L’état peu avancé de ces oeufs ne nous a pas permis malheureusement de reconnaître si les embryons
se développaient dans le corps de leur mère.
Les oviductes sont larges e t d’une assez grande longueur ( t ) ; en continuité directe avec le tube
ovarique externe, ils reçoivent sur leur côté intérieur le tube interne. Vers leur sommet, ils se recourbent
e t s’unissent l’un à l’au tre , de manière à former un large vestibule, une sorte de vagin, dont
l’ouverture est très-extensible (2). L’orifice génital de la femelle est placé au même point que celui
du mâle.
Il suffit d e considérer un instant les figures que nous avons données des organes de la génération du
Thélypbone e t du Scorpion, pour saisir les différences remarquables qui se manifestent ici entre ces
deux Arachnides. Les organes mâles, surtout, sont profondément caractérisés dans les deux types. On
retrouve, à la v érité, dans la disposition des testicules et des verges, une conformité de plan réelle*
mais il est besoin de s’y arrêter pour la saisir, tant il y a de dissemblance dans la configuration des
parties. Les organes femelles du Scorpion et du Thélyphone semblent moins modifiés; la différence la
plus frappante se fait remarquer dans l’absence, chez le Thélyphone, de communications transversales
entre les tubes ovariques.
Accouplement.— Fécondation.— La position des orifices génitaux ne permet pas de supposer que le
mâle et la femelle puissent s’accoupler autrement qu’en s’appliquant l’un contre l’autre par la face
ventrale. Les deux individus se renversent nécessairement de côté pour parvenir à se réunir. Suivant
toute apparence, ils se maintiennent rapprochés à l’aide de leurs pattes-mâchoires et de leurs premières
pattes ambulatoires, dont le tarse a une grande longueur e t une extrême flexibilité. Au moment
où les verges sont projetées, elles doivent, s’engageant d ’abord dans la vulve, pénétrer chacune dans
l’un des oviductes; la largeur de ces conduits comparée à celle des tubes ovariques, et leur'courbure
dans le même sens que les verges, font de cette supposition à peu près une certitude. La liqueur séminale,
étant versée dans les oviductes, s’écoule naturellement dans les oviductes, et tout doit nécessairement
se passer, quant à la fécondation, absolument comme chez le Scorpion.
Maintenant, résumons rapidement les rapports et les dissemblances que présente le type Thélyphone
comparé au type Scorpion. C’est tout à fait le même plan général, mais le même plan sensiblement
modifié dans les détails. A l’égard du squelette tégumentaire apparaissent à la première inspection des
différences prononcées, qui toutefois ne portent guère que sur les formes : les proportions des parties
du corps sont très-modifiées; la position et le mode de groupement des yeux sont caractéristiques dans
chaque type; les chélicères, avec la même conformation générale, offrent de p art e t d’autre certaines
particularités ; les pièces sternales ont chez le Thélyphone u n développement qui n’existe pas chez le
Scorpion; les pattes-mâchoires e t les pattes ambulatoires de la première paire ne sont pas conformées
d’une manière identique dans ces deux Arachnides, et les proportions des diverses parties d e l’abdomen
diffèrent d’une façon remarquable. Pour les muscles, ce sont principalement des modifications
dans le volume proportionnel. Pour le système nerveux, c’est un degré de centralisation plus élevé
chez le Thélyphone que chez le Scorpion. L’appareil digestif offre des différences plus prononcées; la
plus considérable est fournie p ar la configuration de l’estomac. Sous le rapport des organes de la respiration,
chaque type est parfaitement caractérisé; les poumons sont en plus grand nombre dans le
Scorpion que dans le Thélyphone, et ici leur localisation est plus étroite. En.ce qui concerne l’appareil
circulatoire, on constate les plus grands rapports avec d’infinies différences de détail. L’organe
de sécrétion spéciale est notablement modifié; sa forme est particulière à chacun des deux types, e t
?qn produit n’est employé ni de la même façon ni pour le même usage. Enfin, les organes de la
génération, tout en montrant un plan général semblable, présentent des différences très-grandes dans
les formes, et ces différences sont surtout considérables pour les organes mâles.
Nous n ’avons rien à dire touchant les modifications du type dans la famille des Thélyphonides. Sous
le rapport des formes extérieures, les espèces peu nombreuses qui composent cette division zoologique
ne présentent aucune différence tant soit peu importante. Cette ressemblance suffit, pour ainsi dire,
à donner la certitude que l’organisation intérieure de ces Arachnides est partout la même, sauf de
bien légères nuances dans les formes. Nous n e nous en serions pas néanmoins tenu à une supposition,
toute fondée qu’elle puisse ê tre , si nous avions eu ces espèces en étatrd’être disséquées, mais il n ’en a
pas été ainsi. Nous avons examiné seulement un individu défectueux du Thélyphone de Java; ses principaux
viscères, comparés à ceux du Thélyphone des Antilles, ne nous ont offert aucune particularité
digne d’être rapportée.