F a m i l i e d e s PH R Y N É ID E S . (PHRYNEIDÆ.)
Les caractères zoologiques qui distinguent les Phrynéides soit des Thélyphonides, soit des Scorpio-
nides, sont des plus manifestes. Les Phrynéides ont le corps large, assez co u rt, déprimé; des yeux
au nombre de hu it, deux principaux placés sur un mamelon occupant la ligne médiane près le bord
antérieur du céphalothorax, les autres plus petits, situés sur les régions latérales e t disposés de chaque
côté en un groupe de trois; des antennes ou chélicères ne formant point la pince e t terminées par un
crochet mobile; des pattes-mâchoires très-développées, en forme de griffe à leur extrémité, c’est-à-
dire portant un simple crochet mobile ; des pattes antérieures pourvues d’u.n tarse extrêmement long,
composé d’un nombre considérable d ’articles, et aminci graduellement jusqu’à l’extrémité, à la manière
d’une antenne filiforme; un abdomen rétréci à sa jonction avec le thorax, sans portion caudiforme,
et totalement privé de queue.
Entre tous les Pédipalpes, les Phrynéides se font encore remarquer par la présence d’une tige mobile
insérée au-devant du sternum, décrite par les naturalistes comme une languette. De même que les
Thélyphonides, ils sont dépourvus de lamelles à la base de la région ventrale, et de crochet caudal
destiné à servir de passage à un liquide venimeux.
La famille des Phrynéides est représentée par un assez petit nombre d’espèces disséminées, comme
les Thélyphones, particulièrement dans les régions chaudes de l’Amérique et de l’Asie. Ces espèces
qui se rattachent à un seul genre, le genre Phryne (Phrynus) , n ’ayant été de la p a rt d ’aucun auteur
l’objet d’une étude comparative, sont demeurées assez imparfaitement déterminées, bien que Ton
connaisse ce type d ’Arachnides depuis près de d eux siècles. Dès le temps où Ton commença à rechercher
les animaux des contrées lointaines, on vit paraître des Phrynes dans les musées d’Europe.
Selon toute apparence, ce type étrange fut pour la première fois décrit et figuré, d’une manière très-
grossière à la vérité, par un naturaliste hollandais, Steph., B lankaart(l). Plus tard le voyageur anglais
J. Petiver donna l’image d’un Phryne de l’île de la Barbabe (2). Éléazar Albin signala également une
espèce de ce genre, sans en mentionner l’origine, dans un livre spécial sur les Arachnides (3); l ’auteur
bien connu d’une Histoire de la Jamaïque, Patrick Brown, dans l’énumération des animaux qui
habitent cette île, donna la description e t la figure d’un Phryne qui, suivant toute probabilité, ne
diffère pas spécifiquement de celui de Petiver (Phr. reniformis Latr.) (4). Au siècle dernier, les productions
naturelles de l’In d e, de la Malaisie, de la Guyane, étaient surtout apportées en Hollande, aussi
les recueils publiés par les savants de ce pays offrent-ils des figures de Phrynes : le vaste ouvrage de
(1) Schou-burg der Rupsen, Wormsen, Maden en Vligende Dierkens, bl. .131-132. Tab. xvji, fig. B (esp. de Surinam) 8°-
Amsterdam (1688).
(2) Pterigraphia americana, tab. x x , fig. 42 (sous le nom de Cancellus barbadensis aranoeoides) (4702).
(3) Na tura l History o f Sp id ers, lUustrated w ith 53 copper pla te s, p. 5 5 , pl. 3 6 , n° 478. Lond. (4736).
(4) C ivü and natural History o fJ am a ic a ( Ta rantula ,— the Scorpion-Spider), p. 4 49, tab. 4 4 , fig. 3. London (4 756) Autre
édition (4789).
Seba (1), I Atlas de' Gronovius (2), Y Histoire naturelle de Martin Houttuijn, composée d’après le système
de Linné (3), '
Linné décrivit un seul Phryne provenant de l’In d e , e t le plaça dans son genre Phahmgium (Ph. re-
niforme) ( i). Après lui Pallas en fit connaître une seconde espèce (5); seulement il appliqua à celle-ci,
qui est propre aux Antilles, le nom attribué p a r Linné à l’espèce de l’Inde la plus répandue, et cette
dernière reçut une autre dénomination (Ph. lum tim ), qui est restée employée p ar les entomologistes
bien que l’erreur du célèbre zoologiste allemand a it été signalée p ar Latreitle (6). Fabriciu3, dans ses
premiers écrits, à l’exemple de ses devanciers, classa les Phrynes avec les Phalangium (7), mais plus
tard il en forma, avec le Thélyphone, son genre Tarantula (8), qui n ’a pas été adopté. Herbst, qui
connut quatre espèces différentes de Phrynes, continua à ranger ces Arachnides dans le genre Phalan-
gium (9).
Le genre Phryne (Phrynus) a été établi p ar Latreille en 1802 (10), en lui donnant pour auteur Olivier,
cité depuis dé confiance dans tous les ouvrages traitant des Arachnides. Un savant distingué de la
Hollande seul, M. Yan der Hoeven, déclare, dans une intéressante notice sur les Phrynes (11), n ’avoir
pu apprendre dans quel écrit Olivier a mentionné ce genre. A cela il y a une excellente raison, Olivier
n e Ta mentionné nulle part.
Peu de temps après la publication de Latreille parut le mémoire posthume de J. Fr. Herman, dans
lequel cet'auteur, faisant remarquer combien est défectueux le genre Phalangium d e Linné, propose
un genre Rhaco comprenant les Phrynes e t les Galéodes (12); l’association de ces deux types n ’était
certes pas heureuse.
Les entomologistes modernes ont fait connaître plusieurs nouvelles espèces de Phrynes; Perly en
cite une dé la région de l’Amérique du Sud que traverse l’Amazone (13); M. Koch en décrit dix
espèces, soit de l ’Amérique, soit des Indes orientales, ajoutant ainsi cinq espèces à la liste de celles
déjà enregistrées par les auteurs précédents (14). De son côté, M. P. Gervais en signale quatre encore,
qu’il regarde comme inédites, l’une,provenant des îles Séchellès, et peut-être aussi de l’île Maurice,
les autres d e l’Inde ou de l’Amérique méridionale (15).
(4) Locupletissimi rerum naturalium Thesauri descriptio, t. IV, p. 4 0 0 -4 0 4 , tab. 9 9 , fig. 43 (4765).
(2) Zoophylàcii Gronoviani fasciculus secundus, p . 246 (Phalangium), in-fol.’ Lugduni Batavorum (4764).
(3) Na tuurlÿke Historié volgens het samenstel von Linnoeus, pl. 4 , fig . 4 . Amsterdam (4769).
(4) Sy stem an a turoe , edit. 42“, p . 4020. Holmiæ (4767).
_ (5) Spicilegia soologica, fasc. ix , p . 3 3 -3 7 , tab. 3 , fig. 3 -6 . Berolini (4772).
(6) Généra Grustaceorum et Insectorum, t. 4 , p . 429 (4806).
(7) Systema entomologioe, p . 444 (4775), e t Species Insectorum, 1 .1 , p .’548 (4 784).
(8) Entomologia systematicÿ, t. H , p . 432. Hafniæ (4793).
(9) Natursystem der Ungeflügelten Insecten; Erstes Heft.-— Naturgeschichte ¿1er Insecten Gattungcn Solpuga und Phalangium
(Ph. lunatum Pall., Ph. medium Herbst, Ph. reniforme Pall., et Ph. palmatum Herbst), in -4 °. Berlin (4797).
(40) Histoire naturelle des Crustacés et des Insectes, t. III, p. 48 (an X — 4802).
(44) Bijd ra g en to t de hennis v an het geslacht Phrynus, Oliv. — Tijdschrift voor Natuurlijke geschiedenis en Physiologie, deel IX,
bl. 68 (p . 80, note 4). Leiden (4842).
(42) Mémoire aptérologique, p . 9 6 . in-fol. Strasbourg (4804).
(4 3) Delectus Animalium articulatorum quoe collegerunt Dr J. B. d e Spix et Dr C. F. Ph. d e Martius (Phrynus variegatus), p. 200,
tab. 39, fig. 40. Monachii (4830-4834).
(44) Die Arachniden Bd Yffl (Phr. marginemaculatus e t Phr. pumilio) (4844 ) , Bd X (Phr. ceylonicus) (4 843), et Bd XV (Phr.
fuscimanus e t Phr. nigrimanus) (4848)..
(45) Bulletin de la Société philomatique; — journal Mnstitu t, p. 7 2 (4 8 4 2 ), e t Histoire naturelle des Insectes aptères, t. f f l ,
p . 3 , etc. (Phr. scaber, de s îles Séchelles; Phr. cheiracanthus, de la Guyane anglaise; Phr. Grayi, de Manille; e t Phr. Whitei.
du Bengale).