O r d r e d e s ARANÉIDES (ARANEIDES ) ' ^ 3
Cç sont les Arachnides qni ont le corps revêtu ordinairement d’un tégument assez flexible, toute la
partie supérieure du céphalothorax d'une seule pièce, e t-l’abdomen pédicellé, sans annulations,
portant dans le voisinage de l’oriflce anal des mamelons cylindriques ou coniques, percés d’une infinité
de petits trous pour le passage de fils soyeux; q u i, en outre, ont des y eu x , au nombre de six ou de
h u it, diversement groupés suivant les genres » mais toujours situés Bur le devant du céphalothorax;
des antennes-pinces pourvues d’un crochet ou doigt mobile replié en dessous, ayant près de son
extrémité inférieure une très-petite fente destinée à livrer passage à un venin; des pattes-mâchoires en
forme de petites pattes, ne se terminant jamais ni en pince ni en griffe, mais ayant dans les mâljæ
leur dernier article conformé pour servir d ’organe copulateur.
A ces caractères extérieurs, il faut ajouter que ce sont des Arachnides pourvus d’organes affectés à
la sécrétion d’un matière soyeuse, dont les chélicères ou antennes-pinces renferment des glandes
destinées à la sécrétion d’un venin, dont la respiration s’effectue tantôt au moyen exclusif .de sacs pulmonaires,
au nombre soit de deux, soit de quatre, tantôt au moyen à la fois de sacs pulmonaires et
de trachées.
L’ordre des Aranéides peut être cité comme l ’une des divisions les plus naturelles e t les mieux
caractérisées du règne animal tout entier. Cette division est i f parfaitement circonscrite, qu’à aucune
époque on ne s est trompé sur ses limites, e t si homogène, que de tout temps ses divers représentants
ont été infailliblement qualifiés du même nom (Araned). Jusqu’au commencement de notre siècle, les
naturalistes eux-mêmes, Linné, Lister, Fabricius, Herbst e t tous les autres, n’avaient reconnu qu’un
seul type générique (Araned) dans les animaux dont on a formé depuis l’ordre des Aranéides. Cepend
ant, les espèces de ce groupe zoologique étant devenues fort nombreuses dans les collections, par
suite des recherches que l ’on poursuivait en Europe, comme par suite des explorations entreprises
dans les différentes, régions du monde pour en recueillir les productions naturelles, on sentit la nécessité
d établir des subdivisions parmi ces Arachnides, et de donner plus d’attention à leurs caractères
qu’on ne l’avait fait auparavant. L’oeuvre fut commencée p a r notre célèbre entomologiste Là-
treille (2) ; mais il fallait aussi classer ces animaux d’après une certaine méthode pour rendre faciles
les déterminations spécifiques, et ce fut Walckenaer, dont le nom est justement estimé par les entomologistes
comme p a r les érudits e t les géographes, q u i, séduit par l’intérêt bien réel qu’offrent
les habitudes curieuses e t l’industrie souvent remarquable des Araignées, étudia le premier avec
soin la conformation extérieure de ces êtres et trouva dans la disposition de leurs yeux e t dans
la nature de leurs toiles le moyen d’établir des divisions secondaires, pour la plupart assez
naturelles (3).
(4) Walckenaer, Tableau des Aranéides. — Paris (4 805). — Latreille, Généra Crustaceorum et Insectorum, t. I , p . 82. (Fa-
milia prima) (4 806). ' ' ' ’ • • • .
(2) Histoire naturelle des Crustacés et des Insectes, t . IH (4 m)%ÊNouveau Dictionnaire d’histoire naturelle, t. II, p . 34 (4803).
(3) Tableau des Aranéides (4 8 0 5 ). ’ ' :
Dans la classification de Walckenaer, l’ensemble des représentants du genre Aranea des anciens
auteurs forma un grand groupe qu’il désigna sous le nom d’Aranéides, adopté depuis dans tous les
ouvrages de zoologie. Ce groupe devint pour Latreille la première famille d’un ordre des Chélo-
dontes (Chelodontd) , de la légion des Acères (Acera), qui correspond exactement à la classe des
Arachnides (1)., et conserva le même rang dans les derniers ouvrages de cet auteur, lorsqu’il
eut l’idée de partager la classe des Arachnides en deux o rd re s, d’après la conformation alors très-
imparfaitement connue des organes respiratoires : íes Pulmonaires (Pulmonarioe) et les Trachéennes
(Trachearioe) (2).
Plus tard , Dugès proposa un ordre (Dactylognathes ou Aranéens) devant comprendre à là fois les
Aranéides et les Phrynes (3), rapprochement fâcheux, comme l’auteur l’a reconnu plus tard (4), et qui
naturellement a été repoussé. De notre temps, les- entomologistes ont généralement considéré les
Aranéides ou l’ancien genre Aranea de Linné comme constituant un ordre à l’exclusion de tout autre
type Ç5),; l’étude comparative de l’organisation des Arachnides montre que cette opinion est la seule
qui soit admissible.
On connaît aujourd’hui un très-grand nombre d’espèces d’Aranéides (6), mais ces espèces n’offrent
dans presque tous leurs organes que des modifications assez légères; en íes répartissant dans plusieurs
familles, on s’aperçoit bientôt quelles familles ne sont ici ni caractérisées au même degré, ni circonscrites
d’une manière aussi parfaite que celles de l’ordre des Pédipalpes. Cependant cette répartition
est inévitable; le nom de tribus, qu’on emploie d’ordinaire pour désigner les premières divisions dans
les familles, convient à des groupes d’une importance trop faible pour trouver ici une application
ju s te , e t, d’un autre côté, l’introduction d’un nouveau terme, dont il serait toujours à peu près
impossible de préciser complètement la valeur, présenterait sans doute plus d’inconvénients que
d’avantages.
En présence de la grande conformité de structure existant entre les nombreux Aranéides connus,
nous avons pensé qu’en exposant successivement l’organisation des divers types de cet o rdre, il fallait
éviter des répétitions sans objét, tout en s’efforçant de ne laisser inaperçue aucune particularité digne
d’intérêt. Ce but nous a paru devoir être atteint en nous arrêtant d’une manière spéciale sur íes types
des deux premières familles que nous avons à étudier, èt en signalant ensuite simplement chez les
autres les modifications qu’ils présentent dans leurs organes. Notre premier type étant représenté par
une espèce des régions tropicales, dont la taille est considérable, il nous a été possible d’observer
beaucoup de détails qui peut-être nous auraient toujours échappé sur des espèces de petite dimension.
Notre second type nous étant fourni par un Aranéid’e assez abondant dans notre pays, nous avons
pu nous attacher à l’examen de la structure intime des organes, ce qui n ’était pas praticable avec une
espèce exotique dont on ne pouvait se. procurer beaucoup d’individus, et surtout d ’individus vivants.
--(4) Genera Crustaceorum et Insectorum, t. I , p . 84 et 82 (4 8 0 6 ). — Dans cet ouvrage, l’ordre des Chélodontes e st partagé en
quatre familles, le s Scorpionides, les Aranéides, le s Phalangiens e t les Acaridies.
(2) Règne animal, première édition, t . III, p . 7 4 ( 4 8 47); deuxième édition, t. IV (4 829).
(3) Recherches sur l’ordre des Acariens.— Annales des sciences naturelles, 1 .1 , p . 40 (4 834).
(4) Observations sur les Aranéides. — Annales des sciences naturelles, deuxième sé r ie , t. IX , p . 459 (4 836).
(5) Walckenaer, Histoirenat. des Insectes aptères (suite à Büffon), 1 .1 , p . 60 (48 3 7 ); Sundevall, Conspectus Arachriidum,
p . 44 (4 8 3 3 ), etc.
(6) lieurs descriptions ont été faites par divers auteurs, e t parmi les ouvrages le s plus considérables sur c e sujet, on doit citér
tout particulièrement ceux de Walckenaer (Histoire nat. des Insectes aptères) -, d e Hahn e t Koch (Die Arachniden) ; de M. Lucas
[Exploration scientifique de l’Algérie); de M. Nicolet [Historia de Chile, por Cl. Gay.-Zoología, t . H); de M. Blackwall [Transactions
of the Linnean Society, vol. XVIII; Armais and Magazine of natural History, passim, e tc .); Ray Society (4864).