venaient donc prendre place dâns le premier embranchement du règne animal; pour en porter' lè
nombre à sept.
Mais ces dernières étant fondées uniquement sur des types qui ont cessé d’être représentés dans les
faunes zoologiques, il devient à peu près impossible de. savoir s i .les différences qui existaient
dans l’ensemble de l’organisation de ces êtres et de nos Reptiles actuels étaient de nature à. rendre
nécessaire leur séparation comme classes. Dans cette situation , il est sans doute préférable de ne compter
ces singuliers débris des périodes géologiques que comme des types d’ordres. D’une part, leurs
affinités avec nos Reptiles vivants sont peu douteuses, e t, d’autre p art, il importe de ne pas multiplier
dans le règne animal les divisions primaires sans qu’on y reconnaisse un avantage réel pour
exprimer de grandes différences bien constatées. .
Après le travail que nous venons de mentionner, M. Charles Bonaparte a apporté quelques changements
à sa classification publiée en 1831 (1). Conservant toujours la dénomination générale d’Amphibies,
il admet deux sous-classés avec les noms employés par Fitzinger (Monopnoa et Dipnoa, — Reptiles
et Batraciens); la première comprenant sept ordres : les Ornithosauriens (Ptérodactyles), les
Émydosauriens (Crocodiles), les Énaliosauriens, les Chéloniens, les Sauriens-, les Saurophidiens et-les
Ophidiens.
C’est un arrangement qui a le désavantage d’éloigner les Chéloniens des Oiseaux, avec lesquels ils
ont plus d’affinité que les crocodiles, et le désavantage plus grand encore d’isoler complètement ces
derniers des Sauriens, avec lesquels leurs rapports naturels ne sont pas douteux.
Le naturaliste le plus justement célèbre d e l’Angleterre, M. Richard Owen', l’auteur de tant de beaux
travaux d’anatomie comparée, a résumé aussi ses idées touchant les grands types qui constituent la
classe des Reptiles (2). Ce savant n’en sépare pas les Batraciens. Dans cette limite, il groupe tous les
Reptiles vivants et éteints dans huit ordres. Ces ordres sont : les Énaliosauriens (Plésiosawriens et
Iohthyosauriens d e Blainville), les Crocodiliens (Émydosauriens de Blainville), les Dinosauriens (genres
Mégalosaure, Iguanodon, e tc .), les Lacertiens (Sauriens), les Ptérosauriens (Ptérodactyliens de Blainville),
les Chéloniens , les Ophidiens et les Batraciens.
Si l’on compare cette classification à celle de De Blainville, on trouve ici une nouvelle division
ordinale, celle des Dinosauriens; on remarque la réunion dans un même ordre des Plésiosaures et des
Ichthyosaures; on aperçoit dans l ’arrangement général des grandes divisions une différence considérable;
mais peut-être M. Owen lui-même, dans cette énumération, n’a-t-il pas attaché une importance
extrême à l’ordre de succession des groupes.
Presque en même temps, M. Straus-Durckheim (3), revenant à l’idée d eLaurenti, plaçait les Chéloniens
en dehors de la classe des Reptiles; mais c’est là une séparation qui ne paraît offrir aucun avantage.
Aujourd’hui encore, tous les naturalistes ne croient pas devoir compter une classe tout à fait particulière
pour les Batraciens; mais cependant les vues de De Blainville sont à présent adoptées dans la
science d’une manière assez générale. De Blainville ne pensait pas sans doute que les Reptiles propre-
(■1) Iconografia della Fauna ita lica per le cuatro classi degli Animali v erteb ra ti, di Carlo L. prìncipe Bonaparte. T. II, Amfibi. —
Roma, 4832-4844.
(2) Reports on British fossil Reptiles. — Reports o f thè British Association for thè advancement o f science. — 4839, p. 43 , et
4844 , p. 60.
(3) Traité d’anatomie comparative, 1. 1 jet II (4842), et Anatomie du Chat (4845).
ment dits fussent plus voisins des Oiseaux que des Batraciens, et que ceux-ci fussent plus voisins des
Poissons que des Reptiles ; mais bien évidemment ces rapports ne lui avaient pas échappé : il a appliqué
la qualification d'Ornithoïdes aux vrais Reptiles, celle d'Ichthyoïdes aux Batraciens.
Non-seulement la constatation de la parenté si étroite de certains Batraciens avec les Poissons, mais
aussi les observations d ’embryogénie ne devaient pas tarder à élever au rang d’une certitude acquise
à la science les affinités naturelles indiquées par ces deux noms d’Ornithoïdes et d ’Ichthyoïdes.
En 1844, M. Milne-Edwards (1), s’appuyant sur ce fait que chez les Batraciens et les Poissons
| l’embryon ne porte ni allantoïde, ni amnios, tandis que dans les Reptiles, les Oiseaux et les Mammi-
» fères, l’embryon est à peine distinct que déjà il estpourvu de ces deux organes appendiculaires (2), »
insiste le premier sur un caractère qui tout d ’abord permet de séparer les Vertébrés en deux groupes,
caractère qui éloigne les Batraciens des Reptiles pour les rapprocher des Poissons. M. Milne-Edwards
nomme les représentants du premier groupe les Allantoïdiens, ceux du second, les Anallantoïdiens.
Pendant les années qui viennent de s’écouler, M. Duvernoy a exposé une classification des Reptiles
qui lui est propre (3). Il adopte aussi cette classe du règne animal, en en excluant les Batraciens, et il ,
la divise en cinq sous-classes : 1° les Saurophidiens, comprenant quatre ordres : les Orthophidiens
(Serpents), les Protophidiens (genres Acontias, Amphisbæna, Typhlops), les Protosauriens (genres
Orvet, Chalcis, Scheltopusik, etc. ) et les Orthosauriens (Sauriens) ; 2° les Lorisauriens (Émydosauriens
de Blainville); 3° les Chéloniens; 4° les Ptérosauriens, et 5° les Énaliosauriens. La série est commencée
ici par les types inférieurs.
Avant de dérouler tous les faits qui vont nous être fournis par l’organisation des divers types de la
classe des R eptiles, il était nécessaire de tracer le tableau des classifications si nombreuses qui se sont
succédé pour cette grande division zoologique. Il était utile de voir comment la science, sur ce point,
s’est améliorée, comment les affinités naturelles ont été reconnues successivement, comment elles ont
été souvent méconnues. Ces indications nous serviront dans la suite. Quant au jugement à porter sur
ces méthodes, quant à l’appréciation à donner à chaque idée émise par les auteurs, il serait à présent
sans utilité de s’éloigner de la plus extrême réserve, de pousser loin ces jugements, ces appréciations.
De l’exposition même de l’ensemble des faits, se montrera naturellement la part heureuse ou malheureuse
que chacun a fournie à cette partie de la zoologie.
Néanmoins, comment, après avoir signalé les divisions admises par chaque naturaliste qui s’est occupé
de la classification des Reptiles, ne pas adresser un reproche presque général, plus fondé ici peut-être
que lorsqu’il s’agit de la plupart des autres classes du règne animal ? Comme on l’a vu presque toujo
u rs, chacun a bâti une nouvelle nomenclature pour les groupes primaires, chacun a cru devoir
apporter ce petit embarras de plus à la science, croyant forcer ses successeurs à citer son nom plus
souvent, et croyant quelquefois aussi dissimuler le vide de son oeuvre. Erreur, heureusement. Seules
les découvertes des faits et les idées justes doivent conserver leur place dans l’histoire des sciences.
(4 ) Considérations sur quelques p rincipes relatifs à la classification naturelle des animaux et plus particulièrement sur la d istribution
méthodique des Mammifères. — Ann. des scienc. n a t., 3° série, 1. 1 , p. 65 (4844).
(2) Page 89.
(3) Leçons sur l’histoire naturelle des corps organisés, professées au Collège de France par M. Duvernoy, p. 436. — Extrait de la
Revue et Magasin de zoologie, par la Société cuviérienne, 2e série, 1 .1 , p. 209 (4849).