
semblait-il ; mais des faits récents et bien observés
ont révélé dans l’une d’elles, Lépiota helveola, un
principe toxique évident et analogue, comme action, à
un bien moindre degré toutefois, à celui des Amanites.
Les observations suivantes en font foi :
OBSERV AT ION XXXIII.
Empoisonnement par Lepiota helveola.
C i l . M é n i e r . Deux cas d’empoisonnement par les champignons dans
l’ouest de la France, Bull. Soc. Sc. nat. de l’Ouest de la France,
II, 1892 et Bull. Soc. mycol., VIII, 1892, p. 79.
Le 26 octobre 1891, à la Gaubretière, canton de Mortagne-
sui'-Sèvre (Vendée), un dimanche, M. R aineau, menuisier,
son beau-frère Ro taille au et le jeu n e fils de ce dernier, âgé
de 5 ans, cu eilla ien t des champignons dans un champ de
g enêts. L eu r récolte se composait de tro is Po tiro n s (Lepiota
procera) et d’a u tre s plus p e tits qui é ta ien t des Lepiota helveola.
B res. (comme il fut reconnu p a r M. Ch. M en ie re t confirmé
p a r M. Boudier.) De ces d erniers ils av aien t pu r a m
asser environ une centaine.
Ces champignons av aien t été lavés à l’eau froide le soir
même de la récolte, mis à ég o u tte r pen d an t la n u it et p r é p
a rés le lendemain pour le rep as de onze heu res. T ro is per-
sounes en mangèrent, les époux R a in e au e t leu r neveu qui
av a it p ris p a rt à la cueillette. Ils les tro u v è ren t bons, mais
m a lg ré cela tous tro is fu ren t malades, les adultes g u é riren t,
l ’en fan t mo u ru t 5 jou rs après.
I. — Le jeu n e Re ta illeau , en fan t de 5 an s, d’une co n stitu tion
délicate, p a ra it-il, n ’av a it mangé qu’une p e tite q uantité
de champignons (environ une cuillerée). Après le déjeun
e r il v a 'à l’école comme à l’o rd in aire, mais à son re to u r,
v e rs 5 heures, il e s t p ris de vomissements et de d iarrhée.
Dans la nu it du lundi au mardi les vomissements continué-,
re n t, le médecin est seulement consulté le mardi v e rs midi.
Le traitem en t consiste en un p u rg a tif et une mixture calmante.
L ’é ta t du p e tit malade semble se m a in ten ir sans
ag g rav a tio n les jo u rs su iv an ts, mais dans la nu'it du jeudi
au vendredi, su rv ien t une a g ita tio n extrême, des convulsions,
l’enfant ch erch e à se p ré c ip ite r h o rs du lit. Enfin,
v e rs une heure, il tomba dans un é ta t de p ro sta tio n qui se
term in a vers 5 heu res du matin p a r la mort.
II. — M. Ra in e au , âgé de 33 an s, de bonne constitution a
mangé, dit-il, les tro is q u arts du p la t de champignons e t a
pu v aquer à ses occupations o rdinaires le re ste d e là journée
sans re s s e n tir aucun malaise. Il est pris de vomissements et
de d ia rrh é e dans la n u it à 2 heu res du matin. L es selles sont
fétides. Toute la jo u rn ée du mardi, les accidents continuent,
mais dans la n u it du mardi au mercredi d’au tre s symptômes
ap p ara issen t ; le malade éprouve une sen sa tio n de froid, des
c rampes dans tous les membres, e t une grande sensibilité
dans la région du v en tre et de l’aîne. L e tra item en t in stitu é
e st le même que pour le précédent. Dans la n u it du vendredi
au samedi les selles ap p ara issen t sanguinolentes. L e malade
commence à pren d re quelques aliments. L a convalescence
est assez longue e t h u it jo u rs après il éprouve une grande
lassitude à marcher un peu.
I I I . _ Mme Ra in e au , âgée de 30 ans et d’excellente c o n stitu
tio n , a absorbé plus de champignons que l’enfant mais
beaucoup moins que son mari (3 ou 4 cuillerées environ).
E lle est prise de vomissement et de d iah rré e dans la n u it uu
q u a rt d’heu re ap rès son m ari. P o u r to u t tra item e n t elle s’adm
in istre d a n s la jo u rn ée du mardi, à diverses re p ris e s , un
■litre e t demi de café noir que sou estomac re je tte au ssitô t.
Ces symptômes co n tin u en t encore to u te la n u it suivante,
mais dans la jo u rn ée du merc red i elle se tro u v e beaucoup
mieux. Lorsq u e je la vis la g u érison é ta it complète.