
fatalement vénéneux, et celui de l'Amanite fausse-
oronge, dont les effets toxiques indéniables ne sont
cependant que rarement suivis de mort. La chimie
nous révélera cette différence d’action par la découverte
d’alcaloïde ou toxalbumine différents, la phalline
dans le premier cas, la muscarine dans le second.
C’est en effet à ces poisons que nous sommes autorisés
jusqu’à nouvel ordre, à attribuer les qualités nuisibles
des Amanites, et si les accidents occasionnés par la
Fausse-oronge, l'Amanite panthérine, etc., sont moins
graves, la raison en est dans la moindre toxicité de
l’alcaloïde, son action plus rapide et la possibilité
d’intervenir à temps dans les soins à donner aux
victimes.
Toutes les autres espèces de champignons, même
les Russules, les Lactaires, les Bolets, dont un si grand
nombre sont cependant qualifiés dans les flores, de
l’étiquette : vénéneux, très vénéneux, n’ont donné lieu
à aucun cas certain d’empoisonnement mortel, et dans
une thèse de médecine récente {les Cèpes dans leur
rapport avec l'alimentation, Lyon 1898), le D'' Henri
Vennin a établi qu’aucune espèce de Cèpes, même les
plus mal famés, Boletus luridus, Satanas, etc., n ’était
réellement toxique ni pour l’homme, ni pour les animaux.
Nombreux toutefois sont les accidents, et même
graves, déterminés par les champignons des genres
précités, mais leur Symptomatologie rentre dans la
catégorie des empoisonnements par les substances
narcotico-âcres, éméto-cath.artiques, etc.,et si la mort
peut survenir à la suite de leur ingestion, c’est uniquement
en raison de la violence des accidents de
gastro-entérite consécutive, ou de l’excès même de
leur consommation, ne différant guère d’autres indigestions
graves, mais de causes plus banales.
Ces champignons méritent donc plutôt le titre de
suspects ou malfaisants que de vénéneux. Il est bon
toutefois de savoir les reconnaître, afin d’en éviter
1 usage, et des recherches chimiques ultérieures per-
mettront peut-être de révéler, dans les espèces de ces
différents goupes, l’existence d’alcaloïdes ou de matières
extractives spéciales, expliquant leur mode
d action. La question est encore tout entière à l'étude
et le champ en est singulièrement vaste!
Un fait semble acquis toutefois et depuis longtemps
sanctionné par l’expérience, c’est que la matière
toxique des champignons quelle qu’elle soit, alcaloïde,
gomme-résine, matière extractive, etc., est
éminemment soluble dans l’eau. La plupart des observations
d’empoisonnement par les champignons
font ressortir leur emploi à l ’état de crudité ou de
cuisson incomplète, tandis que leur usage, après un
traitement à l’eau bouillante, semble d’une innocuité
presque absolue. Des expériences ont été instituées,
à plusieurs reprises, qui ne laissent aucun doute à
cet égard.
C ést d abord le D'' Pouchet, de Rouen, qui, dès
1839, prouve par une série d’expériences, pratiquées
sur des chiens et sur lui-même, avec les Amanita venenosa
et A. muscaria, qu’après la cuisson complète
de ces champignons, l ’eau dans laquelle ils avaient
bouilli empoisonnait sûrement et rapidement les animaux,
tandis que les champignons, qui avaient servi