des oiseaux, à des lézards, à des animaux enfin qui échapperaient aux efforts d’armes moins
robustes.
Par leur forme générale, les antennes-pinces ou chélicères de la Mygale, comme de toutes les
Aranéides, paraissent au premier abord offrir plus de ressemblance que ceux des Scorpions et des
autres Pédipalpes avec les m andibules de certains insectes. Les zoologistes qui avaient cru reconnaître
des parties homologues dans ces deux sortes d’appendices, s’étaient donc attachés plus spécialement
à la considération des Aranéides. Cependant, la ressemblance signalée par plusieurs auteurs ne soutient
en aucune façon un examen sérieux. Les chélicères peuvent agir indépendamment l’un de
l’aiitre , ce qui n ’est pas le cas pour les mandibules. Au lieu de se mouvoir latéralement comme ces
dernières, ils ont seulement la faculté de s’élever e t de s’abaisser. Us portent un crochet mobile
a rticu lé , et rien de pareil n ’existe dans la conformation des mandibules. Autant de particularités
appréciées exactement par Latreille, qui n’hésita pas à voir dans les. chélicères des Arachnides,Jes
antennes des crustacés et des insectes profondément modifiées, sous le = rapport de leur forme et de
leurs fonctions; ce qu’il indiqua par la qualification caractéristique de chélicères ou à’antennes-pinces (1 ).
Savigny, observateur cependant plein de sagacité, repoussa la comparaison établie entre les appendices
de la région frontale des Aranéides et les mandibules, des insectes; mais ne reconnaissant pas
non plus dans les chélicères des pièces anatomiquement comparables aux antennes, il fut conduit à
les considérer comme des organes exclusivement propres aux Arachnides et à les désigner par un nom
particulier, celui de forcipules (2). Du reste , aujourd’hui que la question est tout à fait résolue, ainsi
qu’on l’a vu précédemment (3), quelles que soient les modifications offertes p ar les antennes-pinces
dans les différents types de la classe des Arachnides, des analogies de forme un peu plus ou un peu
moins prononcées, mais toujours assez vagues entre les chélicères et les pièces buccales, présentent
un médiocre intérêt.
Appendice de la bouche. — De même que chez les Pédipalpes, il n’existe dans notre Aranéide
qu’une seule pièce buccale proprement dite; mais cet appendice a dans la Mygale un développement
qu’on n e rencontre pas dans nos types précédents. Il occupe toujours la même situation au-dessus de
l’orifice de la bouche et exactement au-dessous des chélicères (4). Cette pièce, que Latreille a désignée
sous.le nom de camérostome (5), est en continuité de tissu avec le tégument membraneux dé la région
antérieure du céphalothorax ; elle débute par une lame coriace formant une sorte de chaperon, et
s’avance de façon à faire saillie au-devant de la languette sternale. L’appendice buccal, d’un tissu
flexible et garni de poils simples, assez longs et extrêmement serrés, a sa face supériéure revêtue de
deux lames juxtaposées, lisses et de consistance coriace. L’extrémité, au contraire, est membraneuse,
tout à fait molle, pouvant de la sorte se plisser ou s’étendre avec une éntière facilité.
En traitant du Scorpion£(6), nous avons fait remarquer que l’appendice buccal impair des Arachnides
paraissait devoir être considéré comme le représentant anatomique des mandibules et des
mâchoires des autres articulés, comme un exemple de réunion confuse de ces appendices. L’observation
de la Mygale apporte un nouvel appui à cette interprétation; A la face supérieure de la pièce, la
partie coriace étant divisée sur la ligne moyenne , il est impossible de n e pas voir dans ce fait l’indice
('I) Règne animai, t. IV, p . 207 (-1839). (4) pj. 42, fig. 8 b.
.(2) Mémoires su r les Animaux sans vertèbres, p. 57, etc. (8) Cours d’Entomologie, p. 486 (483-1).
(4816); . (6) Page 20.
de deux éléments distincts primordialement, e t de ne pas être conduit d’après leur situation à les
regarder comme des mandibules arrêtées dans leur développement. Alors, les portions latérales et
inférieure de l’appendice buccal, qui ont une consistance plus faible, semblent être formées par les
rudiments des mâchoires et peut-être aussi de la lèvre inférieure. Cèlte interprétation de la constitution
de la pièce buccale impaire des Aranéides ne doit pas être regardée comme une simple hypothèse;
elle est justifiée, ainsi qu’on l’a vu déjà pour le Scorpion, par l’origine des nerfs qui animent cet
appendice ; justifiée encore par l’existence de mandibules et de mâchoires parfaitement reconnaissables
chez les Galéodes, et par le fait constaté de la soudure des pièces de la bouche dans plusieurs
types d’insectes de Tordre des Diptères.
Ce qui a été dit pour le Scorpion (1), de l’usage de l’appendice buccal, s’applique aussi-à la Mygale;
seulement, chez l’Aranéide, l’organe ayant un développement plus considérable e t une extrémité tout
à fait m olle, doit être doué d’un tact plus délicat e t posséder à un plus haut degré la faculté d’exprimer
p ar la pression les parties fluides du corps de la victime e t de les diriger vers la bouche. On
s’explique aisément cette différence; l’Arachnide pédipalpe étant pourvu de chélicères conformés en
pinces qui lui permettent de diviser sa proie, l’Aranéide n’ayant que des crochets .capables d’y
pratiquer une plaie.
Sternum. — Les coxopodites des appendices locomoteurs contribuent ici, comme chez les Pédipalpes,
pour une part très-notable à former la paroi de la cage céphalothoracique; cependant le
.sternum a dans la Mygale une assez grande étendue. Il y a deux pièces sternales : Tune principale,
occupant un espace considérable entre les hanches des pattes; l’autre petite relativement, articulée
par sa base avec la première, et du reste entièrement libre. La pièce principale, le sternum proprement
dit (2), paraît presque c arrée, bien que sa longueur soit sensiblement supérieure à sa largeur. Très-
légèrement convexe extérieurement avec sa face interné un peu concave (3) , elle est échancrée en
avant e t présente sur les côtés des saillies coniques au nombre de quatre, qui se portent entre les
articles basilaires des appendices locomoteurs. De chacune de ces pointes s’élève un apodème en
forme de tige flexible, ayant pour usage de maintenir le sternum solidement uni aux coxopodites des
pattes,
La petite pièce sternale, courte, épaisse, presque carrée, garnie de poils de différentes longueurs
et un peu creusée en forme de cuiller à sa face in tern e, est reçue dans l’échancrure de la pièce principale
avec laquelle elle est articulée (4). Libre sur les côtés, elle s’avance au-dessous des coxopodites
des pattes-mâchoires et au-dessous de l’orifice buccal, servant ainsi à retenir les aliments jusqu’à ce
qu’ils aient pu être introduits dans la bouche. La pièce sternale antérieure se trouve, d’après son usage,
désignée dans les ouvrages d’entomologie sous les noms de lèvre extérieure, de langue ou languette
sternale.
Chez les Pédipalpes, nous avons reconnu la présence de sternites nettement séparés les uns des
autres; dans notre Aranéide, au contraire, il n’y a entre les articles basilaires.des appendices locomoteurs
qu’une seule pièce, un sternum, ne présentant aucune division, m§is ayant entre les saillies
latérales que nous avons m entionnées, de légères dépressions qui semblent indiquer l’existence primordiale
de quatre sclérodermites intimement unis chez l’animal adulte; il doit y avoir, en effet, à
(4) Page 20. (3) Pl. 4 2 , fig. 9.
(2) Pl. 4 2 , fig.-. 2 . (*) H - 1 8 , fig- 2 et fig. 8c.