
Pendant l’antomne 1882, le D" Refrégé observa,
d’après L. Planchón, dix-huit cas d’empoisonnements
par les champignons, à Lodève, dont une seule mort.
Dans le sud-ouest, le D‘‘ J .-A . Giiillaud, estime à
une dizaine de cas pour le seul département de la
Gironde, et à plus de cent pour tout le sud-ouest de
la France, la moyenne annuelle des empoisonnements
mortels. (D" J.-A. Guillaud ; Les empoisonnements
par les champignons dans le sud-ouest de
la France, extrait du Journal d’JIist. Nat. de Bordeaux
et du sud-ouest, 1885, in Bull. Soc. myc.
de France, 1, 1885, p. 123). 11 ajoute les réflexions
suivantes très suggestives ; « C’est la vie de cent
personnes de tout âge complètement sacrifiée en
pure perte, c’est-à-dire une économie possible et
réalisable à faire sur la mort, si l’on veut bien s’en
donner la peine ; c’est une dîme mortuaire dont nous
pouvons nous affranchir. En laissant de côté le point
de vue humanitaire, et en ne tenant compte que des
pertes matérielles que cent hommes disparus occasionnent
chaque année à la raison sociale qui fonctionne
sous le nom de patrie française, c’est un
capital assez rond gaspillé sans retour. La valeur
moyenne d’une vie humaine calculée vers vingt ans a
été fixée d’une façon variable à 1,000 francs ou à
10,000 francs par les économistes. Prenons une
moyenne et cotons cette vie à 5,000 francs pour nos
propres calculs. C’est donc un demi-million qui
disparait annuellement dans la région du sud-ouest,
c’est-à-dire dans une dizaine de départements seulement,
perte qui, pour un siècle, en tenant compte
des revenus accumulés de ce capital détruit, s élèverait
à plusieurs milliards. »
On peut voir déjà d’après les citations précédentes
que les cas d’empoisonnement varient dans chaque
pays, d’une année à l’autre; mais leur fréquence ne
semble nullement en rapport avec l’abondance des
champignons, fait, en apparence paradoxal, mais
cependant facile à expliquer. Bardy {loc. cit.), en
1868 et 1870, années marquées par une production
extraordinaire des champignons, ne releva aucun
cas d’empoisonnement dans les Vosges. Au contraire
en 1877, où les champignons furent relativement
rares, il y eut de nombreux accidents. A Toulouse,
le printemps et l’été de 1882 ont été secs, les nuits
relativement plus froides que d’habitude, et les
pluies ne se sont montrées qu’à partir des premiers
jours de septembre. Les champignons comestibles,
dits de bonne saison, ont été rares, et cependant on
a constaté de nombreux cas d’empoisonnements.
(C. Roumeguère, Revue mycolog., 1882, p. 257.)
Cela tient évidemment à ce qu’en l’absence des
champignons comestibles habituels, les amateurs se
sont enhardis à récolter et à manger des espèces suspectes
ou vénéneuses, qu’ils eussent certainement
rejetées s’ils avaient trouvé suffisamennt de champignons
à valeur alimentaire bien connue, pour satisfaire
leur gourmandise.
Ce fait est encore confirmé par L. Planchón.
Dans l’Hérault, dit-il, « les pluies de septembre
1882 ont favorisé la croissance des champignons.
Mais par un hasard inexpliqué, l’Oronge, qui abonde
M .