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CH A P ITR E III
Étiologie
Avant d’aborder l’étude clinique de l’empoisonnement
par les champignons, il nous semble utile de
tra ite r en quelques mots, divers problèmes étiologi-
ques, importants à connaître, et que nous avons déjà
effleurés plus haut, dans nos considérations générales,
surtout à l ’article de la toxicité des champignons
(p. 21).
A en croire les journaux qui, chaque année, à
l’automne, mentionnent de nombreux cas d’empoisonnement
par les champignons, ceux-ci seraient en
grand nombre redoutables et occasionneraient une
considérable mortalité. Malheureusement, comme
nous l’avons dit, la détermination exacte de l’espèce
toxique fait le plus souvent défaut, même dans les
recueils scientifiques, et la Société mycologique de
France fondée en 1885 a, sous ce rapport, rendu de
grands services. C’est dans la collection de ses Bulletins
que nous avons relevé les observations les plus
complètes, les faits les plus précis, et son exemple est
déjà suivi, au grand profit de la science, par les
sociétés locales d’histoire naturelle. (Société botanique
des Deux-Sèvres, Société d’histoire naturelle de
l’Ouest de la France, etc.)
Il est très difficile de se rendre compte de la fréquence
relative des cas d’empoisonnements par les
champignons ; mais, un fait saute aux yeux, c’est
que les accidents mortels enregistrés au printemps
et à l’automne, en France, ont été constatés surtout
dans les régions riches en Amanites (Vosges, Mor-
van, Cévennes, Sud-Ouest, etc.)
Paulet (Traité des champignons, I, (1793), Introduction,
p. IV, en note), établit que depuis 1749
jusqu’en 1788, on compte environ cent personnes qui
ont péri aux environs de Paris par l ’effet des champignons.
Dans les Vosges, aux environs de Saint-Dié,
M. Bardy, phàrmacien, a relevé, pendant seize saisons
mycologiques (de juillet à octobre 1868-1884),
environ soixante cas d’accidents graves imputables
aux champignons, le plus souvent du reste indéterminés.
Sur ce nombre, vingt-cinq personnes ont
succombé, dont onze pour la seule ville de Saint-
Dié. {Bulletin de la Société philomatique des Vosges,
t. IX, 1883-1884.)
Tappeiner rapporte qu’il est survenu à Munich,
dans les mois d’août et de septembre 1874, dix-huit
empoisonnements dont cinq suivis de mort, et imputables
à Amanita phalloïdes, commun autour de
Munich {Munich Med. Wochenschrift, 1897, n° 7, et
Revue mycologique, X V III, 1896, p. 25.)
ili..