de 1 Océan j arrive, après une étude minutieuse des faits, à une série de considérations alors entièrement
nouvelles. Jusque-là on avait cru que le système nerveux des Mollusques de cette classe, parvenant
à son plus haut degré de complication, présentait seulement trois paires de ganglions, et que la
plus grande uniformité dans la disposition de cet appareil se faisait remarquer entre tons les représentants
de la classe. Il montre qu’il existe souvent des noyaux médullaires d’une importance moins
considérable que les premiers; que ces centres d'innervation se trouvent chez certains types, où ils
varient dans leur disposition, et qu’ils ne se rencontrent pas chez'd'autres. Il indique dans leu? présence
et dans leur absence diverses coïncidences; il s’attache à établir, contrairement- à l’opinion
admise, que les Acéphales n’ont une organisation ni aussi compliquée ni aussi simple les uns que les
autres. Enfin, cette série de recherches le conduit à montrer combien l’étude profonde de ces Mollusques
est indispensable pour apprécier leurs rapports naturels, et combien les classifications fondées sur
les caractères fournis par les coquilles sont loin d ’exprimer ces affinités (4). •
Pendant le cours* de la même année, M. Milne-Edwards se livre à l’étude de la circulation chez ces
animaux. Il constate que le sang veineux parcourt des trajets simplement limités par les organes et par
les fibres musculaires, et qu’il n ’existe pas de tubes à parois propres ou de veines susceptibles d’êtré
isolées par la dissection; et en même temps il prouve que les réseaux, décrits par M. Delle-Chiaje
comme un système aquifère, ne sont en réalité que des canaux remplissant les fonctions des vaisseaux
capillaires chez les animaux supérieurs (2). Deux ans plus tard , le même zoologiste publie le résultat
de ses investigations sur un type de la classe des Acéphales. Dans ce travail, il précise la direction
d u n e grande partie des artères et le trajet que suit le sang pour revenir des organes à l’appareil respiratoire,
ce qui n’avait pas été fait jusque-là (3).
A ces travaux, des observations spéciales sont venues s’ajouter encore pendant le cours des années
qui viennent de s’écouler.
Toujours l’on donnait comme un caractère absolument général à tous les Acéphales la présence dé
deux paires de lames branchiales; Poli avait bien constaté, chez une espèce au moins, que l’une
d’elles s’atrophiant, il n’en existait plus qu’une paire, mais on l’avait oublié. M. Valen tiennes, a
retrouvé ce caractère et l’a signalé comme appartenant à tout un groupe (4)Ç ’
Plus récemment, MM. Frey et Leuckart ont donné divers détails relatifs à l’anatomie d’un type de
la classe des Acéphales, le genre Taret(5); et d epuis, M. de Quatrefages, sans connaître le travail de
ses devanciers, a publié un mémoire étendu sur le même sujet. Il a décrit et représenté d'une manière
plus ou moins complète les divers systèmes d’organes; mais parmi ce qui offre le plus d’importance il
faut citer l’observation, faite pour la première fois, de deux paires de très-petits ganglions placés dans
le voisinage du coeur. Il a décrit le système artériel, e t, à l’égard des trajets que suit le sang veineux,
M s est attaché à confirmer le résultat général obtenu par M. Milne-Edwards, par l’examen d’aùtres
espèces, mais sans les faire connaître d’une manière détaillée dans le genre dont il a fait l’obiet de ses
études (6).
(1) Ann des scienc. nat., 2e série, t. III, p. 320 (4845).
(2) Comptes rendus de l'Acad. des sciences, t. XX , p. 261-271, et Ann des sciences nat., 2« série, t. III, p. 300, etc.
(3) Ann. des sciences nat. et Recherches faites pendant un voyage en Sicile, 4 -p a rt. (Pinne marine), p.’ 159, pi’ 28,’
(4) Comptes rendus de l’Acad. des sciences, t. XX, p. 4688, et t. XXI, p. 544 (1846),
(5) Beiträge zur Kenntniss Wirbelloser Thiere, p. 46 (4817).
(6) Ann. des sciences nat., 3e série, t. XI,-p. 49 (4849).
D’autre p art, M. Charles Robin a présenté, à l’égard de certains Acéphales (les Anodontes), quelques
faits-relatifs à leur, système circulatoire, et principalement à leurs réseaux capillaires. Il a insisté
avec beaucoup de raison sur la disposition régulière de ces -canaux et sur la facilité bien réelle avec
laquelle on peut reconnaître si les. injections ont circulé librement .Ou s’il y a eu înflltration. Sur ce
point, on remarque ddns son travail une différence dans la manière de décrire les parties avec ce
qui a été publié précédemment sur le même sujet; mais il est nécessaire d ’ajouter que cette différence
ne se trouve p a s , surtout au même degré, dans la constatation des faits (1).
Diverses.observations portant sur des espèces considérées tout à’ fait isolément existent encore dans
la science ; mais elles n’ont pas contribué d ’une manière assez notable à la connaissance générale des
Acéphales pour que nous en fassions ici l’objet d’une mention particulière. Cependant un ouvrage sur
ces Mollusques, resté inachevé il est.vrai, a paru pendant le cours de ces dernières années ; mais bien
qu’il soit accompagné d’un nombre de planchës très considérable, On a le regret de voir que rien dans
cette publication n’est de nature à faire connaître, dans aucune,espèce, un seul des systèmes
organiques(2). ■ - . .. ' , -! l:"
Les questions d’embryogénie, en ce qul%oncerne les Acéphales, ont aussi occupé les naturalistes;
mais parmi toutes ces observations, généralement fort.restreintes, c’est en traitant spécialement de
cette question que nous devrons expos’er la portée de chacune d’elles. Néanmoins il n’est peutrêtre pas
inutile d’indiquer déjà sur ce sujet, un mémoire très-étendu de M. LOven, qui certainement contient
plus de faits qu'aucun autre (3). . •
*
En résumant aujourd’hui tout ce qu’ont fait connaître les recherches antérieures, il deviendra facile
de prendre une idée exacte du point ou elles ont élevé la science.
Ainsi, l'on sait parfaitement que le.manteau, dont la forme, varie suivant les espèces, est toujours
parco-uru par des vaisseaux et par des nerfs qui lui donnent une extrême sensibilité; que la coquille
qui le rècoùvre,.formée de deux valves unies entre elles par une charnière et un ligament constitué
par des fibres élastiques, est composée en majeure partie d’unè matière calcaire, principalement de
carbonate de chaux, et d’une substance organique homogène; qu’elle présente ordinairement deux
couches, une interne, lamellée, et une externe, fibreuse, offrant des cellules rempliès de matière
calcaire. On pense généralement que la couche, externe est sécrétée simplement par les bords du manteau,
tandis que l’autre est produite par toute sa surface.
Les plus anciennes observations ont appris qu’il existe des fibres musculaires dans presque toutes les
parties du corps.des Acéphales,«et,qu’elles forment sur certains points des muscles volumineux. Ainsi,
on distingne tout d’abord les muscles adducteurs des valves, constitués par une ou deux masses d e
fibres serrées,et parallèles, et ayant aux deux extrémités leur point d’attache sur les valves; ensuite
les bandes musculaires des bords du manteau et des siphons,, les unes longitudinales et les antres
transversales ou circulaires; les musfles aplatis, situés à la base des siphons et attachés sur les deux
valvès en dehors ou au-dessous du muscle adducteur postérieur, et, en,outre, un prolongement musculaire
ventral servant à la locomotion, désigné dans tous les ouvrages de malacologie sous le nom de
,(!) Rapport à la Société de Biologie (sur la question du phlébenlérisme), p. 4 20, etc. (4854).
(2) Exploration scientifique de l'Algérie. — Mollusques, parM. Deshayes.
(3) Bidrag lill kânnedomen om utvecklingen afMollusca Acephala lamellibranchiala [Kongl. Velenskaps-Akademiens Bandlingar
fdr ar 4848, p. 329). •