
toxique de la muscarine, et nous avons déjà parlé des
idées originales de ce professeur sur l’assimilation des
champignons à des colonies bactériennes et de leur
poison aux toxines microbiennes. (D“ Charbonnel,
loc. cit., p. 5, 65.) (1). Les champignons, même à
l’état frais, contiennent beaucoup de microbes ; c’est
à eux qu’est due, par exemple, la phosphorescence de
certains champignons. Leur suc, injecté, amène
souvent des abcès. Conservé, il s’altère très rapidement,
pullule de différents microbes et devient un
excellent bouillon de culture, comme nous l’avons
expérimenté nous-même. Ce qui nous a suggéré cette
hypothèse, qu’on nous permettra d’émettre, que les
débris alimentaires de champignons ingérés, en s’altérant
dans l’estomac et l’intestin sous l’influence des
microbes pathogènes, coli-bacilles ou autres, peuvent
en accroître le développement et la virulence et
donner ainsi naissance à certaines intoxications
alimentaires.
Expériences.
Nous voulions entreprendre, pour établir les propriétés
réelles des champignons dits suspects, et
même vénéneux, autres que les Amanites, une série
d’expériences que, malheureusement l’époque défavorable,
le manque de temps, etc., nous ont forcés d’in-
(t) Pouchet. Des empoisonnements causés par les Champignons. (Progrès
médical, 3“ série, t. V, d° 9, 27 février 1897). — Le Dantec.
Archives de médecine navale, X IX , 1898, p. 241.)
terrompre. Les animaux, à notre disposition, furent
surtout des cobayes et seulement quelques chiens,
tandis que, en pareil cas, les chiens et les chats, dont
le régime et les fonctions digestives se rapprochent
davantage de l’homme, doivent être les réactifs de
choix. Quoi qu’il en soit, et malgré le peu de valeur
de ces essais expérimentaux, commencés à Autun
avec des champignons récoltés aux alentours de cette
ville, puis au laboratoire de M. le professeur Lépine,
obligeamment mis à notre disposition, nous en rapportons
quelques-unes, ne fut-ce que pour inspirer le
désir de les reprendre sur une plus large échelle et
dans de meilleures conditions.
1“ C ly to c ib e n e b ü l a r i s .
Espèce comestible pour certains mycologues (Quélet, Gillot
et Lucand), suspecte pour d’autres (Gillet, etc.)
150 grammes de ce champignon, traités par l’éther
pendant un mois, laissent exsuder 50 centimètres
cubes de suc qui est recueilli. La presse extrait encore
55 centimètres cubes de jus qui ne contient pas
d’albumine, mais un peu de sucre ; légère réduction
tant que le suc d’exsudation brun rouge transparent,
acide réduit très fortement la liqueur de Foehling.
Le résidu desséché à 100° à l’étuve se réduit finalement
à 4 grammes.
Expérience I . — 9 mars 1900. — On gave à 3 h eu res de
de l ’après-midi un chien (8 kilog. 300) avec le résidu d e ssé ché
e t ré d u it en p o udre (4 grammes). Il n ’en éprouva aucun
tro u b le .