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L es effets pe rn ic ieu x ont été pour lui terrib les. E n proie à
des efforts violents pour vomir, il tombait p en d an t de longues
h eu res en syncope, puis c’é ta it des convulsions, des trem blem
en ts, et to u te la série des accidents nerv eu x que le
malade su b iss ait, enfin l’an é an tissem en t des cinq sens p e n d
an t les prem iers jo u rs, e t ju sq u ’au 20 novembre la cécité
e t la su rd ité complètes accompagnées d ’une jau n isse des
plus in ten se s. L ’ic tè re é ta it très in ten se dès le quatrième
jo u r. A c e moment le foie avait p ris un développement ex trêm e
e t il é ta it devenu trè s douloureux à en ju g e r p a r les signes
c a ra c té ris tiq u e s que fa is a it le malade. Le D'' Cadene appelé
au moment où l’é ta t de p ro stra tio n et d ’idiotisme de T e rre t
d o n n è ren t le plus d ’inquiétude à sa famille ne p u t jamais
ob tenir, alors que T e rre t a rtic u la it encore quelques mots,
ni depuis qu’il a recouvré la parole, la moindre n otion sur
la coloration que semblait p ren d re à ses y eu x les objets qui
l’e n to u ra ien t. Dans les dern ie rs jo u rs c ’é ta it encore des
so u venirs décousus, rien de précis, les suites encore accusées
du trouble céréb ral, toujours l’é ta t d’héb êtem en t plus ou
moins p e rs is tan t. L e s soins médicaux se ré sum è re n t en p u r gatifs
huileux, en p rép a ra tio n s aroma tiq u e s opiacées, en
diurétiq u es, e tc ... Son énergie v ita le a p ris enfin le dessus
e t un mois e t demi ap rès son a c c id en t il av a it assez de force
p o u r se ten ir d ebout e t se co n d u ire : il e s t re n tré à, son
a te lie r.
OBSERV AT ION XV III.
Empoisonnement par l’Amanita phalloïdes.
(G. M é n i e r , i n Bull. Soc. des Sciences naturelles de l’Ouest de la France,
II, 1892 e t Bull. Soc. myc., VIII, 1892, p. 71-74.)
L e samedi 7 novembre 1891, M. A ..., p a tro n bo u lan g e r à
N an te s , a ch è te un lot de champignons à un sieu r F ...,
m a rch an d amb u lan t, qui en fa isait h ab itu e llem en t le commerce
dans le q u a rtie r. Le dimanche matin, la fa ctric e du
bou lan g e r leu r fa it subir une cuisson p ré a lab le à l’e au b ouillan
te . Après avoir rejeté cette eau de première cuisson, elle
les p ré p a re comme à l’ordinaire. Vers 8 heu res du matin , le
bo u lan g e r et son o uvrier font leu r rep as du p la t to u t en tie r.
L e re s te d e là jo u rn é e se p a sse san s in c id en t; les p remiers
signes d’empoisonnement se p ro d u isen t seulement dans^ la
soirée, v e rs 8 h eu re s, environ douze heu res ap rès l’ingestion
des champignons, qui é ta ien t VAmanite phalloïde.
I. — M. le D® L ac am b re fut appelé auprès du b o u lan g e r :
« L e dimanche 8 novembre, je fus appelé, v e rs 9 h eu re s 30
du soir, pour donner des soins à M. A..., âgé de 30 ans, qui
v ien t d’ê tre p ris sub item en t de v iolentes douleurs d’en tra illes
accompagnées de vomissements. 11 é ta it à jo u e r aux c artes
chez des voisins lorsque ces symptômes se produ isiren t,
v e rs 8 h eu res 30. J ’a ssiste à la con tin u a tio n des vom isse m
en ts, p o rra c é s au début, p u is aqueux, le liquide re ssem b le
a ssez à de l’eau où au ra ien t bouilli des pois. Comme on a vait
je té imm édiatem ent dans les lieux d’aisan c es les p remières
m atière s vomies, je n ’ai pu o b se rv er le moindre débris de
champignons.
cc L a peau e st d’une m oiteur froide, sau f le fro n t qui est
b rû la n t (congestionné p a r les efforts du vomissement) ; les
ex trém ités so n t glacees. L e m alh eu reu x se to rd sous la
souffrance.
« Je p re scris une potion de R iv iè re à a lte rn e r avec une
potion au chloroforme e t à la liqueur d’IIoffmann comme
b oisson, du grog glacé ; en outre, sin apisation gén éra le au
moyen du p ap ie r m o utarde et enveloppement dans une
co u v ertu re de laine chauffée. E n me re tira n t, je p re sc ris une
p u rg a tio n saline p o u r le lendemain matin.
« L e lendemain lundi, je tro u v e M. A... à peu p rè s dans le
même é ta t que la veille, sau f qu’il souffre un peu moins. Le
pouls, qui é ta it p e tit e t m isérable la veille au soir, s’e s t un
peu re lev é. Mais o utre les vomissements, qui av a ien t contin
u é une p a rtie de la n u it, un a u tre symptôme s’é ta it p ro d
u it v e rs 11 heu res du soir, une d iarrh é e co lliq u ativ e rizi-
forme. L a p u rg a tio n n ’av ait pas été donnée, p a r c ra in te je
la fais p ren d re imm édiatem ent : con tin u a tio n de la potion
chloroformée, champagne frappe, la it e t grog glacés.