
d u isiren t les p remiers symptômes de l’empoisonnement.
Ceux-ci c o n sistèren t d ’abord en phénomènes d’une g a stro e
n té rite in ten se : douleur ép ig astrique, vomissement in ce ssan
ts a v e c n au s é e sp e rs is tan te s des p lu sp én ib le s, évacuations
a lvines sé reu ses, coliques violentes, le to u t accompagné de
.cramp e s dans les jambes et de re froidissem ent des e x tré mités.
Ces acc id en ts g a s tro -in te s tin a u x fu ren t beaucoup plus r e marqués
chez le père que chez l’enfant. L es selles no tam men
t fu ren t beaucoup moins copieuses chez celui-ci e t les
évacuations beaucoup moins ab o n d an tes ; on v e rra quelles
en fu ren t les conséquences.
Chose incroyable, ce n ’e s t que le dimanche soir, v in g t-
q u a tre heu res ap rès l’ingestion du poison, douze heures
ap rès le début de ces a cc id en ts, que ces gens qui se sav a ien t
empoisonnés v in ren t me d emander des soins.
Je notai de suite chez le p ère un é ta t d ’ag ita tio n ex trême ,
une dépression considérable des forces, un mal de tê te violen
t, des b o u rdonnements d ’oreille, du refro id issem en t des
ex trém ités, un pouls p e tit e t trè s rapide, les n au sé es é ta ien t
p e rs is tan te s , les évacuations alvines co n tin u a ien t trè s fréq
u en te s. L ’en fan t p a ra is s a it moins souffrant : les selles
n ’av a ien t pas été aussi copieuses ; il se p laig n a it de quelques
n au sé es continuelles. Je p re scriv is de suite des év acuants,
je p ra tiq u a i des injections hypodermiques de caféine et j ’a d m
in istra i aux deux malades de la te in tu re de belladone.
Lundi 21 novembre. Le lendemain lundi, l’é ta t du père
é ta it à peu p rè s le même ; les évacu an ts av a ien t p ro d u it leurs
effets e t malgré les év acu atio n s alvines ab o ndantes qui
av a ien t précédé le pu rg a tif, celui-ci provoqua des selles conte
n a n t une n o tab le q u an tité de m a tiè re s ; il ne fau t donc pas
dans ce cas, se fier à l ’abondance des év acu atio n s d é te rm in
ées p a r l’a g en t toxique, il fau t p u rg e r quand même.
L ’en fan t m alh eu reu sem en t, m algré des doses d’adultes de
su b s tan c e s p u rg a tiv e s , n ’eu t que des év acu atio n s insuffisantes
; trois ou q u a tre s selles seulement. L e s purg a tifs
é ta n t tr è s difficilement to lé rés, à cause des n ausées et des
vomissements in c e ss an ts, j ’eus reco u rs chez lui aux gran d s
lav em en ts purg a tifs.
L e s deux malades se p laig n a ien t de mal de tê te , avec b o u rdonnements
d’oreilles, de coliques, et su rto u t de douleurs
ép ig astriques. Mais le symptôme le plus pénible e t dont ils
se p laig n a ien t le plus é ta ien t des nausées ince ssan tes e t des
efforts de vomissements des p lu sp é n ib le s. Je notai au ssi des
b â illements trè s fréq u en ts : à to u t nioment les malades b â illaient.
Les pupilles ne fu ren t jam a is modifiées. Le pouls é ta it
toujours faible et trè s rapide. J e n o tai une faible p ro portion
d ’albumine dans les u rines de l’enfant. Les malades se plaign
a ien t ég alem ent de tén e sm e vésical e t re c ta l. J e continuai
le même tra item e n t : inje c tio n s hypodermiques de caféine,
grands lav em en ts évacu an ts, lav em en ts de café, te in tu re de
belladone. Je prescriv is de n o uveaux év acu an ts.
Mardi 22 novembre. Le lendemain mardi, l’é ta t du père
s ’é ta it amélioré : les coliques, la douleur ép ig a striq u e é ta ien t
moins in ten se s e t les vomissements moins fréquents, mais le
malade se p laig n a it toujours de n au sé es trè s pénibles. L ’ag ita
tio n é ta it encore grande, le pouls p e tit e t faible ; à deux
rep rise s le pouls faiblit ex trêm em en t e t des syncopes se pro duisirent.
Toujours des b â illem ents rép étés.
L ’é ta t de l’enfant a lla ce jo u r-là en emp iran t. L es efforts
de vomissements é ta ien t in c e ss an ts, e t ces efforts inutiles
é ta ien t on ne p e u t plus pénibles. Les douleurs épiga striq u es
et les coliques a u gm en tè ren t d’in ten sité. L ’ag ita tio n du p e tit
malade é ta it extrême ; les douleurs lui a rra c h a ie n t des cris
in ce ssan ts. Dès le matin le pouls d ev en a it filiforme, m algré
les injections de caféine. Le soir, du délire a p p a ru t ; l’enfant
en proie à une ag ita tio n extrême av ait des h a llu c in a tio n s.
Dans la n u it du mardi au m ercredi je lui p ra tiq u a i une in je
c tio n hypodermique d’un demi-centigramme de morphine
qui amena un peu de calme. L e pouls é ta it de plus en plus
p e tit et réd u it à une légère o n d u la tio i\ de l’a rtè re à peine
perceptible ; les ex trém ités é ta ien t refroidies : une sueur
froide couv rait le malade.
Mercredi 23 novembre. L e mercredi matin, dans un effort
de vomissement, une hématémèse énorme se p ro d u isit ; le
sang é ta it n o ir et caillé. Une d emi-heure ap rès le p e tit malade
expirait.
Je crois que si j ’avais été appelé dès le déb u t des accidenta