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d’ordinaire sur le marché de Lodève, y fit à peu
près complètement défaut. Aussi les habitants de
cette ville remplacèrent-ils leur plat ordinaire de
champignons par ceux qu’ils trouvaient çà et là dans
la montagne. Les résultats de ces imprudences ne
tardèrent pas à se montrer et des accidents nombreux
se produisirent. » (L. Planchón, Th. de Montpellier,
p. 167.)
Nous ne reviendrons pas sur les influences de la
nature du sol, du climat, e tc ..., qui, favorisant, su ivant
les lieux, la croissance de certaines espèces de
champignons, augmentent par là-même le quotient
des accidents toxiques. Nous nous sommes suffisamment
déjà expliqué sur ces points, d’ailleurs encore
fort mal connus (V. plus haut, p. 30), ainsi
que sur les accidents produits par les champignons
avariés, où tout au moins trop matures, dont il faut
toujours se défier.
Le caractère général de l ’empoisonnement par les
champignons est d’être collectif. 11 atteint plus ou
moins tous les convives d’un même repas, ce qui fait
que dans les cas mortels, par VAmanite bulbeuse en
particulier, on assiste à de véritables catastrophes.
C’est ainsi que tout le monde se souvient encore d’un
accident terrible, rapporté à l’époque par tous les
journaux et survenu en septembre 1884, à l’établissement
agricole de Saint-Louis, près Bordeaux; sur
quinze élèves, onze succombèrent à l’ingestion d’un
plat de champignons composé, comme il fut reconnu
après coup, de quatre espèces : Boletus granulatus et
Russula lilacea, mangeables; Amanita phalloïdes et
Amanita mappa, très vénéneux. (D’’ A. Guillaud,
loc. cit. — J. Moyen : Les champignons, Pa ris, 1888,
p. 330, etc.)
Cependant tous les convives d’un même repas ne
sont pas toujours atteints au même degré, ce q u itten t
d’une part au mélange des espèces, d’autre part à la
quantité absorbée. Dans la plupart des observations,
comme dans le cas ci-dessus, on constate le mélange
de plusieurs espèces de champignons, les uns comestibles,
les autres vénéneux. 11 peut se faire, par
exemple, que dans un plat copieux, se trouvent seulement
un ou deux exemplaires d’Amaniie bulbeuse ;
l’infortuné convive qui les mangera sera empoisonné,
alors que les autres seront indemnes. Quant aux cas
d’accoutumance aux espèces vénéneuses signalés principalement
en Russie, pour VAmanita muscaria,
Fausse-oronge (Vadrot, de Jaczewski), ils nous paraissent
tout au moins douteux, aussi bien que le suivant
: a Un fait très étonnant s’est passé en automne
sur le marché d’Epinal. Une femme y vendait de
l’Amanzia mappa F r. mêlé au junquillea Quélet,
quelle distinguait parfaitement de muscaria L. Un
de nos collègues de la Société mycologique habitant
Epinal et très capable de distinguer les espèces, surpris
de rencontrer VAmanita mappa dans le panier de
cette femme, lui en fit l’observation. La marchande
y répondit en mangeant devant lui ce dernier champignon
cru, et lui assura n ’en n’avoir jamais été incommodé.
» (D'' A, Mougeot, Bull. soc. mycol. de
Fr. II, 1886 p. 199). Nous ferons simplement observer
que dans ce cas déjà rapporté de seconde main.