iguanodon, par le docteur Gédéon Mantell (8).
D’un autre côté, une dissertation sur un Ichthÿosaure trouvé dans le Wurtemberg est publiée en
Allemagne p ar Frédérick Jaeger (9).
En 1824, la science erp'étologique fait un pas immense. Ce progrès, si grand d’un seul coup, est
dû à Cuvier (10).11 ne s’agit ici que de l’ostéologie; mais à ce moment cette partie si importante change
de face, Dans cinq chapitres, c’est-à-dire dans cinq mémoirès particuliers, les Crocodiles, les Chélo-'
niens, les principaux types de Sauriens, les Ptérodactyles, les Plésiosaures et Ichthyosaures sont étudiés
.et comparés les uns.aux autres. Le mémoire sur les Crocodiles principalement est un véritable modèle
de travail zoologique. Tout.y est exposé avec une parfaite clarté, avec une précision merveilleuse.
(4) Transactions of the ro ya l Society o f London, 4814, part. 2 , .p , 574, e t 4 8 4 9 , part. 4 , p. 207. — Travail reproduit in Lectures
on comparative Anatomy, t. III, p. 48, et t. IV, pl. lx ii - l x x i (4823).
. • . (2) Ueber den Crocodilus priscus oder den G avial der Vorwelt. — Denkschriften der königlichen Akademie der Wissenschaften,
S . 24 (4846).. '
(3) Ueber d ie Lacerta gigantea der Vorwelt. — Denkschriften der königlichen Akademie der Wissenschaften (4 816).
(4) I s is , I , p. 4788 (4849)'. •
' (5) Notice on the discovery o f a n ew fossil an im a l, forming a link between the Ichthyosaurus and Crocodile. —• Transactions of
the geological Society, vol. V, part. 2 , p. 559 (4 824 ).
(6);.Ad dition al notices on the fo ssil genera Ichthyosaurus and Plesiosaurus. — Trans, of the geological Society, 2® series, vol. I,
p. 403 (4822), et 1 .1, part. I I , p. 384 (4 824).
(7) Notice on the Megalosaurus. — Transactions o f the geological Society, 2® se r ie s, vol. I , p . 374 (4824).
(8) Notice on the Iguanodon. — Philosophical Transactions of the royal Society, 4825, part. 4 , p. 479.
(9) De Ichthyosauri sipe Proteosauri fossilis speciminibus, in agro Bollensi.Wurtembergii repertis. — Stuttgard (4824).
(4 0) Recherches sur les ossements fossiles.