
songes dangereux et il est du devoir de tous, et du
médecin de campagne en particulier, de lutter contre
ces préjugés qui ne sont bons qu’à occasionner des
malheurs. (1)
M é d e c in e l é g a l e .
Les cas sont bien rares où le médecin légiste a
l’occasion d’intervenir à propos d’empoisonnement
par les champignons. Une statistique des empoisonnements
criminels, publiée par ordre de la Chambre
des Communes, en Angleterre, relate cependant
d’après les enquêtes officielles, quatre cas d empoisonnement
par les champignons, sur 541 cas de mort
par divers poisons, pendant les années 1837 et 1838.
En France, d’après les tableaux de statistique criminelle,
publiés annuellement par le Ministre de la
Justice, pour une période de vingt-et-une années, de
1851 à 1872, M. Tardieu n ’a relevé qu’un seul cas
d’empoisonnement p a rle s champignons, en 1852. ^
La question en est donc à peu près au même point
que du temps d’Orfila, et l’empoisonnement par les
F) A la suite de rempoisonnement de six lieutenants du 58® regiment
d’infanterie, à Corte (Corse), le 25 octobre 1859, le Conseil de
Santé militaire s’empressa de rédiger une circulaire relative aux
champignons comesiibles et vénéneux (Journal de pharmacie, août,
I860) Cette circulaire tapissée d’erreurs, se basant sur les odeurs,
les saveurs, les changements de couleurs, les insectes, etc., était
bien propre à causer des accidents Elle fut justement «ntiquée par
Bertillon (Presse scientifique des Deux-Mondes, n® du 15 fevner 1861,
p. 363. et Union médicale, mars 1861), et par le D® A. Foucart (Gaz.
des hôp., n® du 11 avril 1861.)
champignons ne constitue actuellement qu’un très
court chapitre des livres de toxicologie et de médecine
légale. Dans l’un des plus complets (1), le professeur
A. Tardieu ne cite que deux cas d’empoisonnements
criminels par les champignons, suivis de poursuites et
de condamnations.
Les seuls cas récents parvenus à notre connaissance
sont deux empoisonnements par l'Amanita phalloïdes
: l’un à Nantes, où une expertise médico-légale
fut confiée à MM. les professeurs Ch. Ménier et Ollive
(Bulletin de la Société mycologique de France, V III,
1892, p. 71 et obs. XVIII), l’autre à Valence, où, à
la suite d’un rapport de M. le D“ Riory, de Chabeuil,
un imprudent marchand fut condamné à quinze jours
d’emprisonnement (Obs. XIX.)
En présence de cas suspects, le médecin ou l’expert
devront se demander si l’empoisonnement est bien dû
à des champignons, puis à quelle espèce de champignons.
Nous avons donné, à propos du diagnostic
et de l’étiologie, des détails suffisants sur la séméio-
logie des empoisonnements fongiques pour n’avoir
pas à y revenir ici. Nous rappellerons que, pour
retrouver le corps du délit, la preuve matérielle du
fait, il faudra rechercher et recueillir avec soin les
débris des repas, les épluchures, les évacuations de
toute sorte, et y rechercher les traces des champi-
gnons.
Il ne faut pas oublier toutefois que le problème
(1) A. Tardieu et Z. Roussin. — Etude médico-légale et clinique
sur les empoisonnements, 1867, p. 828.