admises avant lui. Il partagea bien aussi sa première classe en trois ordres, mais le premier seul est
exactement celui des Chéloniens de Brongniart; le second, qu’il nomma l’ordre des Emydosauriens,
est fondé avec raison pour les Crocodiles, considérés jusque-là simplement comme une famille de Sauriens;
enfin, son troisième ordre est la réunion des autres Sauriens avec les Ophidiens, ordre qu’il
divisa ensuite, à l’exemple d ’Oppel, en deux sous-ordres correspondant aux deux groupes qu’il avait
réunis en un seul (1),
Comme le montre l’étude de l’organisation, aussi bien que l’étude du développement, cette classification
exprime infiniment mieux que les précédentes les degrés d’afiinité offerts par les divers types
rangés jusque-là dans la seule classe des Reptiles, et elle a surtout l’avantage d ’exposer la valeur des
groupes d’une manière plus conforme à la réalité; mais ce progrès ne devait être apprécié que
plus tard.
Cuvier, dans ses deux éditions du Règne animal, publiées l’une en 1817, l’autre en 1829, adopta
absolument la classification d’Alexandre Brongniart; ü repoussa même cette amélioration si réelle
introduite par Oppel qui consistait à séparer des Serpents les Orvets et les genres qui en sont voisins,
pour les placer parmi les Sauriens.
En 1820, un naturaliste allemand, Merrem, présentait un arrangement méthodique des Reptiles
très-analogue à celui de De Blainville (2); seulement il prit des noms différents. Or, comme ces dénominations
ne sauraient être adoptées, il n’est guère utile de les mentionner ici.
En 1825, Latreille aussi, en traitant de la classe des Reptiles, suit une marche très-analogue aussi à
celle tracée par de Blainville (3). Sous le nom de Hémacrymespulmonés, il comprend l’ensemble des animaux
désignés sous le nom de Reptiles, même jusqu’à notre époque, et partage ce groupe zoologique
en deux classes : les Reptiles et les Amphibies, c’est-à-dire les Batraciens. Les Reptiles proprement
dits sont placés ensuite dans deux sections : la première, les Cuirassés (Cataphracta) , divisée en deux
ordres, les Chéloniens et les Emydosauriens (Crocodiles); la seconde, les Écailleux (Squamosa), divisée
en Sauriens e t en Ophidiens.
Dans le même temps, les Reptiles proprement dits et les Amphibies ou Batraciens étaient considérés
également par J.-E. Gray (4) comme les types de deux classes distinctes, et les premiers comme fournissant
les types de cinq ordres : les Emydosauriens ou Crocodiles, les Sauriens, les Saurophidiens,
c’est-à-dire les Sauriens à écailles imbriquées, les Ophidiens et les Chéloniens.
En Autriche, à la même époque, Fitzinger (5) présentait encore une répartition méthodique des
Reptiles, très-analogue au fond à celle de De Blainville, mais avec les noms déjà répandus en Allemagne
et une valeur attachée aux dénominations des groupes différente aussi de* celle que nous leur
attribuons d’ordinaire. Ainsi, dans cette classification, les Reptiles sont partagés en deux classes: les
Monopnoa, c’est-à-dire les Reptiles proprement dits, et les Dipnoa, c'est-à-dire les Batraciens. Les premiers
sont répartis ensuite dans quatre tribus : les Testudinata (Chéloniens), les Loricata (Crocodiles) ,
les Squammata (Sauriens et Ophidiens) et les Nuda ou lés Cécilies.
Un naturaliste qu’on cite souvent quand il s’agit de l’histoire des Reptiles, Wagler (6), a publié en
(4 ) Prodrome d’une nouvelle distribution systématique du règne animal. — Bulletin de la Société philomatkique, 4 8 4 6 , p. 405; et
De l’organisation des an im au x , ou Principes d ’anatomie comparée, 1 .1 , tableau v (4822).
(2) Tentamen systematis Amphibiorum; Marburgi (4820).
(3) Familles naturelles du règne animal.
(4) Annals o f Philosophy. — New sé rié s, t. X , p. 493.
(5) Neue Classification der Reptilien, von L. J. Fitzinger (4826).
(6) Nalürliches System der Amphibien, von Dr John Wagler; Munich, 4830.
1830 une classification qui diffère un peu des précédentes. Se fondant principalement sur quelques
considérations d’ostéologie, il a réparti les Reptiles en huit ordres; mais les trois derniers correspondent
aux Batraciens. Lés cinq qui représentent les Reptiles proprement dits sont les Testudinides, les
Crocodiliens ( Crocodili) , les Lézards ( Lacertoe), les Serpents et les Angues (genres Chalcis, Amphis-
boena, etc. ). C’est donc par la création de ce dernier ordre, qui comprend des types rangés tantôt avec
les Sauriens, tantôt avec les Ophidiens, que l’arrangement présenté par Wagler appelle l’attention.
Peu après, M. Charles Bonaparte adopta les vues du zoologiste allemand (1). Dans sa Distribution
méthodique des animaux vertébrés, nos Reptiles se trouvent classés dans trois sections correspondant
exactement aux trois ordres de De Blainville : la première section, celle des Testudinata, comprend un
seul ordre, celui des Chéloniens; la seconde, les Loricata, deux ordres : l’u n , celui des Enaliosauriens,
pour les fossiles des genres Ichthyosaure, Plésiosaure, e tc ., l’autre, celui des Émydosauriens de De
Blainville, pour les Crocodiles; enfin, la troisième section, les Squammata, divisée en trois'ordres
adoptés dans les limites tracées par Wagler, les Sauriens, les Saurophidiens (Angues de W agler) et les
Ophidiens.
Depuis l’année 1834 se poursuit une oeuvre vraiment considérable pour l ’histoire des Reptiles. Au
moment où nous écrivons, MM. Duméril et Bibron ont publié sept volumes qui contiennent la description
de tous les Chéloniens et de tous les Sauriens connus jusqu’à l’époque de leur publication (2). Ces
auteurs ont admis la classe des Reptiles avec l’étendue qui lui était donnée par Gmelin et qui fut conservée
par la plupart des auteurs jusqu’à la période scientifique actuelle. Ils ont admis les ordres tels
qu’ils ont été limités par A. Brongniart, tels qu’ils ont été adoptés par Cuvier, en rattachant toutefois
aux Sauriens les Orvets et genres voisins, que ces naturalistes rangeaient parmi les Ophidiens. Dans ce
grand ouvrage, les caractères de familles, de genres et d’espèces étant exposés avec détails et d’une
manière très-comparative, on rencontre là beaucoup d’enseignements pour l’appréciation des affinités
naturelles entre tous les types composant la classe des Reptiles.
Les auteurs méthodiques s’étaient presque toujours attachés exclusivement aux types vivants. Un
ordre seulement avait été formé pour des animaux fossiles (les Enaliosauriens), placés avec les Sauriens
par les naturalistes qui les avaient fait connaître. En 1835, de Blainville en vint à donner une
importance zoologique plus grande à quelques-uns de ces types des périodes géologiques (3). Ainsi,
après les Oiseaux, il forma une classe nouvelle (les Pterodactylia) pour les Ptérodactyles, rangés par
Cuvier avec les Sauriens. Il adopta la classe des Reptiles divisée en Chéloniens, Plésiosauriens et Saurophidiens,
ce dernier ordre comprenant l’ensemble des Sauriens et des Ophidiens : c’étaient les Bispé-
niens de sa classification de 1816 (4); enfin, il fit la classe des Ichthyosauriens, et mit à la suite celle
des Amphibiens ou Batraciens.
Aux quatre classes d’animaux vertébrés admises depuis longtemps par tous les naturalistes, aux ,
cinq classes de la Distribution des Animaux présentée par de Blainville en 1816, deux nouvelles
(4) Saggio d i una distribuzione melodica degli Animali v e rte b ra ti, di Carlo Luciano Bonaparte, principe di Musignano ;
Borna, 4834 .
(2) Erpétologie générale ou Histoire naturelle complète des Reptiles, par A.-M.-C. Duméril et G. Bibron. — T. I (4836), Considérations
générales sur les Reptiles et considérations générales sur les Chéloniens. — T . II (4 8 35), Description des Chéloniens. — T. III
(4836), Sauriens, Crocodiliens, Caméléoniens, Geckotiens, Varaniens. — T. IV (4837), Iguaniens. — T. V (4839), JLacertiens,
Chalcidiens, Scincoïdiens. — T. VIII (4844), Batraciens. — T. VI, Ophidiens (eccparte) (4844). — Malheureusement ce bel ouvrage
s ’est trouvé interrompu par suite de la maladie et de la mort (27 mars 4848) de G. Bibron.
(3) Nouvelles Annales du Muséum d’histoire naturelle, t. IV, p. 233 (4835).
(4) Dans les classifications de MM. Gray et Ch. Bonaparte, le nom de Saurophidiens ( Saurophidii) est employé pour désigner un
ordre intermédiaire entre les Sauriens et les Ophidiens ( Chalcis, Amphisboena, etc.).