
OBSERV AT ION XXXIV.
Empoisonnement par Lepiota helveola.
Ch. M é n i e r et D® Urbain M o n n i e r . Un deuxième cas d’empoisonnement
par le Lepiota helveola F r., Bull. Soc. myc. de France, XV
1899, p. 313.
Dans les p remiers jo u rs de septembre 1897, nous eûmes
l ’occasion d’observer un cas d’empoisonnement survenu à
Doulon, près N an te s , dans les c irconstances su iv an te s :
Le 2 septembre, R employé à la Compagnie des chemins
de fer d’Orléans, ram a sse dans les chan tiers de la g a re
de N an te s des champignons que lui et sa femme m angent à
d éjeuner, e t qu’ils tro u v en t excellents. Ils dînent comme à
l ’o rdinaire, à 6 heures du soir, avec leu r a p p é tit habituel.
Quelques heu res après ils sont pris des premiers symptômes
d’un empoisonnement :
1° L a femme R ..., 29 ans, de bonne co n stitu tio n , commence
u e rs h u it heu res, à se plaindre de lo u rd eu r d’estomac : les
v omissements se p ro d u isen t abondants e t alim en taire s : la
malade a ttrib u e son indisposition à du céleri in g éré au repas
du soir. Le mari ne re sse n t aucun malaise.
Appelé vers minuit, le D ' Cosset tro u v e cette femme dans
un é ta t a la rm a n t : faciès grippé, yeux excavés, pouls p e tit,
crampes légères aux membres inférieurs, vomissements
g laireu x , selles riziformes trè s abondantes, la malade, à la
fin, ne se sent même plus a lle r ;
2° Le mari, 33 an s, d’une vigoureuse constitution, non alcoolique,
est pris des mêmes symptômes, v e rs une heu re du
matin ; il p ré sen te de plus, des c rampes intolérables des
membres in férieurs. Le malheureux sa u ta it de douleurs sur
son lit. Ces douleurs on t duré env iro n douze heures, avec
de temps à a u tre quelques in stan ts de répit.
Dans la jo u rn é e du 3 les vomissements et les selles sont
con tin u e ls chez les deux malades qui se dépriment de plus
en plus, malgré le tra item en t ap p ro p rié à leur é tat. L ’e sto mac
ne su pporte aucun liquide. Le mari p ré sen te su r les
paumes des mains des tâches violettes. P a s d’algidité, pas de
sueurs froides.
Le 4, dans la nuit, affaiblissement plus p rononcé combattu
p a r des injections d’éth e r. A neuf heu res du matin, diminution
de vomissements et de la d iah rré e ; l’estomac et l’in te s tin
so n t trè s douloureux à la palpation.
L e -5 au matin, le mari e st mieux ; les vomissements et les
selles vont toujours en d iminuant. L ’é ta t de la femme re ste
s ta tio n n a ire . A midi ré ap p a ritio n chez le mari des p h én o m
è n e s g a s tro -in te s tin au x . L a femme e st m ieux; le faciès
m eilleu r. P o u ls relevé chez les deux malades. Le soir, hu it
heures, menace de coma chez la femme. Selles et vomissements
trè s fréq u en ts chez les deux. Anurie.
L e 6, n u it re la tiv em en t bonne ; vomissements ra re s : ré a p pa
ritio n des u rin es en trè s faible q u an tité ; selles e t vomissements
v e rd â tre s vers. 6 heu res du soir. Néanmoins l’amélioration
e st notable, le pouls et le coeur excellents : ils
su p p o rten t le la it, le café, les médicaments. Apparition des
règ le s de la femme
Le 7, n u it ag itée ; encore quelques vomissemenls porracés
chez le mari, plus de nausées chez la femme. Chez les deux
malades les douleurs ép ig a striq u es e t du v en tre ont presque
disparu ; la langue n ’est plus sab u rra le .
Le 8, n u it excellente, alim en tatio n lac tée , u rin es abondan
te s, vomissements p o rracés chez le mari, selles ordin
a ire s. C ependant l’estomac e t le v en tre red ev ien n en t douloureux.
L e 9, un seul vomissement g laireu x chez le m ari, nu it
lég è rem en t agitée.
Le 10, cessation complète des vomissements, estomac à
peine douloureux, n u it excellente.
L e 11, le mieux s’a c c en tu e ; les malades su p p o rte n t une
a lim en tatio n tr è s légère, e t le 15, ils p eu v en t ê tre considérés
comme g u éris, tous les symptômes a y an t disparu.
R ... ne p eu t rep ren d re son service qu’ap rès p lu sieu rs semaines
de repos.
L e champignon coupable déterminé p a r M. C. Menier puis