suivant les espèces furent regardées avec assez de raison par Latreille comme des caractères d’une
très-faible valeur.
Cependant en 1817 n n naturaliste an g la isL e ac h (1), avait distingué sons, le nom de Buthm les
Scorpions pourvus de huit y e u x , réservant celui de Swrpto pour ceux qui n’en présentent que six.
Plus ta rd , le genre Androcloims fut établi par MM. Hemprich et Ehrenberg pour les espèces pourvues
de douze y e u x , et celui de Centrurus pour ceux qui en présentent dix (2):
Mais l’on ne devait pas encore s’en tenir à ces divisions.. En 1837, un entomologiste allemand,
M. Koch, dans un ouvrage descriptif sur les Arachnides (3), crut pouvoir élever au rang de familles
ces genres fondés essentiellement sur le nombre des yeux, et alors, presque uniquement d’après la
considération de la grosseur de ces organes et des plus légères différences dans leur position, il indiqua
toute une série de nouveaux genres.
Plus récemment, M. P. Gervais pensa, au contraire, devoir en revenir à l’ancien genre Scorpio,
n’admettant ceux établis à ses dépens que comme de simples divisions ou des sous-genres, faisant
remarquer que la plus grande ressemblance existe souvent entre les Scorpions à d ix yèux latéraux et
d’autres qui n’en ont que huit ou même s ix ; et enfin, tenant compte, dans la caractéristique des divisions,
de la forme du céphalothorax, de la portion caudiforme de l’abdomen et des organes pectiniformes.
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C’est l à , en effet, l’expression zoologique la plus exacte que l’on puisse donner de la famille des.
Scorpionides. L’étude la plus sérieuse des caractères extérieurs conduit à n’y reconnaître qu’un seul
type, très-faiblement modifié suivant les espèces; L’étude de l’organisation interne, comme nous le
montrerons plus loin, place ce résultat hors de toute incertitude.
L’espèce qui doit ici nous servir de type principal est naturellement celle d e notre pays.
LE SCORPION ROUSSATRE (SCOR PIO OCCITANUS).
S corpio occitanes. Amoreux, Journal de P hysiqtle, t. XXXV, p . 9 (4789).
Latreille, Genera Grustaceorum et Insectorum, 1.1, p . 432.
Gervais, Hist. des Insectes aptères (suites à Buffon), t. III, p. 4 2 , pl. 2 3 ,. fig. 4.
Scorpio tbnetanus. H e rb s t, Scorpion, p . 6 8 , pl. 2 , fig. 2.
Cet Arachnide est long de 80 à 85 centimètres; entièrement d’une couleur jaunâtre, assez pâle,
surtout pendant la v ie, avec l’aiguillon noirâtre, un céphalothorax garni de granulations formant des
lignes ondulées, dont l’une figurant un sourcil granuÜfère; l’extrémité des pattes-mâchoires médiocrement
renflée; des peignes présentant environ une trentaine de dents, et un abdomen finement granuleux
, avec des carènes très-crénelées sur les zoonites de la portion caudiforme.
Ce Scorpion est répandu dans une grande partie de l’Europe méridionale e t du nord de 1 Afrique.
On le trouve dans le midi d e la F rance, principalement dans le Languedoc; de là le nom qui lui a été,
appliqué. Il est commun aux environs de Cette, de Port-Vendre, etc.
C’est cette espèce qui a servi particulièrement aux observations anatomiques de Cuvier, de Meckel,
de MM. Marcel de Serres et Léon Dufour. C’e st, au contraire, le Scorpio europoeus qui a été étudié
par Treviranus, et le Scorpio afer de l’Inde par M. Newport.
(4) Transactions o f th e Linnean Society, t. X I , p . 394 (4842), e t Zoological Miscellany, t. III, p. 5 3 , pl. 443 (4845).
(2) Yorlaufige Uebersicht der in N ord-Africa und West-Asien einheimischen Scorpione.
(3) Die Arachniden System.
SYSTÈME TÉGOMENTAIRE.
Le système tégumentaire de notre Scorpion est d’une consistance assez solide. Il est coriace e t d’une
épaisseur, lorsque l’animal est adulte, qui n’est pas moindre d’an vingtième à un dixième de millimètre,
suivant les différentes parties du corps.
En coupant une tranche du tégument aussi mince que possible, et en plaçant cette pièce sous le
microscope de manière à l’observer dans le sens de son épaisseur, on distingue nettement deux couches
principales (1), l’une superficielle, l’épiderme, l’autre profonde, le derme ou chorion. L’épiderme (2)
se montre strié longitudinalement ; ce sont des stries qui ne se suivent pas dans toute la longueur, qui
se présentent, au contraire, comme fréquemment interrompues; en général, elles ont une extrême
finesse, mais quelques-unes sont plus prononcées que les autres.
La couche profonde (3) est séparée de la première par une ligne extrêmement étroite: c’est une
faible quantité de matière colorante interposée, toujours assez peu considérable chez le Scorpion de
notre pays pour laisser au tégument une certaine transparence. Le derme offre une épaisseur plus considérable
que l’épiderme, et il est lui-même formé de deux portions plus ou moins distinctes suivant
les parties que l’on vient à observer. La partie située exactement sous L’épiderme est la plus dense;
outre le tissu fibreux que présente dans sa. totalité cette couche de la peau, on y aperçoit un assez
grand nombre de granules plus solides et des canalicules transverses. Dans la portion tout à fait profonde,
qui est la plus molle, on ne distingue, au contraire, que des fibres extrêmement serrées.
Pour mieux reconnaître la structure du tégument, il devient nécessaire de séparer l’épiderme du
chorion; mais cette opération présente toujours quelque difficulté. Si l’on agit sur l’animal vivant ou
sur l’animal qui vient de mourir, on parvient, à l’aide d’une aiguille ou mieux d ’une lame extrêmement
fine, à séparer les deux couches tégumentaires sur quelques points, mais toujours, du reste,
dans une bien petite étendue. Si l’animal a été desséché ou conservé dans l’esprit-de-vin, cette opération
devient à peu près impossible. Au contraire, en plaçant soit l’animal entier, soit simplement une
portion du tégument, dans une dissolution de potasse caustique légèrement chauffée, la matière colorante
se détruit et la séparation des deux couches s’effectue alors avec une grande facilité, sans que
leur substance, composée essentiellement de chitine, paraisse en rien altérée.
L’épiderme ainsi isolé de l’autre couche cutanée se présente sous l’apparence d’une lame mince et
coriace. En le soumettant au microscope de façon à examiner sa surface par transparence, sous des
grossissements de 150 à 300 diamètres (4), on voit de la manière la plus nette une multitude de
petites aréoles disposées les unes contre les autres, comme les cellules des gâteaux d’abeilles, en affectant
toutefois une forme beaucoup moins régulière. Ce sont ces aréoles q u i, vues de côté dans l’épaisseur
du tégument, forment des stries interrompues. Cette structure cependant paraît quelquefois
s’effacer plus ou moins dans certaines portions d ’épiderme, particulièrement sur les pattes (5 ); alors
on distingue des granules en assez grande abondance et des espaces arrondis d’une densité plus grande
que le reste du tissu, ce qui les fait paraître plus opaques sous le microscope. D’espace en espace on
remarque des poils; là il existe de petites cavités ayant un rebord saillant; les poils, toujours assez
courts, sont aussi très-coniques, et ils offrent des stries longitudinales bien apparentes, particulièrement
sur les plus gros.
(4) Pl. I , fig. 3.
(2) Fig. 3-a.
(3) Fig. 3-6.
(4) Pl. I, fig. | et 5.
(8) Kg- 5.