
suivant les espèces des champignons. Les spores
surtout méritent, d’après nous, d’être prises en
considération spéciale, tan t à cause de leur résistance
aux agents physiques et chimiques, qu’à cause
de leur diversité de forme et d’aspect : arrondies,
ovales, elliptiques ou anguleuses, lisses ou granulées,
pourvues à l’intérieur de nucléoles ou de granulations,
etc., et de coloration variée. La couleur des
spores est même la base de la classification très artificielle,
il est vrai, de Fries. La présence de granulations
extérieures ou acicales, mamelonant ou hérissant
leur cuticule, caractérise la tribu très naturelle
des Astérosporés (Quélet) rapprochant les Russules et
les Lactaires. L’importance des spores, de leurs
formes et de leurs dimensions, au point de vue
diagnostique, ne peut plus faire de doute, malgré les
critiques dont les idées de Boudier et de Réveil ont été
l’objet de la part d’auteurs peu familiers avec l'emploi
dumicroscope. (Cordier, Les Champignons, p. 71).
L’application pratique de ces recherches a, du reste,
été tentée avec un succès variable, car, si dans un
cas d’empoisonnement par l'Amanita phalloïdes, qui
fut, aux environs de Nantes, l’objet d’une expertise
médico-légale, M. Ch. Ménier rechercha inutilement
au microscope des traces de tissus ou de spores dans
le lait coagulé et la pulpe de l’estomac et des intestins
(Bulletin de la Société mycologique de France,
V III, 1892, p. 74) ; d’autre part, le docteur L. Planchon,
au cours de ses expériences, retrouva parfaitement,
dans le duodénum, les cellules parenchymateuses
du chapeau et, dans l’iléon, les spores du
Bolelus luridus (D“ L. Planchon, Thèse de Montpellier,
1883, p. 211).
Les spores seront recherchées méthodiquement par
l’expert et doivent être retrouvées par lui, mais, comme
nous l’avons déjà fait remarquer plus haut, c’est
dans les premières phases de l’empoisonnement, les
premiers vomissements et selles, qu’on décèlera avec
sûreté ces pièces à conviction. Sur le cadavre d’une
personne morte depuis deux ou trois jours, après
avoir eu des évacuations nombreuses, il n’est pas
étonnant, certes, de ne pas rencontrer des spores à
profusion. Il est donc bon de renouveler ici ce conseil,
qu’un médecin doit toujours recueillir les premières
évacuations pour les faire examiner, dès que
lui vient à l’esprit le soupçon d’empoisonnement par
les champignons. Cette recherche est de la plus haute
importance en médecine légale. Il suffit, du reste,
pour se convaincre de l’intérêt que présente cette
question, de parcourir les Tabulæ analyticæ fungorum
de N. Patouillard, où les 700 espèces représentées
sont toutes accompagnées de leurs spores spéciales,
dessinées à un même grossissement. Il en sera bien
autrement encore si, grâce au perfectionnement des
instruments, le grossissement s’accroît presque indéfiniment
en images que la photomicrographie reproduira
avec tous leurs détails plusieurs centaines ou
même plusieurs millions de fois amplifiés.
L’idée et le désir nous étaient venus, à la suite
d’observations microscopiques nombreuses, de faire
un choix de spores fournies par les espèces de champignons
comestibles ou vénéneux les plus intéres