
Le père ne vomit jam a is , malgré tous les rem èd es: mais
dy sen trie copieuse qui dura deux jo u rs et demi, de matières
trè s p u an te s, v e rt foncé, n o irâ tre s , et, su r la fin, du sang
avec mucosités comme membraneuses. Il fut trcuité comme
les a u tre s , e t ne voulut jam a is g a rd e r le lit. Après la mort
de sa femme e t de ses en fants, le d é sespoir le p rit : il r e s ta
cinq jo u rs sans p a rle r, m a rch an t ça et là, égaré, les yeux
fixes et larm o y an ts, comme insensible ; du re ste ne p a ra is s
a n t p lus sous l’effet du poison. Enfin il re v in t à lui à la vue
de son fils guéri.
L e p ère e t le fils re s tè re n t longtemps à se rem e ttre avec
digestions difficiles, évacuations sanguines, fréq u en tes,
g rande faiblesse dans les jam bes, et crampes dans les
membres inférieurs. On les tr a ita avec du quinquina, du
lait, et du sirop balsamique.
O B SERV AT ION XXXI.
Empoisonnement par Volvaria speciosa. F rie s.
J. Douteau, in UU. ad. Souché.
(Inédite.)
L e mercredi 25 octobre 1899, to u te une famille réunie au
P o n t-d u -S e rv a n , village su r le P e tit-L o ry , limitrophe des
communes de C h antonnay et de Bournezeau, m an g e ait des
champignons. Après des p é ripéties d iverses, d ont M. le D®
B a sta rd , de Bournezeau, me donnera la clef, le vendredi
su iv an t il fut appelé au chev e t de divers malades pour cause
de malaises éprouvés à la suite d’ingestion de champignons.
L e tra item en t in stitu é n ’emp êchait pas que le jo u r du dimanche,
29 octobre, ne v it décéder coup su r coup un jeune
homme de 25 ans environ et une jeu n e fille de 17 à 19 ans,
puis une vieille femme de 70 ans. Le repas av a it été p rép aré
pour les fiançailles des deux jeu n e s gens, qui tro u v è ren t la
mo rt dans les agapes m atrimo n iale s !
S u r une indication p récise du docteur, j ’étais le P® novembre
, jo u r de T o u ssa in t, su r le lieu de la c a ta s tro p h e .
Après bien des difficultés, je suis pa rv en u à sav o ir au
ju s te où la cu eille tte av a it pu se faire. Un neveu d ’une des
victimes échappées à la mo rt (3 su r 6), se c h a rg e an t de me
p ilo te r .j’ai recueilli s u rp la c e des é ch antillons nombreux, à
tous âges e t en tie rs, de Volvaria gloïocephala, v a rié té
speciosa. Quélet, Flore mycologique, p. 189.
L es symptômes g én érau x observés ont été : g a s tro -en té rite
, coma e t mort.
J ’e spère, d’accord avec le médecin co n su ltan t, p ré c is e r à
ce sujet, d ’ici à quelques jo u rs.
En soi c et a cc id en t, si tris te soit-il, n ’a pa s de quoi su rpren
d re .
Nous sommes, en effet, à l’époque actu elle, affligés de
to u te s les espèces amanitiques de n o tre flore : Amanites et
Volvaires.
Il fau t beaucoup de sens b o tanique, e t ne rien la iss e r
p a s s e r du chapeau à la base du pied, pour n e pas confondre
n o tre trè s vulgaire Lepiota puclica, v u lg airem en t Potiron
blanc, Fromenton (ainsi nommé p a rce q u ’il c ro ît su r nos
chaumes, dans nos trèfles e t su r les c éréales, de p référence),
avec la Volvaire blanche, Volvaria gloïocephala, v a rié té
speciosa. Jeu n e s, to u s deux so n t b lancs, ivoirins, chapeau et
feuillets ; ad u lte s, b ru n is s a n t dans le h a u t plus ou moins et
r e s ta n t plus ou moins visqueux ; vieux ou pa ssé s, ils v o ient,
l’un e t l’a u tre leu rs corolles devenir soit rose, soit rouge
brique.
L e Lepio ta, il e s t v ra i, a sa co lle re tte ; le Vo lvaire en e st
d ép ourvu; mais allez donc d emander à une vieille femme de
70 an s, telle que celle qui av ait ram a ssé les champignons, si,
oui ou non, elle s ’e s t rabaissée à c o n s ta te r un te l c a ra c tè re ,
alors qu’elle av a it ré colté au même lieu les Lepiota pudica
et excoriata comestibles !...
Comme règ le de conduite pour les ram a ss eu rs de champignons,
je les engage fort, à l’av enir, à d é rac in e r leurs
ch,ampignons, quels qu ’ils soient, et à ap p liquer ce principe,
p re sq u e toujours vra i : R e je te r d’office to u t champignon
issu d'une bourse (volve) ou d’u n semblant de bourse plus
ou moins profondement e n te rré e . Il y a du froid de la m o rt
dans ce simple c o n ta c t !
rit