De nouvelles observations de détails touchant un genre ou une espèce de la classe des Reptiles
continuènt à se produire dans les recueils scientifiques de tous les pays.
M. Peters, de Berlin, dont nous avons déjà mentionné plusieurs travaux, découvre chez certains
Chéloniens d e petites glandes particulières dont on ne semble pas avoir eu connaissance avant lui. Ces
glandes, développées surtout dans les Chéloniens de la famille des Émydides, sont au nombre de
quatre, dëüx de chaque côté, s’ouvrant en avant et en arrière du plastron sternal (1). M. Peters les
regarde comme des glandes musquées.
' En Amérique, M. J .L e id y , disséquant un Serpent de grande espèce (Boa constriclor), observe le
long des nerfs intercostaux de petits corps durs ovalaires ou arrondis qui à l'oeil nu ont F apparence
des corpuscules de Pacini, de l’homme et dés Mammifères (2). M. Leidy a étudié ces corps avec
ce soin qu’il apporte dans tous ses travaux, sans pouvoir cependant déterminer avec exactitude leur
véritable nature. On ne les a point retrouvés chez d’autres Serpents.
: Dans le même pays, M. Eneéland publiait les résultats obtenus par la dissection d’un Caïman: ce
sont quelques observations sur l’appareil alimentaire, les reins, les organes génitaux de la femelle(3).
; Dans le même tem ps, des naturalistes s'occupent des conditions biologiques ou de quelques particularités
physiques de divers Reptiles.
M. Paul Gervais présente des remarques touchant les changements de couleurs. que subissent les
Caméléons (4). Adoptant les vues de M. Milne Edwards, il s’attache à distinguer du système de coloration
, la teinte plus ou moins foncée des couleurs, qui est plus variable. Il observe que sur un
Caméléon passant du blanchâtre au vert ou au brun l’on voit apparaître à la surface du derme au-
dessous de l’épiderme une multitude de petits points noirâtres, et q u e , suivant que ces points se
montrent en plus ou moins grande quantité, la couleur tire sur le v ert, le brun ou le noirâtre.
M. Gosse consigne des remarques sur le genre de vie, sur la nourriture, sur la sécrétion par les
pores des cuisses, Sur les oeufs d’un Saürien de la Jamaïque ( Ameiva dorsalis) f§|§ sur les mouvements '
de la langue d’une espèce appartenant au même ordre (Mabouya agilis) (6), sur les allures et les habitudes
d’un autre type de la même grande division erpétologique (Cyclura lophoma), etc. (7).
M. de Castelnau donne quelques détails relatifs aux conditions dans lesquelles vivent les Serpents
de l’Amérique du Sud (8).
(4) Ueber eigenlhümliche Moschdrüsen bei Schildkröten. — Miiller’s Archiv (4848), p. 492( lab. XVII.
(2) On some bodies in the Boa constriclor ressembling the Pacinian corpuscles,.— American Journal o f the medical sciences (Ja-
nuary (1 848).— Traduit en allemand. — Ueber einige K örper in der Boa constrictor, welche den pacinischen Körperchen gleichen.
— Miiller’s Archiv, s . 527. Taf. X X (4848).
(3) Dissection o f Crocoiilus lucius, by Samuel Kneeland. — The Boston journal o f natural h is to r y , vol. vi ( 4 848 ).'
(4) Remarques sur les variétés de couleurs qu’éprouvent les Caméléons. — Comptes rendus de l ’Académie des sciences, t. XXVII,
p. 234 (4848).
(5) Anna lsand Magazine o f na tura l h islo ry , 2e sériés, t. I l , p . 244 (4848).
(6) Ann. and Mag. o f n a t. hist., 2a sériés, t. III, p . 307 (4 849).
(7) Ann. and Mag. o f na t. h ist., 2* sériés, t . IV, p . 64 (4849).
(8) Considérations sur la distribution des Reptiles et en pa rticu lie r des Ophidiens dans l’Amérique du Sud. — Comptes rendus de
l'Académie des sciences, t. XXVI, p. 404 (4848).
Mais nous voilà arrivés à une époque qui voit paraître des travaux de nature à faire singulièrement
avancer la connaissance exacte de la constitution du squelette chez les Reptiles. Pour donner une idée
de l’importance de ces travaux, il suffit de dire le nom.de leur auteur: ils sont de M. Richard Owen.
Dans un ouvrage général sur l’ostéologie comparée dans toutes les classes de l’embranchement des
v e rté b ré s^ ), M. Owen s’est attaché à déterminer d ’une manière rigoureuse chaque os par rapport à ses
analogues dans la série entière. Constituant d ’après les faits connus un type idéal du squelette des animaux
vertébrés, il s’est appliqué à y rattacher toutes les modifications et à montrer partout la persistance
du plan fondamental.
A l’égard des Reptiles, c’est le Crocodile qui a été choisi comme type pour déterminer dans cette
classe d’animaux l’arrangement naturel des os du crâne. Mais il n ’est pas possible de donner une
analyse de tels travaux ; c’est dans notre partie descriptive que se trouveront naturellement rappelées à
chaque instant les idées dé l’illustre professeur du Collège royal des chirurgiens d’Angleterre.
Cuvier a présenté dans ses recherches une nomenclature pour les os du squelette qui a été très-
généralement adoptée; M. R . , Owen y apporte aujourd’hui de nombreuses modifications. Nous
n ’hésiterons pas à reconnaître que beaucoup de ces modifications apportées à la nomenclature de Cuvier
sont heureuses; cependant on ne peut s’empêcher encore de tenir considérablement à des dénominations
créées en même temps que la science elle-même, et employées dans un admirable ouvrage¡Éf
qui longtemps éncore sera le point de départ de toute recherche concernant l’ostéologie.
Dans’ un mémoire spécial, M. Owen a traité un sujet dont les naturalistes se sont singulièrement
occupés, la détermination des pièces osseuses qui constituent la carapace et le plastron sternal chez les
Tortues (3). L’auteur a rappelé et discuté les opinions de ses devanciers et a exposé avec les plus
grands détails la constitution fondamentale du squelette des Chéloniens en s’appuyant sur des faits
fournis par l’étude du développement. C’est encore un de ces travaux qui échappent à l’analyse. •
Bientôt après, M. Richard Owen a porté une attention spéciale aux communications existant chez les
Émydosauriens entre la cavité du tympan et le palais (4). Il a reconnu,, outre les trois perforations déjà
signalées qui se succèdent le long de la ligne médiane d e la base du crâne, des trous latéraux disposés
par paires et situés dans la même région de la tête. Pour déterminer l’usage d e ces ouvertures, un Crocodile
frais a été injecté afin de constater à quels vaisseaux elles donnent passage. De la connaissance
des faits anatomiques et des conditions dans lesquelles vivent d ’ordinaire les Crocodiles, l’auteur est
amené à penser que la fonction de ces canaux complexes qui conduisent l’air, est de transmettre les
vibrations sonores du nez à l’oreille.
Les particularités anatomiques qui viennent d’être indiquées sont propres aux Émydosauriens et
contribuent encore à différencier ces animaux des autres Reptiles; or les Crocodiles souvent plongés
(4) On the Archétype and homologies o f the vertebrate skeleton. London (4848). Une édition française de cet ouvrage a paru tout
récemment. — Principes d ’Ostéologie comparée ou Recherches sur l’archétype et les homologies du squelette vertébré. Paris (4855).
(2) Recherches sur les ossements fossiles.
(3) On the Development and homologies o f the carapace and plastron o f the Ghelonian Reptiles. — Philosophical Transactions
part, i , p. 451, pl. Xni (4849).
(4) On the communications b e lwetn the caoity o f the lympanum and the palate in the Çrocodilia (Gavials, Ali«ators and Crocodiles).
— Philosophical Transactions (4850), part. 2, p. 524, pl. x l, x u , x lh .