
la crise délirante, se réveille, il est guéri, mais, en
reprenant possession de sa connaissance, il manifeste
un profond étonnement et ne se souvient absolument
pas de ce qui s’est passé. Il faut qu’on lui apprenne
le danger auquel il vient d’échapper et dont il ignore
tous les détails (obs. V II, XX, 1).
La stupeur est un des phénomènes les plus importants
dans l’empoisonnement par les Amanites; c’est
même le phénomène nerveux le plus grave. Rare, si
tant est qu’il existe, avec les Amanites fausse-Oronge
et panthérine, il est de règle avec Y Amanite bulbeuse,
dont il caractérise pour ainsi dire l’action
nocive. C’est le terme dernier de la dépression physique
et psychique (obs. XV). La résolution des
membres devient complète, les mouvements réflexes
excessivement lents, paresseux, et quelquefois il
existe du retard de la sensibilité. Le tableau clinique
devient remarquable. La paresse psychique présente
des degrés divers, depuis la simple indifférence jusqu’à
l’imbécilité consciente. Le malade reste couché, en
proie à un assoupissement continuel et à une apathie
sans pareille (obs. XV, 3). Rien ne l’intéresse plus.
Il ne s’occupe plus de rien et peut assister, sans manifester
l’ombre d’un sentiment de tristesse, de chagrin
ou de terreur, à la mort de ses proches, victimes du
même repas. II comprend tout ce qu’on lui dit, n’a
pas de troubles sensoriels bien profonds, mais on a
une peine inouïe à le secouer de sa torpeur pour obtenir
une réponse à peine ébauchée (obs. V) ou lui faire
boire quelque chose. Il est hébété; ses yeux restent
fixes et, lorsqu’on attire son attention, il les meut
lentement. Cet état stupide, qui peut durer plusieurs
heures, est du plus mauvais augure. Il alterne quelquefois
avec des phénomènes d’excitation, tremblements,
mouvements spasmodiques (obs. V, XVII) ou
bien il est entrecoupé par un retour des vomissements,
des évacuations et des douleurs abdominales
assez fortes pour arracher quelques plaintes au
patient (obs. XVIII, 1). Le plus souvent, il aboutit
au coma et à la mort. E t même, si le malade ne meurt
pas, cet espèce d’idiotisme peut le poursuivre dans la
convalescence (obs. XVII).
Les malades accablés par l’énergie du poison (Am.
bulbosa) ou privés de secours opportuns (Am. pantherina
quelquefois) périssent victimes de leur gourmandise
ou de leur imprudence. La scène, alors, s’assombrit
de plus en plus, et le coma survient, précédé
d’une insensibilité complète, de battements de coeur
irréguliers et affaiblis (obs. XV), traduits par un pouls
misérable qui disparaît en même temps que le corps
entier se refroidit, se couvre de marbrures livides.
La respiration s’embarrasse, se ralentit, devient
finalement stertoreuse, irrégulière, et le malade
succombe (obs. XI).
Les troubles sensoriels signalés par les observateurs
dans les empoisonnements par les champignons
chez l’homme sont très variables et fugaces. Il est
bien rare de trouver à la fois l’anéantissement
complet des cinq sens (obs. XVII, 3.) On remarque
asssez régulièrement quelques troubles de l’audition,
sifflements et bourdonnements (obs. XXVII) d’importance
d’ailleurs secondaire. Comme troubles