
1” Forme algide cholériforme. — C’est parmi les
formes cliniques intestinales, la plus fréquente et de
beaucoup la plus importante. Les vertiges et les
malaises du début sont bientôt suivis de vomissements
abondants et de diarrhée avec efforts et nausées ; les
signes gastro-intestinaux s ’accusent de plus en plus,
la souffrance de l’intestin se traduit par des coliques
continuelles avec sensibilité excessive du ventre,
évacuations fréquentes (grumeaux épithéliaux, selles
riziformes, etc.). L ’état général s’aggrave rapidement
; les traits s’altèrent, les yeux s’enfoncent, la
soif devient extrême, la respiration anxieuse, la température
s’abaisse avec cyanose de la face et des extrémités.
Les coliques intenses se compliquent de hoquet
et de crampes douloureuses. Le malade s’affaiblit vite,
le coeur lle'chit et si les troubles gastro-intestinaux ne
sont promptement enrayés, c’est le collapsus, la
syncope et la mort : le tableau en somme, d’une
véritable attaque de choléra. Telle l’observation suivante
rapportée par MM. Chouet et Pellissié.
O B SERV A T IO N I.
Empoisonnement par l’Amanite bulbeuse (Am. phalloïdes
Fr.)
Ghouet et P élissié {Gaz hebd. de médecine et de chirurgie, 1888, p. 69)
Josép h in e C ..,, âgée de 26 ans, a y an t mangé la veille-
(23 octobre 1879), à 7 h eu res du soir, un p la t où se tro u v
a ien t des Am a n iie s bulbeuses (Am, phalloïdes), r e s s e n tit cà
3 heu res du m atin un poids à l ’ép ig a stre avec malaise g én é ra
l, n au sé es e t soif vivo. Malgré une g rande co u rb a tu re ,
elle se lève, mais b ien tô t su rv ien n en t des vomissements
rép é té s , glaireux, puis b ilieux : b ien tô t après des selles d ia rrh
é iq u e s, trè s fréq u en tes, cholériformes avec fortes coliques.
L ’affaiblissement e s t rapide, la soif dev ien t trè s
a rd en te. Le soir les yeux so n t caves e t c ernés, le nez effile,
la face d’une p â leu r te rre u se , la lan g u e ch arg é e, la peau
froide et sèche. L e pouls e st p e tit, assez ra re ; les pu p ü les
dila tée s se c o n tra c te n t à la lumière. A b a ttem en t ex trême,
membres b risé s. Vomissements et d ia rrh é e p e rs is te n t un
peu moins fréq u en ts. L e v e n tre ballonné e s t trè s douloureux.
L e lendemain même é ta t g én éra l g rave, les vomissem
en ts rep re n n e n t plus fort. L a sensibilité s’affaiblit, ce qui
n ’empêche pas la malade d’a ccu se r des douleurs trè s vives
en c ein tu re a u to u r de la p o itrine et dans les lombes. L e soii
il y a a lg id ité e t cyanose des ex trémités, le pouls devient
filiforme, insensible. L a malade red o u te le moindre mouvemen
t p a r c ra in te des lipothymies. L a dyspepsie e st extrême,
la re sp ira tio n trè s len te . L ’in te llig en ce re s te in ta c te ju s q
u ’au d e rn ie r moment. L a vue se perd v e rs 4 h eu re s. L a
m o rt a rriv e à 6 h e u re s p re sq u e su b item en t.
2“ Formes délirantes. — Sous ce titre il faut comprendre
ces cas fréquents dans lesquels l’intelligence
est atteinte et dont le délire plus ou moins intense est
le symptôme prédominant. Il en est de graves qui se
voient surtout avec les Amanites muscariennes et
panthérines. Il en est de légers qui rappellent l’ébriété
alcoolique avec sa loquacité et sa titubation. On
assiste parfois à la scène, trop connue, de l’ivresse
éthylique. Le malade, pris tout à coup de vertiges,
titube, parle avec volubilité et incohérence. Mais su rviennent
les vomissements et les malaises se dissipent
rapidement.