
.i;
Valence. L ’ou v rier est, en effet, m o u ran t : refroidissement
des ex trémités, pouls rad ia l obscur, sueurs glacées su r to u t
le corps. A l’au scu ltatio n du coeur, ry thme en un seul
temps ; le ton systolique e st fort, le ton diastolique complètem
en t aboli. C’e st sans doute un effet de la p a raly sie vaso-
motrice p é riphérique. Il n ’y a plus à e spérer. Je p ratique,
q uand même, des injections sous-cu tan ée s d ’é th e r, de
caféine e t de spartéin e. Mais l ’absorption n ’a pas lieu, e t le
malade m eu rt deux heu res ap rès dans le coma.
Rien de nouveau chez les q u a tre a u tre s malades. P e rs is tan
c e du myosis. A une seconde v isite, dans l’après-midi,
l’é ta t de M"' H... s ’ag g rav e : plus de pouls radial, coeu r irré gulie
r, angoisse re sp irato ire , douleur au b a s-v en tre et au
creux épig a striq u e, anurie. Injection sous-cutanée d ’un litre
e t demi de sérum artificiel. P iq û re s d’a tropine, de caféine
e t de spartéin e. J ’en fais ég alem ent au p ère et à la mère
d o n t le coeu r semble faiblir.
Vendredi 10 novembre. Visite à 5 heu res du matin. M“®D...
p a ra ît a lle r un peu mieux. Le pouls rad ia l e st p erceptible,
mais le v en tre re s te douloureux ; il y a toujours de l ’angoisse
re sp ira to ire p a r moments ; les pupilles r e s te n t co n tra cté es
e t l’anurie e s t absolue. Depuis l’adm in istratio n de la glace,
les vomissements ont à peu p rè s cessé. Le père, la mère et
la plus jeu n e fllle on t les pupilles d ila tée s, et leu r pouls est
bon.
Seconde v isite, à 1 heu re ap rès midi. C o n sultation avec
M. le D® P la n a s , d ’Etoile, qui me conseille de co n tin u e r to u t
ce que j ’ai fa it. M"® H... s ’en va ; les ex trémités se refroidiss
e n t; su eu rs froides e t subdélirium. Le sérum artificiel
in je c té sous la p e au ne s ’absorbe pas. A ma troisième visite,
à 10 heu res du soir, M“® H... e s t dans le coma. E lle m eu rt,
à minuit.
Le p ère me donne to u jo u rs de sérieu ses in quiétudes ; le
pouls rad ia l s’affaiblit; sueurs froides ; myosis ; nau sé es contin
u e lle s. J e p ra tiq u e une injection de sérum artificiel de un
litre et demi ; mais il re s te sous la p eau, comme dans une
poche inerte. Me se n tan t v aincu, je te n te une a u tre injection
d ’é th e r de 20 c en tim è tre s cubes. P e u à peu le sérum commence
à s ’ab so rb e r, e t je fais de nouvelles piqûres d ’a tro pine,
caféine et spartéine, J e me vois ég alem ent obligé
d’in je c te r un litre e t demi de sérum artificiel à la mère.
Samedi 11 novembre. Visite à 5 h eu res du matin. L ’é ta t
du père a complètement changé : pouls rad ia l ample e t fort,
coeu r bien rég u lier, peau chaude, pupilles bien d ila tée s ; il
ne v om it plus, u rin e abondamment, bo it du la it glacé e t du
champagne. L es deux femmes v ont bien. Deuxième v isite
après midi : é ta t sta tio n n a ire sa tis fa isan t.
Dimanche 12 novembre. Deux v isite s dans la jo u rn ée .
Rien de nouveau à co n stater.
L u n d i 13 novembre, v isite à 4 heu res du matin, c a r on e st
rev en u me p rév en ir que le p è re a lla it plus mal. Il e s t dans le
même é ta t que le v endredi soir, e t dans quelques heures
to u t se ra fini si nous n ’obtenons pa s une nouvelle ré action.
Je recommence les injections de sérum e t les piqûres de
caféine et de spartéin e, sans oublier un peu d’atropine.
Action rapide : le pouls red ev ien t bon, les pupilles se d ila ten t.
L a mère va bien ; mais chez la jeu n e fille le coeu r semble
faible : piqûres de caféine et de sp a rtéin e. Dès ce moment,
les deux femmes so n t h ors de dan g er ; elles s ’a lim en ten t et
rep re n n e n t p ro g ressiv em en t leu rs forces.
Deuxième visite ap rès midi. T o u t va bien.
Mardi 14 novembre. Deux visite s ; même é ta t.
L e s 15 et 16 novembre : une seule v isite p a r jo u r ; é ta t
s a tis fa is a n t du p ère 8 ...
Vendredi 17 novembre. J e reçois une dépêche trè s a la rm
an te à 3 h eu re s. J ’a cco u rs, le p ère é ta it mo rt ! Il av a it été
p ris sub item en t d ’u n m alaise indéfinissable, e t, à peine av ait-
on lancé la dépêche, que le te in t ch angea, la figure s’a lté ra ,
p rit un a ir inexprimable de souffrance, et, en moins d’une
d emi-heure, la mo rt é ta it su rvenue. C’é ta it le onzième jo u r
après l’ingestion des champignons !
L es deux su rv iv an te s ont continué à se rem e ttre rap id e m
en t et complètement.
— Ce cas d’empoisonnement, ay an t occasionné tro is décès
su r cinq malades, fut l’objet d ’une enquête e t d’une p o u rsuite
ju d ic iaire 'contre le sieu r X... qui avait v endu les champignons
vénéneux. On p u t, en effet, re tro u v e r quelques-uns ■
des champignons auquels l’acc id en t é ta it a ttrib u é . Ils