
Paulet (loc. cit., VI, expér., p. 339), donnant à un
chien un pied à'Amanita bulbosa desséché, vit les
mêmes effets se produire que lorsque le champignon
était frais. Or, on sait que la dessication ne fait pas
disparaître la phalline des champignons. On voit
qu’elle n’en diminue pas non plus la toxicité.
Le D*' L. Planchon (th., expér. I, p. 195), ayant
fait prendre, à un chien, dans sa soupe, un pied
d’Ajnaniie bulbeuse de 15 grammes, l’incubation fut
très longue. Le début de rempoisonnement n’eut
lieu qu’au bout de 30 heures et la mort arriva 10
heures après. L ’autopsie montra de la congestion
cérébrale, des érosions gastriques; sang fluide dans
les vaisseaux ; contraction de tout l’iléon et du gros
intestin; congestion intense de ce gros intestin avec
sang dans le rectum sans ulcérations; en outre, le
foie était volumineux.
Les symptômes, chez les chiens, sont encore les
mêmes qu’avec le champignon frais lorsque celui-ci
a été cuit dans l’eau bouillante pendant un certain
temps, une demi-heure ou une heure. Dans ces cas,
c’est l’eau de cuisson seule qui empoisonne.
Ainsi Pouchet, de Rouen, (Journal des connaissances
médicales, VI, 1838-1839, p. 34), après avoir
fait bouillir de l'Amanita phalloïdes pendant une
demi-heure et doimé l’eau de cuisson à prendre à
un chien, vit ce dernier rester dix heures sans présenter
aucun malaise. Au bout de ce temps, l’animal
présenta de la faiblesse, poussa des cris plaintifs, vomit,
etc. ; bientôt il ne se soutint plus, trembla sur
ses pieds, se coucha, tomba enliii dans l’assoupissement,
puis mourut. La pulpe du champignon bouilli,
bien essuyée et bien séchée ne fit pas mourir un autre
chien.
Le poison des Amanites bulbeuses jouit d’une certaine
solubilité dans l’eau et il faut savoir que cet
extrait aqueux peut conserver longtemps son principe
toxique. Pietro Pellegrini a vu l’extrait aqueux
d’Amaniia phalloïdes (liquide citrin) conserver encore
son activité au bout de onze mois (Recherches sur
le poison des champignons, par Pietro Pellegrini in
Rivista d’igiena sanila publica, 1899.)
On trouve dans les empoisonnements expérimentaux,
des hémorrbagies intestinales, stomacales, des
congestions pulmonaires etc., comme nous en avons
vu en clinique, qui peuvent s’expliquer par l’action de
la phalline, ainsi que les symptômes hépatiques,
congestions, ictère, urines biliaires, etc. Mais les
vertiges, défaillances, stupeur et tous les symptômes
de dépression nerveuse peuvent relever aussi bien de
l ’altération sanguine, anémie cérébro-spinale, etc.,
que de l’action du poison lui-même sur la cellule
nerveuse.
Un rapprochement se fait ici naturellement entre
la phalline et l’acide helvellique. Ce dernier est le
principe toxique des Helvelles (Bohm) (1) qui causent
des empoisonnements en Allemagne et en Bavière,
parce qu’on les y mange à l’état frais, et n’en produisent
jamais en France où elles ue sont consommées
que desséchées.
(1) Bostrom. In Arch, fur méd. KHn, t. XVII, 1882.
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