combien ici sont grandes les différences du Phryne au Thélyphone ou au Scorpion. Chez le Phryne, à
la vérité, les testicules ont une apparence autre que chez le Thélyphone, à cause de leur volume plus
faible, à cause surtout de leur allongement considérable.et de leurs sinuosités, mais dans cet allongement,
on aperçoit un rapport avec une conformation ordinaire chez les Aranéides. Ce sont du reste les
organes copulateurs qui présentent entre les trois types de l’ordre des Pédipalpes les dissemblances
les plusTrappantes, dissemblances dans la situatioh et dans les proportions aussi bien que dans la con-
figuration générale et dans la structure des parties.
L’appareil femelle du Phryne, comparé à celui d es'antres Pédipalpes, a également ses caractères
propres. Il n’y a plus que deux tubes ovariques au lieu de quatre , e t ces deux tubes, indépendants
l’un de l’a n tre , affectent une ressemblance manifeste avec les parties homologues des
Aranéides.
Accouplement. Fécondation. — II est de toute évidence, d ’après la situation des orifices génitaux,
que le mâle et la femelle ne peuvent s’accoupler qu’en se rapprochant p ar la face ventrale; seulemept;
à défaut de l’observation directe, il est difficile de savoir d’une manière sûre quelle situation respective
prennent les deux individus. Dans leur état de prolraction, les verges sont assez peu saillantes au
dehors pour rendre nécessaire un rapprochement très-intime entre le mâle et la femelle, e t comme
elles sont dirigées en arrière, il semble que'l’intromission ne saurait avoir lieu si les deux individus ne
se placent en sens inverse. D’après la conformation de l’appareil femelle, il est impossible que la
fécondation ne s’opère pas de même que chez le Scorpion, la liqueur séminale entrant dans les
oviductes pour pénétrer ensuite dans les tubes ovariques. R est donc fort probable que les modifications
considérables que nous constatons dans les organes copulateurs du Phryne, du Thélyphone et du Scorpion,
ont tout particulièrement pour objet une adaptation au mode d ’accouplement.
Les modifications du type dam la famille des Phrynéides. — Nous avons fo rtp eu de chose à mentionn
e r touchant lès modifications qui existent entre les espèces de la famille des Phrynéides ou du genrë
Phryne. Les variations dans les formes extérieures n’offrent pour la plupart rien d’essentiel à noter; il
faudrait s arrêter à des détails purement spécifiques sans intérêt pour notre sujet. D’après cette fixité
dpns les caractères extérieurs, on peut être assuré, malgré l’absence d’observations directes, que lés
variations organiques entre les représentants du groupe des Phrynes sont absolument insignifiantes.
Chez ces Arachnides, les pattes-mâchoires seules se modifient d’une manière un peu remarquable.
Dans les espèces américaines, ces appendices, tout en s’allongeant plus-ou moins,, conservent la
même forme générale; au contraire, cbez des espèces de l’Inde, comme le Phrynus reniformis (1) p ar
exëmple, les pattes-mâchoires sont non-seulement très-longues, mais encore très-grêles comparativement,
et les jambes ont leurs grandes épines situées tout à fait à l’extrémité. Les variations dans les
pattes-mâchoires, qui paraissent ne coïncider avec aucune autre modification tant soit peu notable, ont
certainement pour but de répondre a certaines conditions biologiques.
(1) PhüMngmm ron ifo rnu , Linn é, U m u m L o im im Ulricw Ik g in w , p. 4 5 7 .-T am n tu la lunata, Fabridnu,E M m o k g ia m -
temotica, t . H , p . 4 33.— Pkalangium.lunatum, Herbst, Natvrgesctochte t e r Unge/lügeltm Instelcn. Phalang. Tab 3 — LePhrynus
scaber, (Servais (ffiMoire nul. te s Insectes ap tè res, t . m , p. 3 ) , des des Sdehelles, a les paltes-mâehoires conformées comme
chez 1 espèce précédente, ainsi que l e Phrynus ceylonicus, Koch, Die Arachniden, p . 3 3 6 , fig. 7 7 6 .
Un Phryne fossile a été découvert par M. Marcel de Serres dans les gypses d’Aix, en Provence (1).
Malheureusement, cet Arachnide n’a pas été étudié d’une manière comparative avec les espèces
vivantes.
Résumons brièvement les différences que présente le typé Phryne comparé au type Thélyphone et
au type Scorpion. C’est le même plan général pour chaque système organique, mais avec des modifications
secondaires très-sensibles. Dans le système tégumentaire, ce sont d ’abord des différences dans
les proportions relatives; c’est chez le Phryne, par rapport aux deux autres types, une simplification
dans la conformation des chélicères e t des pattes-mâchoires, e t une adaptation plus complète que chez
le Thélyphone des pattes de la première paire à un usage spécial. La nature du développement des
pièces sternales, les proportions relatives des articles des appendices locomoteurs, les particularités
offertes par l’abdomen, sont caractéristiques à peu près au même degré dans les trois types. A l’égard
des muscles, les différences apparaissent surtout dans le volume et ensuite dans la division de quelques-
uns d’entre eux. Pour le système nerveux, c’est chez le Phryne un degré de centralisation porté beaucoup
plus loin que dans les autres Pédipalpes. Pour l’appareil digestif, ce sont principalement des différences
dans la configuration de l’estomac, dans le développement e t dans le degré de complication
des glandes stomacales. En ce qui concerne l’appareil respiratoire, on constate une très-grande
ressemblance entre le Phryne e t le Thélyphone, e t une égale différence avec le Scorpion. A l’égard
de l’appareil circulatoire, c’est chez le Phryne une modification très-sensible dans les caractères
du coeur et de l’aorte. C’est ensuite l’absence de tout organe de sécrétion spéciale, e t enfin,
pour les organes de la génération, ce sont des modifications à peu près équivalentes entre les trois
•types.
De la comparaison de ces Arachnides il résulte clairement que les ressemblances e t les différences
sont presque également partagées entre eu x , que les Thélyphones constituent u n terme moyen
èntre les Scorpions et les Phrynes, e t que ces derniers présentent le type des Pédipalpes modifié
de façon à être rapproché du type des Aranéides. Les auteurs qui ont groupé les Thélyphones avec les
Scorpions, en en séparant les Phrynes, n’étaient donc pas mieux fondés que ceux qui ont placé dans
la même division les Phrynes et les Thélyphones, à l’exclusion des Scorpions. Ce sont certainement trois
types liés entre eux par des rapports d’organisation très-réels, mais véritablement des types bien distincts
chacun à peu près au même degré, en un mot, des types de famille naturelle.
(4) Géographie physique, dans Y Encyclopédie méthodique. — Terrains de sédiment supérieur, p . 45.