les Pangolins (Manis) et les T âtons (Dasypus). Le troisième ordre, conservant le nom de Fm e , a su h i
certains changements dans la disposition des genres, a perdu les Chauves-Souris e t ' “ Tatous et s est
augmenté à juste titré des Musaraignes (Sorem), qui primitivement avaient été placées près desRats. Le
quatrième ordre est toujours celui des Glires (lè genre Sorex retranché). Le cinquième, les Peccra, est
resté dans les limites qui lui avaient été assignées en 1135. Le sixième est 1 ordre des S e llm e t non
plus des Jumenta; du reste, à l’exception du genre É léphant, qui en a été distrait, . est demeuré ce
qu’il était auparavant. Enfin, le septième ordre, lés Cele, renferme les genres Narwall (Munotoi), Baleine
(Baloena), Cachalot (Physeter) et Dauphin (Delphims). „
Tout en tenant compte de caractères pris de différentes parties d u corps, Linné donne la préférence
à ceux qu’il lire du système dentaire (1). 11 commence néanmoins p a r indiquer un premier groupement
d'après la considération de la forme des m embres. Ses quatrè premiers ordres appartiennent a la ca ter
n i e des Mammifères onguiculés (Dnguiculata), les deux-suivants, à celle des Mammifères ongulés
(Unyufaia) et le dernier ordre seul compose la division des Mammifères muliques (Miito ).
Dès que le mouvement scientifique imprimé p ar Linné se fut quelque peu étendu, 1 objet principal
de la science, aux yeux de beaucoup de zoologistes, consista dans les classifications; classifications en
général très-arbitraires à cette époque, puisqu'elles reposaient sur un nombre fort restreint do caractères
Choisis d’ordinaire parmi les plus faciles à apercevoir. D’un autre cèté, les naturalistes observateurs*
s’exprimaient avec assez de dédaiu sur cette tendance, qui se prononçait de plus en plus chaque
jour de dresser l’inventaire de la n ature d’une manière systématique. Le plus éminent de cesi naturalistes
voués à l’observation des particularités, des m oe u rs, des habitudes des êtres confirmait a .
l ^ m plus simple d’appeler chaque animal par u n nom vulgaire et plus cou orme a la raison de
traiter successivement de chaque espèce, d’après son degré d’importance pour 1 humanité. «Ne.vaut-
f 1 pas m ieux ranger, dit Buffon, non-seulement dans un traité d’histoire n aturelle, mais même dans
„ u n tableau ou partout ailleurs, les objets dans l’ordre et la position oit ils se trouvent h a b i t u è r e n t
„ que de les forcer à se trouver ensemble en vertu d 'une supposiUon ? Ne vaut-.I pas ■
» te Cheval, qui est Solipède, par le Chien, qui est Fissipède et qm acu tum * de le svmre en effet que
„ par u n Zèbre qui nous est p eu connu et qui n ’a peut-être d’autre rapport avec le Cheval que d ètre
” h S domaine de la raison, les meilleurs esprits ne sont pas toujours à l’abri des déra'llancos.
Buffon semble regarder comme tout simple d e tenir peu de compte de la conformation des êtres e tc ro
se montrer ingénieux en s’attachant à des faits aussi puérils que la coutume du Chien d esurne Chenal.
L’illustre intendant du Jardin du Roi, qui se refuse à comprendre l'utilité e t 1 avenir d une nomenc -
ture précise et d’une distribution des animaux d’après leurs caractères, peut-être uniquement parce
que la méthode en histoire naturelle a été la pensée d’un autre , prend de haut le système de Linné.
Il ne saisit pas certains rapprochements, il en signale de fâcheux et il condamne 1 id é e , sans paraître
songer que les erreurs disparaîtront et que l’idée grandira. Il conclut en disant : « Toi pourtan e
I sans y rien omettre à quoi se réduit ce système de la nature pour les animaux quadrupèdes ; ne
! serait-il pas plus simple, plus naturel et plus vrai de dire qu’un Ane est un Ane et un Chat un Chat,
: J e de vouloir, sa J sa v o ir pourquoi, qu’un Ane soit un Cheval et un Chat un Loup-Cervier P »
( i l OnraSES mirnmis a donlibtis dcsiimimtur, d il-il, Ion. c il., p . 2 1 .
(2 ) Premier B im u r , . - D e h manière M u d in r a de tra ite r lU u ta ir . m lm e lk . - T . t . p . 40 (17491.
Pourtant lorsque M. de Buffon aura traité des animaux connus de tout le monde, lui-même sera
conduit à grouper les espèces moins connues d’après leurs affinités n aturelles,,en formant des genres,
en ne réussissant pas à éviter d’employer des noms génériques dans le sens adopté par Linné. Il décrit
la Loutre; celle-ci n’a pas d’autre appellation, mais l’auteur de YHistoire naturelle des animaux doit
signaler d eux Quadrupèdes étrangers qui ont une grande ressemblance avec la Loutre de notre pays;
comment ne pas les appeler des Loutres? et cependant il faut bien les distinguer de l’espèce indigène ;
alors on les nomme la Loutre du Canada et la petite Loutre de la Guyane. Yoici la Taupe e,l ensuite la
Taupe du cap de Bonne-Espérance, la Taupe de Pensylvanie, la Taupe rouge d’Amérique, etc., etc.,
et pourtant il né fallait pas appeler u n Ane un Cheval.
Buffon évidemment avait senti la portée de la classification e t d e là nomenclature rigoureuse imaginées
par Linné; mais il répugnait à son esprit dominateur d’entrer dans une voie tracée p ar un contemporain
dont la renommée devenait considérable ; il voulut l’accabler, pensant ainsi se grandir. A
chaque époque, n’est-ce pas là toujours la triste erreur de ceux qui croient être les premiers sans en
être bien sûrs? La distinction de l’esprit est encore moins rare que la noblesse du caractère (1).
Après la publication de la sixième édition du Système de la Nature de Linné, un naturaliste de l’Allemagne,
J. Th. Klein, mettait au jour une classification des Quadrupèdes qui non-seulement ne se
distingue par aucune vue nouvelle, mais qui encore doit être considérée comme un pas rétrograde.
L’auteur, eh effet, s’attache exclusivement à la conformation des pieds. II divise les Mammifères ou
plutôt les Quadrupèdes en deux ordres : les Ongulés (Ungulata) et les Digités (Digitald). Les Ongulés
sont partagés en cinq familles; la première (Monocheloh) comprend le genre Cheval; la seconde
(Dichelon) , nos Ruminants, à l’exception des Chameaux, et les Cochons; la troisième (Trichelon) , les
Rhinocéros seuls ; la quatrième (Tetrachelon) , le genre Hippopotame; et la cinquième (Pentachelon) , le
genre Éléphant. Les Digités composent un même nombre de familles; l’une (Didactylon) a pour type
les Chameaux; une autre (Tridactyloh) réunit les Paresseux et les Fourmiliers; une troisième (Tetra-
dactylon), les Tatous et les Cavia (Cobaies, Agoutis, etc.) ; une quatrième (Pentadactylon) est un vaste
assemblage: on y voit figurer la plupart de nos Rongeurs, les Insectivores, les Chauyes-Souris ou,
Chiroptères et les Singes. Enfin, dans la cinquième famille (Anomalopes, Pentadactylon) , établie en vue
des Mammifères qui ont les pieds conformés pour la n atatio n , se trouvent associés les Loutres, les
Castors, les Morses (Rosmarus)i les Phoques et les Lamantins (Manaiî). (2).
Ajoutons que les Reptiles pourvus de m embres forment, pour l’auteur d e cette singulière disposition,
un troisième ordre de Quadrupèdes (Ovipara et Digitata depilata), et sera complet le tableau d’une classification
reposant sur un caractère unique, en général facile à constater. L’auteur, du reste, ne songeait
certainement pas à mettre en évidence des affinités naturelles ; son but plus modeste devait être
de donner une clef pour arriver promptement à la détermination des animaux ; sa nomenclature, en
partie tirée d’Aristote, mais qu’il étendit beaucoup, lui parut sans doute fort ingénieusement choisie.
, De son côté, un zoologiste français, plus tard l’un des m embres de l’Académie des sciences, Brisson,
émit une vue particulière, tout en produisant une oeuvre non moins systématique que la précédente.
Pour cet auteur, le Règne animal comprend neuf classes, e t les êtres que tout le monde aujourd’hui
(1) Pour les idées de Buffon, nous renvoyons à l’appréciation si parfaite que M. Flourens en a donnée dans la forme la plus
élégante. — Buffon. — Histoire de ses tra v a u x e t de ses idées.
(2) Jacobi Theodori Klein Quadrupedum Dispositio brevisque Histo rià na tura lis. — Lipsiæ (4751 ).