
Les expériences sur les animaux reproduisent, en
somme, la Symptomatologie observée (syndrome
muscarinien) chez l’homme empoisonné par la
Fausse-Oronge ou VAmanita. pantherina, Files font
voir, par contre, que ces champignons agissent comme
la muscarine et par elle sans doute. Nous y rencontrons
les mêmes troubles vaso-moteurs et sécrétoires,
sialorrhée, larmoiement, contractions spasmodiques,
puis épuisement musculaire, phénomènes d’ivresse,
de titubation, reconnaissant comme cause probable
la congestion cérébro-spinale, l ’accélération puis le
ralentissement de la respiration, le refroidissement,
l’abaissement de la température, l ’accélération puis
l’irrégularité du coeur, urines abondantes, puis guérison.
Les phénomènes paralytiques cardiaques de la
muscarine ne se reproduisent pas dans les empoisonnements,
parce que la dose aurait besoin, pour cela,
d’être beaucoup plus forte et exigerait une énorme
quantité de champignons, conditions qui ne se réalisent
heureusement pas dans les empoisonnements
ordinaires.
Une dernière remarque à propos des urines :
Si, dans l’expérience en cours, se voient de bonne
heure des mictions involontaires et fréquentes, elles
peuvent s’expliquer par la contraction spasmodique
de la vessie chassant en plusieurs fois les urines contenues
dans la vessie avant les accidents. Mais, à la
fin de 1 expérience, il s ’agit d’une hypersécrétion
urinaire. Aussi peut-il se produire de vraies débâcles
urinaires à la période de rempoisonnement. La voie
rénale semble être la grande voie d’élimination de la
muscarine, comme le prouve l’histoire des Ostiaks,
dont les urines, intoxiquées par l’ingestion de la
fausse-oronge et bues par d’autres personnes dans un
but d’excitation dépravée, leur communiquent également
l ’ivresse muscarinienne, pouvant aller jusqu’à
la folie délirante.
Les sueurs jouent aussi un rôle important au point
de vue de l’élimination du poison. Cette dernière
réaction manque chez les chiens, ce qui augmente
probablement chez eux la sécrétion des glandes sali-
vaires.
'i' Il
I I I .— Nous croyons devoir dire quelques mots, en
terminant, de l’action physiologique de la choline,
souvent mise en cause comme principe dangereux
pouvant se rencontrer au moins momentanément
dans les champignons vénéneux et en exalter le poison,
par exemple Amanita pantherina et Boletus luridus
(Boehm).
' La choline a été très étudiée au point de vue physiologique
par Boehm et Goetgenis (Charbonnel, loc.
cit., p. 56). Sou action se rapproche un peu de celle
de la muscarine, mais son degré de toxicité est bien
moins élevé. File provoque expérimentalement la
sialorrhée, la contracture des pupilles, l’élévation de
la pression sanguine, de la paralysie respiratoire
comparée à celle que cause le curare. Comme avec ce
dernier poison, la mort, par arrêt respiratoire, su rvient
en moins d’une heure, chez la grenouille avec
des doses de 0 gr. Ü25 à 0 gr. 05 eu injection sous-
cutanée. Le coeur est ralenti dans ces conditions et