
l’existence de la mannite dans les champignons, mais
associée à d’autres sucres que Mitscherlich appela
mycose, mais qui est, en réalité, identique au tréhalose,
découverte à la même époque (1857) par Berthelot.
Boudier(1866)etMüntz(1873)reconnurent le tréhalose
dans une douzaine d’espèces de champignons, entre
autres Boletus edulis (Boudier), Amanita muscaria
(Müntz), etc., mais tantôt seule, tantôt associée au
glucose ou à la mannite, et la question resta fort
obscure jusqu’aux beaux travaux de M. E. Bourquelot
sur ce sujet. Dans un premier mémoire (E. Bourquelot.
Les hydrates de carbone dans les champignons,
in Bull. soc. mycol., V, 1889, p. 132 et VI,
1890, p. 150), portant sur dix espèces de Lactaires et
douze espèces de Bolets, il prouva que différents sucres
: tréhalose, glucose et mannite, se retrouvent
dans toutes ces espèces, mais en proportions variables
d’une espèce à l ’autre (de 1,9 à 15 %), et même
d’une année à l’autre pour une même espèce (de 7,7
à .2,1 7„). Il établit ensuite, d’après l’étude même de
212 espèces de champignons que ; « 1° Dans les
champignons qui renferment du tréhalose, celui-ci
disparaît à l’époque de la maturité ; 2° le tréhalose
est localisé et probablement formé dans les parties
essentiellement végétatives du champignon (stipe ou
pied de grands champignons), et manque dans les
organes différenciés comme organes sporifères (hymé-
nophore), vraisemblablement parce qu’il y est consommé
sitôt qu’il y parvient. » {Bull. soc. mycol., IX,
1893, p. 11), et plus loin : « Les sucres se modifient
pendant la dessication, ainsi que pendant la
conservation des échantillons frais. Le tréhalose, s’il
y en a, disparaît le plus souvent en to ta lité ; il se
forme de la mannite dont la proportion diminue ensuite
peu à peu ; enfin, on voit apparaître de véritables
proportions de glucose. » (Ibid,, p. 61).
Bourquelot appuie ces assertions par une série de
tableaux {Bull. soc. mycol. loc. cit. et Diet, physiol.,
p. 281-283), dans lesquels il donne les proportions ,
variables de ces différents sucres d’après ses analyses.
Le Tréhalose, H™ 0 “ -f- 0 , qui, en dehors du
Trehala, n ’a été jusqu’ici rencontré que dans les champignons,
en paraît un élément hydrocarboné essentiel.
Son origine, dans les champignons, doit être rapportée
à quelque - phénomène général de leur végétation et
a peut être une relation directe avec leur vie sans
chlorophylle (E. Bourquelot. Bull. soc. mycol. 1893,
p. 63.) Ce sucre cristallisable varie de 1,60 „/“ {Panus
shjpticus), 2,70 (Boletus edulis), 5 % (Amanita mits-
ca ria ),e tc .,h 10 °/„( Lactarius piperatus), i2 (Len-
Hnuscochleatus), 14,20 % (Cortinarius calochrous) et
même 16 °/„ (Cortinarius castaneus). Il est également
plus abondant dans le pied que dans le chapeau.
Boletus edulis en contient 2,45 % dans le pied, 1,38
dans le chapeau et Odans l’hymènophore.
La Mannite, C® EL 0®, existe dans tous les champignons
avancés en développement, d’autant plus
abondante qu’ils sont plus âgés. La teneur en est de
1,975 % dans Russula Queletei, 1,410 dans Russula
cyanoxantha, 1,20 dans Lactarius vellereus, 0,14 dans
Lactarius blennius, 0,43 dans Psalliota arvensis, 0,77
dans Lepiota procera, et est toujours plus localisée