J. Conrad Brunner de Halle revint sur un sujet qui avait occupé Barder; il décrivit les glandes du
duodénum et leur conduit excréteur dans la Cigogne (1).
Wolfang Wedel porta son attention sur le sternum du Cygne, dont une excavation reçoit une partie
de la trachée-artère, accompagnant sa note d’une figure montrant les organes dans leur position n aturelle.
Il ignorait évidemment que le fait était depuis longtemps consigné .dans la science (2).
Schelhamer, que nous avons déjà cité, disséqua la Cigogne, cet Oisean q u i, à cause de sa grande
taille sans doute, avait déjà été souvent un sujet de prédilection pour les anatomistes (3).
J. Hartmann s’occupa de plusieurs Oiseaux choisis dans des conditions particulières : comme un
Chardonneret mort d’inanition, une Grue morte par excès de graisse, etc. (4). Plus tard, il examina le
foie chez les Gallinacés où l’on a produit artificiellement l’engraissement de ce viscère (5). Ses
observations ont peu d’intérêt.
Un médecin de Schwarzenberg, Georges Sommer, frappé de la puissance digestive de l’estomac des
Oiseaux, en voyant comment chez les un s, des graines dures sont promptement réduites en pulpe,
comment chez les autres, des Reptiles venimeux, ou des Insectes capables de causer ailleurs des
accidents, ceux par exemple qui produisent des effets d ’empoisonnement sur les Boeufs (Meloës),
servent de nourriture sans le moindre inconvénient, chercha une explication de ces faits. Il les
attribua à la chaleur et à des sucs amenant une fermentation des aliments (6). L’autenr, évidemment,
ne se rendait pas compte du phénomène de la digestion, mais il témoignait là une préocèupation qui
allait bientôt gagner les physiologistes et conduire à une grande découverte.
Pendant la même,période, J. D. Major, professeur à Kiel, décrivait, dans un Traité sur les organes
de la vue, l’oeil du Hibou, comme terme de comparaison (7).
Parmi les recherches, les études que nous venons d’énumérer, parmi celles que nous allons encore
citer, il en est d ’assez imparfaites pour mériter à peine une mention. Néanmoins nous croyons devoir
ne pas les passer sons silence, dans le but d’exposer aussi rigoureusement que possible, soit le progrès
ou le ralentissement de la marche de la science, soit les tendances vers certains genres d’investigation,'
ou vers certains ordres d ’idées, suivant les époques.
Tandis que les savants de l’Allemagne enregistraient leurs observations détachées dans ce vaste
recueil connu sous le nom d'Éphémérides germaniques, et plus tard sous celui de Mémoires des curieux
de la nature, les antenrs anglais consignaient les résultats de leurs recherches dans les Mémoires de la
Société royale d’Angleterre, ou quelquefois dans des ouvrages un peu généraux.
Ainsi, dans un écrit de Rai, le célèbre classificateur, se trouvent insérés divers détails relatifs aux
glandes du croupion (8); sujet qui avait déjà occupé Rondelet, Willhugby et Peyer.
Un mémoire de Allen Moulen, publié après sa mort, contient une série d’observations sur la structure
. (1) De glandulis in duodeno detectis. Heidelberg, 4° (1687).
(2) Cygni sterni Anatomia. — Misceli, curiosa medico-physica Académies natura curiosorum. Ann. 6 , p. 30 (1688).
(3) Ciconia Anatome.—Misceli, medico-phys. sive Ephemerid. Germanicarunt. Dec. II, .ann. 6, p. 206 (1688i).
(4) Misceli, med.-phys. sive Ephem. Germ. Dec. II, ann. 7,,p. 65, 7*1, 78, 79 (4689).
(5) Misceli., etc. Dec. IH, ann. 3, p. 305 (1694:).
(6) Desingulari animalium volatilium digestione.—Misceli, med.-phys. sive Ephem. germ. Dee. IH, ann. 1797-1798 (17.00;.
(7) Programma ad collegium anatorri. de oculo humano, cliamasleontis,,nociute et alior. animalium. Kiüæ.(1>690).
(8) Wisdomof God in the works of the création, p. 148 (1691).
de la tête de plusieurs Oiseaux (1). Dans ces animaux, dit l’auteur, il n’existe qu’un seul conduit des
oreilles au palais, au lieu de deux, comme chez la plupart des autres vertébrés; ce passage est
exactement au-dessous des narines, il consiste en un tube membraneux, s’étendant en arrière jusqu à
une communication allant d’une oreille à l’autre. Dans les Poules, cette dernière cavité arrive de chaque
côté au-dessus du labyrinthe, de telle sorte que toute impression déterminée sur le tympan d ’un
côté, peut non-seulement être communiquée rapidement au labyrinthe de ce côté au moyen de l’air
contenu dans l’intérieur, mais également à celui du côté opposé. Outre ces faits, l’auteur donne encore
des détails sur la structure de l’appareil auditif de plusieurs Oiseaux.
Dans une lettre adressée d ’Amérique, par John Clayton (2), où il est question d ’un grand nombre
d ’Oiseanx de la Virginie, comparés à ceux d’Europe, se rencontrent quelques remarques anatomiques.
On y signale la présence de trois paires de nerfs se distribuant dans le bec des espèces où cet organe
acquiert un volume considérable, et l’on y mentionne des observations sur l’appareil auditif, analogues
à celles de A. Moulen. ' ■ ' ‘
Une notice de Richard Waller est consacrée à faire connaître le résultat d e la dissection d’une petite
espèce de Perroquet IPlatycemis). C’est une étude assez superficielle des plumes, de la trachée-artère,
des vésicules aériennes, du coeur, de la langue et du canal intestinal (3).
Vers la dernière partie du dix-septième .siècle, un instrument nouveau, le microscope, était aux
mains des naturalistes. Son emploi devait bientôt, amener une suite d e découvertes. Le premier qui
s’illustra par des recherches microscopiques., chacun le s a it, est ce patient observateur hollandais
Leeuwenhoek. C’e s t lui q u i, par une 'lettre adressée A la Société royale de Londres, en 1677 .(4),,
révéla la .présence, dans la liqueur séminale, des spermatozoïdes ou des animalcules spermatiques,
comme on les appelait alors e t comme on les appela pendant bien longtemps après. Au commencement
de l’année suivante, 1678, Nicholas Hartsoeker publiait un Traité de diqptrique .(B) dans lequel il
affirmait avoir étudié le premier ,1e liquide séminal depuis vingt ans; assertion contre laquelle s’éleva
Leeuwenhoek ¿6) en rappelant la date de sa communication à la Société royale. Pour t e .Oiseaux,
ce fut le Coq dont le célèbre micrographe étudia les spermatozoïdes.
A la découverte des globules du sang se rattache encore le nom d e c e naturaliste ; .si dlaulres y ont
contribué (7), nul avant lui n’avait examinéces corpuscules chez t e Oiseaux, Il les a signalés dans ce
type comme étant toujours aplatis et de figure .ovalaire ,(8).
Leeuwenhoek soumettait à ses investigations microscopiques tous Jes objets à peu près indistinctement
sans paraître-avoir jamais l'intention de coordonner t e résultats de ises recherches ou de suivre
un ordre d’idées sur un sujet quelconque. C’est ainsi qu’il lança, pour ainsi dire au hasard, une foule
(m Anatomical observations in tho heads of fowle rnaiU al scveralsdimcs.— PhilolophicalTmnsaetionSjVol. XVII, p. 711 (4604).
'(2) Letter to the royal Society yioiny a farther account of the soil and other observables of Viryifiia'(Bird8). —Philosophical
Transactions, vol. XVII, p. 988 (1694).
(3) Observations on the dissection of a Paroquet.—Philosophical Transactions, vol. XVIII, p. 253 (n° 211) (W9i).
(4) Philosophical Transactions (décembre 1677).
(5) Treatise of Dioptrics, p. 227.
(6) Epistola 113, jan. (1678). • .
(7) M. Milne Edwards a donné un aperçu historique très-précis de la découverte des globules du sang. Leçons sur la
Physiologie et l'Anatomie comparée, t. I, p. 41 e t note 2 ; p. 42, note 2 (1857).
(8) Phlosophical Transactions, p. 789 (4684) et Arcana naiuroe detecta, t. II, epist. 128 ; t. IV, epist. 65.