moins d ’avortement, un sclérodermite particulier entre chaque paire de pattes. On ne découvre chez
la Mygale aucune trace de pièees épisternales, et il serait difficile de décider si leur absence provient
d ’un avortement complet ou de leur coalescence avec le sternum; l’étude de l’embryon seule pourrait
peut-être permettre de résoudre ce point.
Entre les types de l’ordre des Pédipalpes, nous avons eu à constater des différences très-notables
dans le développement des pièces sternales. Très-réduites chez les Scorpions, elles le sont un peu
moins chez les Thélyphones, et elles atteignent des proportions assez considérables chez les Phrynes.
Dans les Aranéides, elles sont plus développées encore et unies de façon à constituer une seule lame
solide; or, plus les sternites concourent dans une large mesure à former la portion inférieure de la
Cage thoracitjue, plus les articles basilaires des appendices locomoteurs se trouvent dégagés; ce qui
donne aux pattes une plus grande liberté de mouvements. De là , l’agilité des Arachnides, dont le
sternum est large, et la lenteur relative des espèces chez lesquelles il est rudimentaire e t les coxopodites
rapprochés sur la ligne médiane du corps.
La pièce sternale antérieure, l è v r e ou la n g u e t t e des auteurs, doit être considérée comme le sternite
des pattes-mâchoires devenu libre de m anière à servir à un usage particulier. Pour le besoin spécial,
un organe nouveau n ’est pas créé, mais une partie modifiée à certains égards se trouve adaptée au
rôle qui est à remplir. C’est le procédé ordinaire de la n a tu re , dont tous les groupes du Règne
animal fournissent de nombreux exemples.
Appendices thoraciques. — Les appendices thoraciques, au nombre dé cinq paires, se distinguent
toujours en pattes-mâchoires e t en pattes, ambulatoires; mais au lieu de présenter des formes tout à
fait dissemblables, comme chez les Pédipalpes, ces deux sortes d’appendices offrent la même conformation
générale.
P a t t e s -m â c h o i r e s . — Celles-ci sont les moins volumineuses, au contraire de ce que nous avons vu
chez les types précédents; elles ont, du reste, la même situation avancée sur les côtés de la
bouche (1). Leurs divisions, la hanche ou coxopodite, le trochanter ou basipodite, la cuisse ou
méropodite, la jambe et le tarse, sont semblables à celles des pattes ambulatoires.
Le coxopodite contribue à former la portion antérieure et inférieure de la cage céphalothoracique.,
de telle sorte qu’il ne dépasse le bouclier dorsal que d’environ un tiers de sa longueur. Il est massif,
avec sa face antérieure lisse, presque plane, seulement un peu projetée en pointe à son extrémité, et
son bord inférieur garni d’une brosse'de poils longs et serrés.
Le trochanter inséré à la suite de la hanche est très-court, étranglé à son origine et légèrement
échancré en dessus à son extrémité. Cet article a une mobilité très-restreinte; il se redresse dans une
certaine mesure sur le coxopodite et s’étend sur le même plan horizontal, se trouvant retenu dans son
mouvement d’abaissement par la saillie terminale de cette dernière pièce.
La cuisse emboîtée à son origine par le trochanter est assez allongée, fortement cintrée en avant,
courbée en arrière et très-échancrée en dessous à l’extrémité. Elle est articulée de façon à s’étendre
sur une ligne horizontale et à se dresser verticalement par suite de l’échancrure supérieure du
trochanter e t en même temps à ne pouvoir presque subir aucun déplacement latéral.
La jambe n ’a guère plus de la moitié de la longueur de la cuisse; amincie à son insértion avec cette
dernière, elle devient épaisSé et presque arrondie vers le bout. Cet article est susceptible de s’étendre
et de se fléchir sur la cuisse; Pextrémité supérieure de celle-ci étant coupée un peu obliquement d’avant
en a rrière, la jambe se trouve portée sensiblement en avant dans son mouvement de flexion et plus en
dehors dans son mouvement d’extension.
Le tarse est formé de deux articles; le premier, assez long chez le mâle, plus court chez la femelle,
est à peu près cylindrique e t échancré à son extrémité inférieure; le second, plus aplati, moins long*
est également échancré en dessous, mais à son origine, de manière à pouvoir se fléchir complètement
sur le précédent. Le tarse du m âle se termine p ar un crochet qui offre un développement fort considérable
et se trouve converti en un organe de copulation; celui de la femelle, au contraire, porté
seulement deux petits crochets simples e t rétractiles, tout à fait semblables à ceux des pattes
ambulatoires.
Les pattes-mâchoires sont couvertes de poils, les uns courts et assez fins, les autres longs e t plus
roides, très-propres à leur donner un tact assez délicat; nous constatons, en effet, qu’il suffit
d’effleurer ces poils pour que l’animal manifeste le sentiment d’un contact.
Les pattes-mâchoires de la Mygale, au moins pour la femelle, ne sont que des pattes un peu plus
petites que les autres (1); elles n’en diffèrent guère que par leur tarse partagé seulement en deux
articles au lieu de trois, et p ar la présence d’une brosse de poils au bord inférieur de leur coxopodite.
Servant aussi à la locomotion, elles ont un emploi très-limité dans l’acte de la manducation; leur article
basilaire n’a point ici, comme chez beaucoup d’autres Aranéides, de lobe en forme de mâchoire,
e t la brosse seule peut venir en aide pour retenir les aliments. Les pattes-mâchoires, par leur situation
en avant du corps, servent à l’animal à saisir e t à maintenir sa proie; mais on sait que les Aranéides,
en général, font usage dans le même but de leurs véritables pattes; les premières n’étant point converties,
comme chez les Pédipalpes, en instruments affectés d ’une m anière spéciale à la préhension.
En traitant du Scorpion (2), nous nous sommes attaché à établir que les pattes-mâchoires étaient
de véritables pattes un peu refoulées vers la bouche e t un peu détournées de leur usage ordinaire ; la
démonstration devient complète lorsqu’on examine comparativement la conformation de ces appendices
chez la Mygale, où ils conservent presque entièrement l’usage ordinaire des pattes-..,.
Pattes ambulatoires. — Portion basilaire. — Malgré le développement du sternum, les hanches ou
coxopodites des quatre paires de pattes ambulatoires forment encore une grande partie de la région
inférieure de la eage thoracique (3). Elles se trouvent ainsi, au moins dans les deux tiers de leur
longueur, au-dessous du bouclier dorsal ; leur extrémité seule fait saillie sur les côtés du corps (4),
absolument comme pour la pièce basilaire des pattes-mâchoires. Les trois premières paires de coxopodites
sont également séparées par le sternum; ceux de la quatrième paire, articulés en arrière de la
pièce sternale, sont au contraire presque contigus (5). Tous les articles basilaires des appendices
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(2) Page 23.
(3) P l. 4 2 , fig. 2 d , d , e t fig. 9 d , e , f , g
(4) Pl. 4 2 . fig. 4 e t fig. 9 * .
(5) Pl. 4 2 , fig. 2 e t 9: '