182 L’ORGANISATION DU RÈGNE ANIMAL.
avec des différences de formes très-prononcées ; que, sous ces divers rapports, les Phrynes s’éloignent
considérablement des deux autres types ; que lés antennes-pinces et les pattes-mâchoires du Scorpion
et du Thélyphone se ressemblent jusqu’à un certain point p ar la manière dont elles se terminent, et dif-
fèrent beaucoup à cet égard de ces mêmes appendices Chez le Phryne ; que la partie inférieure du tho-
rax diffère à un degré à "peu près équivalent entre le Phryne, le Thélyphone et le Scorpion ; que le Scorpion
se distingue par la présence d ’appendices pectiniformes dont le Phryne et le Thélyphone sont également
dépourvus ; que les premières pattes ambulatoires, détournées de leur usage habituel chez lé
Phryne et le Thélyphone, ont la même conformation générale, tandis que chez le Scorpion ces appendices
ont la même forme et remplissent le même rôle que les autres pattes; que les pattes ambulatoires,
avec des caractères particuliers dans chacun des trois types, ont des traits de ressemblance plus marqués
entre le Phryne et le Thélyphone qu’entre le Scorpion et l’un ou l’autre de ces derniers.
SYSTÈME MUSCULAIRE.
Les muscles du Phryne sont, comme dans les autres Arachnides de l’ordre des Pédipalpes, des faisceaux
de fibres aplaties et striées, d’ordinaire revêtus d’une gaine fibreuse extrêmement délicate.
Muscles des chélicères ou antennes-pinces. — Les chélicères du Phryne , conformés d’une manière
assez différente de ceux du Scorpion e t du Thélyphone, exécutent des mouvements d’une nature particulière.
Il y a ici, de même que dans nos types précédents, un muscle rétracteu r.et un extenseur,
mais il y a , en outre, un muscle élévateur et un fléchisseur.
Le muscle élévateur, fixé à la face supérieure de la portion basilaire du chélicère et attaché d’autre
p art au bord antérieur du bouclier céphalothoracique, consiste en une rangée transversale de faisceaux
q u i, par leur contraction, élèvent l’appendice (1 ) , ce qui a lieu au moment où l ’animal approche
une proie de sa bouche.
Le rétracteur s’insère au bord externe de l’antenne-pince et prend en arrière son point d ’attache
vers la région moyenne du bouclier céphalothoracique. Ce m uscle, large e t aplati (2), a pour usage de
ramener l’appendice sous le bouclier, en même temps q u e , par suite de la direction oblique de ses
fibres, il l’oblige à s’écarter de celui du côté opposé.
L’extenseur est étendu depuis le bord supérieur du chélicère jusque vers le milieu du thorax (3). Il
ne diffère guère de son homologue dans le Scorpion que par un moindre volume.
Le fléchisseur prend naissance au bord inférieur et un peu vers le côté externe de l’appendice, et a
son point fixe contigu à celui du muscle extenseur, de telle sorte que les d eux muscles sembleraient
se confondre en arrière , si l’on n ’avait soin, pour les observer, de les isoler par leur partie latérale.
On conçoit aisément, d’après les insertions du fléchisseur, comment l’action de ce muscle amène le
chélicère à s’abaisser au-devant de la bouche.
Les muscles du crochet, logés en entier dans le corps de l’antenne-pince, consistent, comme dans
les types précédents, en un fléchisseur et un extenseur. Le premier, qui occupe la portion inférieure de
l’appendice, s’insère aussi au bord inférieur de la pièce qu’il est destiné à mouvoir ; le second naît de
P P l. 40 b is , fig. 44 a .
(2) Pl. 4 0 b is , fig. 44 I
(3) P l. 40 b is , fig. 44 c.
l’apodème du bord supérieur du crochet e t s’attache à la paroi dorsale du chélicère recouvrant ainsi
entièrement le muscle fléchisseur.
Muscles buccauoo. — Les muscles buccaux ont chez le Phryne un développement plus considérable
que dans le Scorpion ou le Thélyphone ; par leur volume, comme par leur disposition, ils ressemblent
beaucoup à ceux des Aranéides. Ces muscles s’insèrent à la fois au bord de l’appendice buccal et au
côté interne des coxopodites des pattes-mâchoires, e t, dirigés obliquement, ils s’étendent au-devant
du cerveau e t s’attachent un peu en arrière sur la ligne médiane du bouclier céphalothoracique. Ils
o nt pour usage d ’élever,,1’appendice buccal, e t d ’entraîner dans le même mouvement la portion basilaire
des pattes-mâchoires, conformée, ainsi qu’on l’a vu précédemment, pour remplir l’office d’une
paire de mâchoires.
Muscles des pattes-mâchoires et des pattes ambulatoires. —- Les pattes-mâchoires, qui n ’ont ni les proportions
de celles des types précédents, ni la faculté d’exécuter des mouvements aussi variés que celles
des Scorpions , ont naturellement des muscles plus simples et moins puissants.
Les rétracteurs sont plus courts encore que chez les Thélyphones, mais comme eux formés de
plusieurs faisceaux qui s’attachent plus ou moins en arrière au bouclier céphalothoracique (1). Le muscle
antagoniste, l’extenseur, inséré, comme dans les autres Pédipalpes, au bord inférieur du trochanter,
remplit la cavité du coxopodite fixé contre ses parois, qui s?élèvent en manière de cloisons dans l’intérieur
de la cage thoracique.
Un muscle élévateur s’étend de l’origine du trochanter au bord latéral du bouclier céphalothoracique
(2); celui-ci est assez faible.
Dans chacun des articles des pattes-mâchoires, on trouve deux muscles : un extenseur, inséré à
l’angle externe de la pièce sur laquelle il doit agir, e t un fléchisseur, fixé à l’angle interne ; les deux
mouvements d’extension e t de flexion étant les seuls qu’exécutent, par rapport les unes aux autres, les
différentes pièces qui constituent les pattes-mâchoires du Phryne. Le crochet du tarse, qui simplement
se replie ou se redresse, n’est mis en jeu également que par deux muscles antagonistes.
Les muscles qui déterminent les mouvements généraux des pattes ambulatoires ont un développement
plus considérable que chez le Thélyphone, et ressemblent beaucoup à ceux que nous verrons
bientôt dans les Aranéides. Des rétracteurs, attachés d’une p art sur les lames apodémiques des hanches
ou coxopodites, jusqu’à l’origine du trochanter, e t, d’autre p a rt, au bouclier céphalothoracique, ont
pour usage de ramener les pattes contre le corps ; aussi leurs fibres, pour le plus grand nombre, sont-
elles dirigées de dehors en dedans (3). Les rétracteurs des pattes ambulatoires de la première paire
sont minces et fort longs (4), ce qui donne à ces appendices plus qu’aux autres la faculté d’exécuter
des mouvements étendus. En o u tre , il y a , de même que chez le Thélyphone, des élévateurs fixés à
l’origine dû trochanter e t aux côtés du céphalothorax, qui ont ici un volume assez considérable (5).
(1) Pl. 40 bis, fig. 44 d.
(8) Pl. 40 bis, fig. 44 e.
(3) pi! 40 bis, fig. 44 9,
(*) p i 40 bis, fig. 44 f-
(») pi. 40 bis, fig. 44 h,