M. Georges-Robert Gray, auquel on doit de nombreux travaux sur les Oiseaux, ajoute seulement
aux ordres acceptés par Cuvier celui des Columhoe, ne- comprenant que les Pigeons, et celui des Struthiones
(Cursores, Illig.), ce qui porte à huit le nombre des divisions ordinales dans la classe des
Oiseaux : ce sont i" les Accipitres, 2® les Passeras, 3" les Scansores, 4® les Columhoe, 5" les Gallium,
6° les Struthiones, 7® les Gralloe, et S" les Anseres (Palmipèdes) (I). M. Gray n'a jamais modifié cet
arrangement dans ses écrits les plus récents (2).
Dans les dernières années qui viennent de s’écouler, M. Charles Bonaparte s’efforça pins d’une fois
d ’améliorer la classification ornithologique. Un tableau publié en 1850 nous offre toujours les Oiseaux
divisée d’abord en deux sous-classes. La première (Insessores) comprend maintenant quatre ordres :
I* les Perroquets (Psittaci), 2”'les Oiseaux de proie (Accipitres), 3" les Passereaux (Passeras), auxquels
sont réunis les Grimpeurs de Cuvier, et 4" les Pigeons (Columhoe), ordre partagé en deux tribus : les
Dididoe (Dronte) et les Columbidoe. La seconde sous-classe,' Grallatores, renferme également quatre
ordres : les Gallinacés (Gallinæ), les Autruches (Struthiones), les Échassiers (Gralloe) et les Palmipèdes
(Anseres) (3). , • f
Un peu plus tard, à la réunion des naturalistes allemands à Mayence, qui ent lieu en ISS2, le même
autenr proposa quelques changements à cette classification. Il ajouta deux ordres à la série des Inses-
sores : les Gavioe, groupe formé des Longipennes et des Totipalmes de Cuvier, correspondant ainsi aux
Steganopodes et Garnie de Sundevall, réunis, et les Herodii, comprenant les grands Échassiers, c ’est-à-
dire la famille des Cultriroslres de Cuvier, on les Grues, les Hérons, les Cicognes et de plosies Fla-
mants (Phoenicopleius) (4). Cet arrangement fut bientôt reproduit par son auteur avec la substitution des
noms de Altrices et de Præcoces, de M. Sundevall, à ceux de Insessores et de Grallatores, et de Hero-
diones à celui de Herodii (8). Il faut seulement remarquer encore que les Gamin et les Herodibnos ont
été transportés de la seconde sous-classe à la première.
Une nouvelle modification ne tarda pas à se produire. On compta alors doeze ordres : 1® les Perro-
quels (Psittaci), 2" les Rapaces (Accipitres), 3® les Passereaux (Passeres), réunissant toujours les Passereaux
et les Grimpeurs, sauf l’exclusion des Perroquets; 4® les Ineptes (Inepli), groupe dans lequel sont
rassemblés les genres EW orms(6), Dronte (Didus), Pezophaps (7); 5" les Colombes ou Pigeons (Columhoe),
6" les Hérodiens (Ilerodiones), comprenant les Échassiers cnltriroslres de Cuvier et de plus les Ibis;
7® les Pélagiens (Gavioe), 8® les Ptlloptères (Ptilopleri), c’est-à-dire les Manchots ; 9” les Gallines (Gal-
tinoe), 10® les Grades (Gralloe), Échassiers des auteurs, dont se trouvent retranchés les types formant le
sixième ordre; 11® les Canards (Anseres), et 12® les Autruches (Slnahiones). Les huit ordres premiers
sont les Altrices, les quatre derniers, les Præcoces, que divers auteurs nomment maintenant Sitistoe et
Autophagoe. Placés sur deux séries parallèles, les Gallinæ de la seconde série représentent, d’après
l anteur, les Columhoe de la première; les Gralloe correspondent aux Ilerodiones, les Anseres aux Gavioe,
et les Struthiones aux Ptilopteri.
(4) A List of the généra ofBirds (4844).
(2) Catalogue of the généra and subgenera of Birds, contained in the Brilish Muséum (4855). ‘
(3) Conspeclus systematis Omithologioe, Caroli Luciani Bonaparte (Tableau), feuille in-plano. - Lugduni Batavorum, 4850.
(4) Communication faite à la réunion des Naturalistes allemands, tenue à Mayence. — Tableau in-4», sans date.
(5) Classification ornithologique par séries. — Comptes rendus de l'Académie des sciences, t. XXXVII, p. 643 et 647 (4853).
(6) Isidore Geoffroy-Saint-flilaire, Ngte sur des ossements et des oeufs trouvés à Madagascar dans des alluvions modernes et
provenant d’un Oiseau gigantesque. — Comptes rendus de l’Académie des sciences, t. XXXII, p . 404 (4854)
(7) Strickland, The Dodo and its kindred or the history, affinities and osteology of the. Dodo (4848).
Cette fois, ce sont encore deux nouveaux ordres admis : les Ineptes, qui d ’abord étaient placés dans
la même division que les Pigeons, et les Ptiloptères, qui formaient simplement une tribu de 1 ordre des
Anseres. Ajoutons encore que les, Plongeons (Urinatores), que Charles Bonaparte avait jusqnici laissés
parmi les Anseres, se trouvent classés maintenant dans l’ordre des Gavioe (1). .
Enfin, un nouvel ordre a été proposé récemment par M. P. Gervais pour un type singulier, l’Hoazin
(Opislhocomus). Cet Oiseau, rangé par les anciens naturalistes, et même par Cuvier, dans l’ordre des
Gallinacés, fut placé, par Vieillot et quelques autres ensuite, avec les Passereaux. Latreille, comme on
l’a vu, le mit dans son ordre des Passérigalles, à côté des Pigeons. Lesson en fit lé type d’une famille
pour laquelle il retint la dénomination de Dysodes, employée comme générique par Vieillot (2), plaçant,
cette famille dans son sous-ordre des Passereaux Grimpeurs, entre, les Touracos et les Coucous (3).
M. Gervais regarde l’Boazin comme en effet plus voisin des Touracos que de tous les autres Oiseaux.
« En attendant, dit-il, quelque observation nouvelle susceptible de mieux «faire» comprendre les
» véritables affinités de l’Hoazin, on peut regarder l’ordre ou le sous-ordre des Dysodes qui aura pour
» type unique cet Oiseau, à la suite des Grimpeurs, et quoique ses affinités avec les Musophagides aient
» été à quelques égards exagérées, c’est dans le voisinage de ces Oiseaux que 1 Hoazin paraît devoir
» être classé (4). »
*
Pendant les quarante années écoulées depuis la publication du Rlgne animal de Cuvier, la classification
des Oiseaux, on ie voit, ne s’est pas assise sur des bases plus solides qu’auparavant. Les principales
améliorations assez généralement acceptées de notre temps avaient été proposées à des époques déjà
anciennes. En 1752, Moerhing classait les Autruches dans une division spéciale et faisait de même poulies
Manchots. En 1760, Brisson formait des Pigeons un groupe particulier, des Canards (Palmipèdes
lamellirostres, Cuvier. — Anseres de plusieurs ornithologistes modernes), un autre groupe, comme l’a
fait le prince Charles Bonaparte dans ses derniers écrits. En 1816, de Blainville instituait un ordre pour
les Perroquets, et nous trouvons que Rai, dans son livre imprimé en 1713, avait déjà établi une section
pour ces Oiseaux seuls.
Dans les temps modernes, l’Ornithologie a été l’objet de bien nombreux travaux; on a fait de grands
efforts pour perfectionner la classification : dans les détails, on a souvent réussi; mais lorsqu’on s’est
occupé des divisions principales, d’ordinaire on a été moins heureux. Les classificateurs s’attachant
toujours d’une façon presque exclusive aux formes extérieures ou à quelques particularités de moeurs,
il a jailli peu de lumière nouvelle de l’observation de caractères que les naturalistes étudient depuis
trois siècles (5). A la vérité, M. Lherminier, en France, M. Berthold, en Allemagne, ont appelé
l’attention des zoologistes sur la configuration du sternum dans les différents groupes de la classe des
Oiseaux, mais leurs travaux sont demeurés insuffisants pour éclairer relativement aux affinités de
tous les types. L’étude du sternum conduit sans doute à d’excellents résultats; pourtant, ce n’est pas
assez de cette étude, et d’ailleurs, on verra par la suite combien encore elle a été faite incomplètement.
(4) Conspeclus systematis Omithologioe. — Annales des Sciences naturelles, 4* série, 1.1 , p. 405 (4854).
(2) Nouveau Dictionnaire d’histoire naturelle, t. XXIV (4848).
(3) Lesson, Traité d’Ornithologie, p. xxiy et p. 426 (4834).
(4) Description ostéologique de l’Hoazin, du Kamichi, du Cariama et du Savacou. — Expédition dans les parties centrales de
l’Amérique du Sud, sous la direction du comte Francis de Castelnau, 7e partie, Zoologie. — 2e mémoire, p. 65 (4856).
(5) La publication de l’oeuvre- de Bèlon date de 4 555.