espace de temps, la vie étant entretenue aux dépens des débris du jaune qu'il a entraînés avec lui
et de la graisse qui s’est accumulée dans sa cavité abdominale.
BientAt après, ayant repris cette intéressante élude embryologique de la Couleuvre, M. Ratbke donna
sur ce sujet un travail considérable, accompagné de belles figures (A). Ici, ses recherches sont poussées
beaucoup.plus loin, sans toutefois remonter encore jusqu’aux premières phases du développement. Il
décrit avec soin la structure de la coque de l'oeuf, le vitellus et sa membrane, et confirme l’observation
dEmmert et Hochsletter et de Volkmann sur l’absence d ’albumen entourant le vitellus; puis, il passe
à 1 examen des plus jeunes embryons qui ont été l’objet de ses investigations, en étudie la forme
extérieure et les différents appareils organiques, et s’occupe ensuite des changements qui s ’opèrent
depuis le moment où apparaissent les deux paires de fentes branchiales jusqu'à celui où ces fentes
sont complètes et où se ferme l’ombilic intestinal : c’est ce qu’il a p p e lle ra seconde partie de la
première période. L’auteur reprend son étude de tous les organes, dn temps où les quatre paires de
fentes branchiales se sont constituées jusqu’à celui où ces orifices s’oblitèrent c’est ce qu’il nomme la
seconde période. De cette époque date la.troisième période, qui dure jusqu’au moment où la peau se
colore, et dès cet instant commence la quatrième période, qui va jusqu'à l’éclosion.
M. Ratbke a suivi ainsi avec beaucoup de patience et d’habileté les changements de forme
qu’éprouve l’embryon, le développement du squelette, des parties centrales du système nerveux, dé
I appareil alimentaire et de ses annexes, du coeur et des principaux vaisseaux et des organes de la
génération. En un mot, il a fait connaître le développement du type des Ophidiens d’une façon qui
laisse peu à désirer.
Moins de dix ans pins tard , le célèbre professeur.de Koenigsberg donnait au monde savant une
autre étude embryologique, offrant un intérêt d ’autant plus grand qu’il s’agissait cette fois d’un type
aux caractères étranges dans sa forme adulte, c’estrà-dire des Tortues (2). Ce sujet, on l’a vu, avait
déjà occupé II. Ttedemann; M. Rathke lui-même avait signalé quelques particularités relatives aux
corps de Wolff et aux organes génitaux observés chez de jeunes individus (3) ; mais.tout cela ne constituait
pas encore nn ensemble de faits bien considérable. M. Ratbke se proposa donc-de suivre pas
à pas le développement de l’Émyde d’Europe. Malheureusement, jjp u i fut impossible de se procurer
des oeufs à toutes les périodes d ’incubation, e t, pour étendre ses recherches autant que possible, il
recueillit différents embryons deChéloniens exotiques. Quoi qu’il en soit, dans son travail, qni est
une réunion d’observations embryologiques plus ou moins intimement liées les unes aux autres, SI
décrit la conformation primitive de l’oeuf et le jeune embryon de l’Émyde d’Enrope (Emjis europja).
II examine ensuite des foetus avancés dans leur développement et appartenant à diverses espèces, et
expose les résultats d'une série d’étndes ayant trait à la formation du squelette, de la carapace, des
muscles du dos, du sternum et de l’abdomen, à l’union des parois du corps et au plan d’échafaudage
de. l’épaule et du bassin, puis à l’appareil alimentaire, anx organes respiratoires, aux organes
urinaires et.génitaux, à des glandes particulières situées vers le point où les ailes du plastron ventral
s’assujettissent aux parois de la carapace, au système vasculaire et à l’organe de l’ouïe. Ces recherches
achevées, l’auteur se procura deux embryons d'Émyde d’Europe parvenus à peu près à la moitié de
leur développement, et il en profita encore pour étudier les membranes de l’oeuf, la forme extérieure
et la conformation interne du foetus.
( 0 Entwicklungsgeschichte des Natter (Coluber n atrix), von Dr H. Rathke. 4», Koenisberg (4839).
(2) Ueber die Entwickelung der Schildkröten. — Untersuchungen von Heinrich Rathke. — 4°, Braunschwei' (4848)
(3) Abhandlungen zur Bildungs-und Entwickelungsgeschichte des Menschen und dir Thiere, Tb. 4 , s. 4 3 . - Leipzig’(4832).
Pendant que M. Rathke contribuait pour une part si notable à l’avancement de nos connaissances
touchant le développement des Reptiles, d ’autres savants livraient à la publicité les résultats
de quelques investigations. On eut ainsi des observations sur le développement de la Couleuvre dues
à M. Volkmann (1), et des remarques sur l’oeuf des Lézards dues à M. Rudolph Wagner (2). Dans
un travail comparatif sur l’oeuf de l’homme et des animaux, ce physiologiste a représenté l’oeuf d’un
Lézard (Lacerta agilis),^dans le but de mettre en évidence la vésicule et la tache germinalive, les
vésicules germinatives primordiales, le disque proligère, le vitellus et sa membrane.
Dans un écrit ayant trait essentiellement au développement de la tête des Batraciens, M. Reichert
consacrait un chapitre spécial à des considérations sur la formation de la tête osseuse chez les
différents types de la classe des Reptiles (3).
Un peu plus tard , l’illustre Jean Müller observa chez les embryons de Serpents et de Lézards une
singulière armature de l’os intermaxillaire. C’est une sorte de lame, appartenant au système dentaire,
qui est courbée et dirigée en avant, avec son bord tranchant ainsi que son extrémité. Cette armature
n’existe pas chez les embryons de Crocodiles ou de Tortues (4).
Un naturaliste de Montpellier, M. Westphal-Castelnau, qui vraisemblablement n’avait pas connaissance
des travaux sur les Chéloniens de Peters, de Rathke, d’Owen, etc., reconnut qu’une jeune
Tortue, au sortir de l’oeuf, a la colonne vertébrale, les côtes et le sternum libres; que la partie du corps
qui se trouvera plus tard recouverte par la boîte osseuse est alors simplement enveloppée par une
membrane à laquelle adhèrent les plaques ; que c’est dans l’épaisseur de cette membrane que se
forment les ossifications destinées à constituer, par la suite, la boîte osseuse. De ses observations, il
conclut, à peu près comme plusieurs de ses devanciers, « que ce n’est ni l’élargissement des côtes qui
» forme la carapace, ni celui du sternum qui constitue le plastron, puisque les ossifications com-
» mencent principalement sur des points distincts et plus ou moins éloignés des côtes et du sternum,
» c’est-à-dire sur les parties qui ont le plus besoin d’être immédiatement consolidées, parce qu’elles
» ne sont pas soutenues par le squelette (5). »
M. Rudolph Leuckart, dans un article sur la génération, exposa des faits intéressants sur le
développement de l’oeuf d’une Couleuvre ( Coluber loevis) et d’une espèce de Lézard (Lacerta crocea).
Il s’efforça d’établir que chez les Reptiles la substance vitelline primitive est dépourvue d’éléments
cellulaires comme dans les Oiseaux, et manque d’abord d’enveloppe spéciale (6).
De son côté, un habile physiologiste de l’Écosse, M. Allen Thompson, donna un excellent résumé
des connaissances acquises sur l’oeuf des différents animaux, dans lequel se trouve naturellement une
partie consacrée aux Reptiles (7).
Enfin, c’est M. Agassiz qui s’est consacré, dans-ces dernières années; à l’étude approfondie du
(4) De Colubri natricis evolutione. — Lipsiæ. ( I 834)>
(2) Prodromus historiée generationis hominis atque animalium, p. 44, tab. 2, fig. 27. — Fol. Lipsiæ (1856).
(3) Vergleichende Entwickelungsgeschichte des Kopfes der nackten Amphibien nebst der Bildungsgesetten des Wirbelthier-
Kopfes in allegemeinen, etc., s. 495, Taf. 3 , fig. 4-5. — 4®, Koenisberg (4838),
(4) Mcmatsbericht der Eoeniglichen Akademie der Vissenschaften zu Berlin (4839), e t Archiv., s. 482, Taf. 42 (4844).
(5) Académie des sciences et lettres de Montpellier. — Extraits des procès-verbaux des séances de la section des sciences. Année
4854-4852, p. 28 (4852).
(6) Article Zeugung in Rud. Wagner’s MandworierbuCh der Physiologie (4854).
(7) The Cyclopoedia of Anatomy and Pliysiology, ediled by R. B. Todd. — Supplément. — Art. Ooum (1852-4854)!)