que l'on emploie pour désigner les ordres, deux dénominations nouvelles sont rendues nécessaires i
nous nous sommes arrêté à celles de Homalosterniens (H m u tam m J . et de Tropidosterniens (Tropidà-
ternti), qui expriment le même caractère, la forme particnlière du sternum dans les deux groupes. L’ordre
des Tropidosterniens, si vaste qu'il soit, sera de suite divisé en familles. Nous ne donnerons pas en ce
moment la liste de ces familles, les résultats de nos recherches sur l’organisation de tons les types ornithologiques
devant être exposés auparavant, de manière à nous permettre d’insister sur les caractèrés
de chacune d elles et de montrer jusqu’à quel point elles se circonscrivent.
Maintenant, il nous faut énumérer les travaux d ’anatomie et de physiologie qui ont amené la connaissance
de I organisation des Oiseaux au degré où elle est arrivée à notre époque
Les Oiseaux ne sont pas les êtres qui ont le plus donné lieu à des investigations de ce nenre. Si les
Zoologistes ont été particulièrement attirés vers ces animaux pour en décrire les espèces, pour en
publier des figures pour en observer les moeurs, les habitudes, les instincts, les Anatomistes an cont
r e se sont trouvés en général rebutés par la ressemblance extrême des organes dans les différents
ypes d e cette classe; cependant, nous aurons encore bien des observations a citer, peu de grands
ravaux il est vrai, mais beaucoup de mémoires et de notices, ainsi que des détails consignés dans les
traites généraux.
*
Les anciens n’ont pas manqué de faire des observations sur les habitudes, sur le séjour des Oiseaux
mais ils se sont peu occupés de la structure interne de ces animaux. Aristote, on l’a vu, s’attachant à la
considération des formes extérieures, a signalé des différences entre les principaux types. Pour nombre
despeces il a décrit le genre de vie, le mode de nidification, la ponte, etc., et a passé légèrement
sur les faits anatomiques. Il ne vit rien de particulier dans les os des Oiseaux. Leur appareil alimentaire
fixa un peu plus son attention. Après avoir remarqué que le tube digestif, tel qu’il est conformé chez
ces êtres, diffère decelui de tous lesautres animaux, il indique des modifications d’espèce à espèce, ou de
genre a genre. Chez les uns, comme le Coq, la Perdrix, le Pigeon, il constate l’existence d ’un jabot, et
chez les autres une simple dilatation de l’oesophage, comme dans le Corbeau, la Corneille, par exemple.
A la suite de quelques autres détails et d ’un aperçu très-superficiel touchant la structure de l’estomac, il
ajoute que l’intestin est étroit et simple lorsqu’on le développe, et offre d’ordinaire vers l’extrémité des
appendices (coecum) qui sont très-réduits dans les petites espèces. En divers endroits de l’antique
Histoire des Animaux, il est question encore de la variabilité de position d é la vésicule du fiel dans les
Oiseaux, suivant les types, de la capacité et de la dilatabilité des poumons, de la situation des organes
reproducteurs dans les deux sexes, avec quelques faibles détails sur ces parties et des observations
assez étendues sur l’accouplement, etc. Selon le savant stagyrite, les Oiseaux n’ont ni oreilles, ni
narines, mais seulement des ouvertures conduisant aux sensations que l’on perçoit à l’aide de ces
organes. Aristote avait songé à suivre l’évolution du poulet dans l’oeuf. Il a fait à ce sujet diverses
remarques; ce ne sont pas là, sans doute, des études bien approfondies, mais on peut y voir le germe
de cette science, qui, de nos jours, s’appelle l’embryologie. Il serait sans intérêt de recueillir dans les
autres écrits des anciens ce qui s’y trouve concernant les Oiseaux; on voit assez p a r le peu dé faits
consignés par Aristote que l’antiquité ne nous a pas transmis de connaissances importantes sur l’orga-
CLASSE DES OISEAUX. ^
nisation des animaux de celte classe;, nous arrivons donc de suite à l’époque de la renaissance.
11 serait peu utile en effet pour notre sujet de compulser les oeuvres produites pendant les âièclês
noirs du moyen âge. Pourtant il est un point qu’il importe de ne pas omettre de rappeler; la
connaissance d’un fait remarquable date de cette période. Les amateurs de Fauconnerie s étaient
aperçus que les os des Oiseaux ont leurs cavités remplies par l’air. Le petit-fils de Barberousse,
l’empereur d’Allemagne, Frédéric I I, qui occupait le trône au commencement du treizième siècle,
mentionna cette observation dans un Traité sur la chasse (1). Il fit aussi des remarques s»r le
sternum, notant que chez la Grue il existe une cavité, pour recevoir la trachée-artère, considéra la
saillie que forme chez beaucoup d'Oiseaux aquatiques l’os de l’aile correspondant au pouce des
Mammifères et décrivit les poumons, puis l’estomac des Gallinacés et des Rapaces (2).
De son côté, Albert le Grand a laissé quelques notions touchant les organes génitaux du Coq et
de la Poule (3 ).^ |
Avec le seizième siècle commencent à paraître les observations sérieuses.
Belon, déjà cité ici pour son essai de classification, s’attacha à établir l’unité de plan entre la.
charpente de l’Oiseau et celle de l’homme. Pour sa démonstration il représenta en regard ■ d un
squelette humain le squelette d ’un Oiseau dressé (4).
Peu d’années après, un professeur de Nuremberg, Coiter, porta une attention sérieuse sur-les traits
les plus apparents de l’organisation des Oiseaux, et consigna succinctement les résultats de ses
recherches dans un chapitre spécial (5). ■
L’anatomiste allemand avait reconnu l’épaisseur du diploé des os crâniens dans les Rapaces
nocturnes, la surface lisse des_ hémisphères cérébraux, la grandeur du cervelet proportionnellement
au volume du corps; il avait constaté que les membranes et les humeurs de loeil diffèrent beaucoup
de celles des autres animaux; que le cristallin est plus grand, qu’il existe un anneau côrné engagé
entre les lames de la sclérotique, et que l’oreille présente une membrane superficielle lâche,
notamment dans les Oiseaux chanteurs, et au-dessous une membrane mince, tendue au-devant du
conduit auditif, à laquelle adhère un osselet analogue au marteau.
A la suite de cet énoncé., l’auteur entre dans divers détails sur la position des oreilles, suivant les
différents types. Passant brièvement en revue les formes variées de la langue chez les Oiseaux, il
s’appesantit particulièrement sur la singulière conformation de l’appareil lingual chez les Pics. Un
coup d’oeil est jeté sur les organes de la respiration, la trachée-artère, les bronches, les poumons,
et notre auteur constate que ces derniers, solidement fixés aux côtes et aux vertèbres thoraciques,
(1) Le célèbre Blumenbach a remis en mémoire c e fait u n peu oublié. Handbuoh der vergleichenden Anatomie, p . 252 (1805).
(2) lleliqua librorum Friderici imperatoris. De Arte Venandi cum Avibus. Ed it. Schneider (1788).
Il existe plusieurs édilions d e c et ouvrage. On assu re que la B ibliothèque Mazarine en possède u n manuscrit beaucoup p lu s comp
le t q u ’aucune d’elles.
(3) De animalibus, lib. I I , c ap . n i e t iv . De membris gehitalibus animalium omnium secundum comparationem ad genitalia
hominis, e t De diversitate matricum animalium generantium vel ovantium. Voyez l’édition d e Lyon (1651).
(4) L’histoire de la nature des Oiseaux, p a r Pierre Belon, d u Mans, p . 41. P a ris (1555).
(5) De anatomia Avium, in Æxternarum et internarum principalium humani corporis partium tabula atque anotomicoe eccerci-
tationes. — Ôbsirvationts antom. cliirurg. Miscellanea, p . 130. Norimbergæ, in-fol. (1573).