
eaux et pre ssé s dans un linge. Ce p la t de champignons fut
mangé déjeuner p a r M. et M“®“ George, p a r leu r jeu n e fille
et p a r M. L a u re n t, employé l’hôpital.
L a mère et la fille épro u v èren t a v an t de q u itte r la table,
un malaise g én éra l, des nausées, de l’oppression, des é to u rdissements
puis une so rte de défaillance. Quelques ta s se s de
th é q u ’on donna à M®®’® George pro v o q u è ren t plusieu rs vom
issements e t l ’expulsion d ’une p a rtie des m atière s vénéneu
se s. L a jeu n e iille eut des vomissements spontanés. Cep
e n d an t elles éprouvaient encore des ve rtig es, de la faiblesse,
de l’anxiété et ces symptômes ne se d issip è ren t qu’après
l ’usage d’une potion émétisée qui expulsa en tiè rem en t les
champignons à moitié digérés.
M. George n ’é ta it encore que faiblement a tte in t. Il cru t
que le ch an g em en t d ’a ir p o u rra it lui faire du bien ; il so rtit
e t fu t p ren d re dans un café un p e tit v e rre d’eau -d e -v ie , dans
l'e sp o ir que c e tte liqueur ex citan te lui fe ra it d igérer les
champignons. Mais peu de temps ap rès il Se tro u v a dans un
tel é ta t de faiblesse, qu ’un de ses amis fu t obligé de lui don.
n e r le b ra s, de le so u ten ir et de le re co n d u ire à sa maison.
E n a rriv a n t ses forces se ran im en t, sa tê te s ’ex alte, et livré
à une joie in so lite il dit à M®®'® George : « Tu es empoisonnée
ma femme ! E h ! bien ! je le suis au ssi. T a n t m ieux ! Mourons
ensemble, nous ne nous q u itte ro n s pas ». P a s s a n t ensuite
de cette gaieté folle à une so rte d’en thousiasm e pour N ap o léon,
il crie p lu sieu r fois ; Vive l’emp e reu r ! E t puis, v o y an t
quelques champignons qu ’on av a it conservés, il devient fu rieu
x , il les je tte à te rre e t les é crase sous ses pieds. On lui
donne de l’eau émétisée qui p ro d u it p lu sieu rs vomissements.
Enfin des lav em en ts huileux dans lesquels on a fa it dissoudre
de l’émétique p ro d u isen t d’ab o n d an tes év acu atio n s, et
les symptômes se c alm en t peu à peu.
M. L a u re n t av a it peu mangé de champignons. Il éprouva
néanmoins quelques é to u rd issem en ts, de la faiblesse, des
nau sé es et des coliques. Il se g u é rit en p re n an t du thé puis
de l’eau émétisée.
M. George av a it cueilli ces champignons p a rce que
M. P e rn o t, ancien maire de Vaugirard, lui av a it dit qu ’ils
é ta ien t de bonne q ualité e t qu'il en fa is a it usag e lui-même
depuis longtemps. Mais M. P e rn o t, a v an t de les faire cuire
les p a sse à l’eau bouillante et les fait m acérer ensuite dans
du vinaigre.
I I I . AMA N ITA P A N T H E R IN A .
OBSERVATION XXII.
Empoisonnement par l’Amanita pantherina.
D® X. G i l l o t , d’Autun.
(Inédite.)
L e 26 ao û t 1878, je suis appelé à Rousillon-en-Morvan,
p rè s Autun, à cinq heu res e t demie du soir, pour voir le
sie u r Noisié, cordonnier, ancien gendarme, e t d’une trè s
bonne constitution.
Voici les ren seig n emen ts que j ’obtiens :
Le sieur Noisié e s t g ran d am a teu r de champignons, et,
depuis quelque temps, il en mange p resque chaque jo u r en
grande quan tité et d’espèces différentes sans accident. Il a
ju sq u ’à p ré s en t pris la pré cau tio n de toujours faire bouillir
ses champignons a v an t de les manger.
Ce matin, il e st allé dans les c h âtaig n e raies cueillir des
champignons, q u ’il a fait a ccommoder san s les faire bouillir,
mais simplement sau té s au b eu rre . Sa femme a rema rq u é
que p lu sieu rs de ces champignons é ta ien t différents de ceux
qu ’il m an g e a it o rd in airem en t e t ne v o u lait pas d’abord les
fa ire cuire.
Noisié en mangea avec a p p é tit en grande q u an tité e t p rit
égalem en t beaucoup de la itag e , sa femme en p e tite qu an tité
et ses deux enfants en g o û tè ren t à peine. L e rep as fut
fa it à une heure.
A deux heu res, il commença à se plain d re de lo u rd eu r de
tê te , de malaise, de maux d’estomac et su rto u t d ’éb louissement.
Le malaise augmen te et à deux h eu re s e t demie il
vomit abondamment à deux rep rises. A ce moment l’éblouis-
sem en t au gmente, le malade a les yeux h a g a rd s , larg em en t
ouverts, la figure é tran g e , les a llu res in q u iè tes, e t b ien tô t
e s t pris d ’a g ita tio n , de mouvements désordonnés, au p oint
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