monde où l’on a rencontré chaque espèce ne nous est pas fourni en maintes circonstances par les
ouvrages descriptifs. Parfois, les localités y sont mentionnées d’une façon vague; parfois certaines
espèces sont présentées comme habitant indifféremment des contrées qui possèdent des faunes
assez dissemblables pour q u ’on ne puisse guère croire à l’identité spécifique des Mygales recueillies
sur divers points d’une étendue comprenant au delà de 40° de latitude. C’est ainsi q u e , sèlon Walcke-
naer et d e Hahn, la Mygale Blondii se trouve également au Brésil, à Cayenne et; d an s plusieurs îles de
1 archipel des Antilles, comme Saint-Domingue, la Martinique, Saint-Vincent. Or, nous en avons la
ce rtitude, l’espèce du continent ne se rencontre pas aux Antilles; la grande Mygale que les voyageurs
rapportent de Saint-Domingue en est parfaitement distincte, c’est la Mygale cancerides de plusieurs
entomologistes (1).
Il n’est pas nécessaire d’entrer ici dans plus de détails sur ce sujet, car l’organisation du type qui
nous occupe en ce moment ne se modifie pas d’une manière appréciable pour ainsi d ire , entre.ces
espèces qu’on n ’a pas encore su déterminer bien rigoureusement. Nous avons jugé utile cependant
d’appeler l’attention sur une lacune regrettable dans les ouvrages ayant poür objet l’énuméralion des
Aranéides. Les grandes Mygales se ressemblent entre elles au plus haut degré, mais néanmoins, par
1 examen comparatif de toutes leurs particularités extérieures, on parvient à les distinguer, surtout si
1 on ne néglige pas, comme on l’a fait trop souvent, de tenir grand compte des localités qu’elles habitent.
Il serait donc à désirer qu’un entomologiste entreprît la monographie de ces Arachnides.
SY S T ÈM E T É G UM E N T A IR E .
Le système tégumentaire de la Mygale, comme celui de la plupart des Aranéides, n’offre point' le
même degré de consistance sur toutes les parties du corps ; les pièces qui constituent la cage thorà-
cique et les appendices sont de nature coriace, tandis que l’enveloppe de l’abdomen est presque
molle. Les parties coriaces n’ont p as, du re s te , la résistance qu’on leur trouve chez les différents types
de l’ordre desPédipalpes; elles sont plus m inces, à l’exception toutefois des téguments des chélicères,
e t, à cause de leur peu d’épaisseur, elles conservent une certaine flexibilité. A en juger seulement
d’après l’aspect, on penserait volontiers que le tégument solide de la Mygale diffère, quant à sa structu
re , de celui du Scorpion ou du Phryne; mais par un examen attentif on s’aperçoit, bientôt que c’est
la présence des poils et d’une fine villosité dont le corps est revêtu qui donne une apparence particulière
aux pièces les plus solides du squelette tégumentaire de l’Aranéide. En réalité, la structure du
tégument des Aranéides et des Pédipalpes est au fond absolument la même ; nous n’avons donc pas
intérêt à la décrire minutieusement chez la Mygale, e t nous le ferons d’autant moins que nous avons
eu plus de facilité à étudier cette structure de l’enveloppe extérieure des Aranéides chez un type
propre à notre pays (2). La possibilité d ’avoir des individus vivants en nombre considérable étant
toujours la meilleure condition dans les recherches pour obtenir des résultats précis, nous nous bornerons
ici à indiquer brièvement les faits, en vue d ’avoir par la suite un terme de comparaison.
Le tégument est le plus facile à observer sur les points où il a le plus d’épaisseur, comme le céphalothorax
et les chélicères. On y reconnaît les trois couches (3) que nous avons signalées dans la peau
des Pédipalpes ; la couche superficielle ou épidermique offre cette structure aréolaire, à peu près
(0 Latreille, Généra [Grustaeeorum et Insectorum, t. I , p. 83. — Palissot de Beauvois, Insectes recueillis en Afrique et en
Amérique, p. 435, pl. 3 , fig. 4. — Walckenaer, Histoire naturelle des Insectes aptères, l. I , p. 244-245.
' (2) Voyez plus loin le chapitre relatif à la famille des Ségestriides.
(3) Pl. 42, fig. 4.
hexagonale (1) que nous avons fait connaître chez le Scorpion (2 ), que M. Quekett a observée ensuite
chez des Mygales (3), et que plus récemment M. Franz Leidig a constatée à son tour chez divers-
Arachnides (4). En certains endroits, les cellules s’effacent, et on aperçoit nettement alors dès gra-
nülës’ plus oü: moins pressés les uns contre les autres. La couche sous-jacente, moins colorée que la
Couche ;épidermique;, examinée par sa surface, paraît striée par intervalles et montre en grande
quantité des granules de forme assez irrégulière (5 ); ce sont ces corpuscules sans doute que
M. Leidig considère comme étant de nature calcaire (6). Dans les coupes verticales du tégument, on
distingué clairement une structure fibreuse ou plutôt lamelleuse, et les canalicules ascendants dont
nous avons déjà parlé ailleurs (7). La couche molle e t profonde de la peau, qui ne contient pas de
chitine, nous a paru également forméë d é lamelles superposées; elle est traversée aussi par les
canaux simples et droits qui montent jusqu’à la couche superficielle, e t en général à la base des poils.
La peau d e l’abdomen ressemble, sous le rapport de sa tex tu re , aux parties molles qui unissent les
différentes pièces solides. C’est un tissu extrêmement granuleux, parcouru dans le sens de sa surface
p a r des canaux très-ramifiés e t présentant sur beaucoup de points l’apparence d’herborisations. On voit
qu’il y a i.ci la plus grande ressemblance avec ce que nous avons décrit chez le Scorpion (8).
. Les poils sont toujours implantés dans de petites cavités pourvues d ’un rebord saillant; les uns sont
simples',(9); les autres, ceux des pattes principalement, sont barbelés ou ciliés, offrant ainsi une
apparence des plus élégantes lorsqu’on les observe sous des grossissements un peu considérables (4 0).
Chez la Mygale, ainsi que chez tous les autres Aranéides, les sclérodermites, qui entrent dans la
constitution de l’enveloppe tégumentaire du co rp s, sont limités à la région céphalothoràcique ; l’abdomen
est dépourvu de cette double série de pièces solides, les unes dorsales, les autres ventrales,
qui existent chez les Pédipalpes.
Céphalothorax. — Toute la paroi supérieure du corps jusqu’à l’origine de l’abdomen est formée
d ’une seule pièce, le bouclier céphalothoracique; c’est le cas, on le sait, pour le très-grand nombre
des représentants de la classe des Arachnides, mais ici cette pièce est fort grande relativement aux
proportions de l’animal (11). Large surtout dans sa portion moyenne, elle se rétrécit graduellement vers
ses deux extrémités, devient assez étroite en avant, et se rabat au-dessus de l’insertion des-chélicères
(4) Pl. 42, fig. 4.
(2) Page 45.
(3) Lectures on Histology, vol. II, p. 445 (4854).
(4) Zum Feineren Bau der Arthropoden. — Muller’s , Archiv fur Anatomie, Physiologie, etc. Jahrg. 4855, p. 376-383.
(5) Pl. 42, fig. 5.
(6) 'Ioc . cit., p; 384 . M. Leidig voit dans la présence d’une matière calcaire l’indice .d’une parenté zoologique étroite entre les
Arachnides et.les Crustacés. D’après d’autres rapports organiques, nous avons insisté sur cette parenté il y a plus de quinze ans.
— Voyez notre Mémoire intitulé Observations sur l’organisation d'un type de la classe- des Arachnides, le genre Galéodq. —
Comptes rendus de l’Académie des sciences, t. XXI, p. 4383'(4845), e t Annales des sciences naturelles, troisième série, t. VII,
p . 227 (4847), '
(7) Page 474.
(8) Page 30.
(9)- Pl. 42, fig. 6.
(40) Pl. 42 bis, fig. 4.
(44) Pl. 42, fig. 4 |