
i■
malgré l’avis d’un jard in ie r, de l’Agariotis olearius. Ces
champignons ne fu ren t cuits qu ’ap rès avoir été salés et
exprimés. On en mangea, du re s te , trè s peu, su rto u t le voisin,
qui n ’en p rit qu ’un morceau et le re je ta même dans la
rue. Ce rep as fu t p ris, en guise de goûter, à 4 h eu re s du
soir. A 6 h e u re s, les tro is enfants de la femme X... sontin d is-
posés ; v e rtig es , pand icu latio n s, bâillem en ts fréquents,
sueurs profuses et enfin vomissements. Ju sq u ’à 9 heures,
vomissements co n stan ts. A 9 heu res, les deux femmes re s s
e n ten t à leu r to u r des douleurs abdominales, de la faiblesse
générale, des nau sé es et v om issent également. L e voisin fut
malade aussi dans la n u it ; bien qu ’il eû t à peine goûté aux
champignons, il éprouva to u s les symptômes d’une indigestion.
To u t le monde se rem it trè s v ite, sau f la mère qui se
r e s s e n tit sep t à h u it jo u rs de son indisposition. Enfin, un
c h a t a y an t mangé, le lendemain matin, le morceau de champignon
je té dans la ru e p a r le voisin, vomit dans la journée
e t r e s ta malade tro is jo u rs. Il fau t jo in d re à c e tte o b se rv a tion
le témoignage de plusieu rs p e rso n n es, e t en p a rticu lie r
d’un ch e rch eu r d e 'ch am p ig n o n s , qui m’ont dit avoir été
incommodés longtemps p a r de p e tites q u an tités de cet
a g a ric . »
Planchon rapporte ensuite les détails de deux expériences
tentées par lui sur deux chiens, chez l’un
avec le suc bouilli de 150 grammes d’Agaricus olearius,
chez l’autre avec les morceaux pressés et privés
de suc de ce même champignon. Les deux chiens
sont pris de vomissement«, le premier dix minutes, le
second une heure seulement après leur repas, et sans
évacuations alvines. Après quelques heures de tristesse
et d’abattement, ils vont mieux et, le lendemain,
sont complètement remis.
Il en résulte qu’il faut considérer le Pleurote de
l’olivier comme un puissant émétique, et le principe
) i
qu’il contient est aussi bien dans le suc que dans la
plante elle-même. Le séjour dans le sel ne lui enlève
rien de ses propriétés, et l’abattement qu’il provoque
est explicable par les vomissements mêmes.
Le Pleurotus oleax'ius est assez mal nommé car il
croît dans le Midi, non seulement sur les vieux troncs
et les racines de l’olivier, mais sur le figuier, le lau rier
tain, le chêne-yeuse, et plus au nord, sur le
robinier faux acacia, le charme, et surtout, aux environs
d’Autun, où il est rare, sur les souches de châtaigniers
coupées au ra s de terre (D’’ Gillot et Lucand.
Catal. rais, des champ, supérieurs de Saône-et-Loire,
p. 120;. On sait que ce champignon jouit de la remarquable
propriété de présenter un hyménium presque
toujours phosphorescent à l'obscurité, ce qui lui a
valu de la part du D’' Quélet le nom spécifique plus
juste de Pleurotus phosphoreus (Quélet, Enchiridion
fungorum, p. 147, et Flore mycol. de France).
Nous avons expliqué précédemment (p. 27) que la
phosphorescence des champignons est due à la présence
de nombreuses colonies bactériennes et à des
phénomènes d’oxydation lumineuse causés par elles,
d’une façon accidentelle chez quelques champignons
vieillis ou altérés, d’une façon normale chez le Pleurotus
phosphoreus même à l ’état frais. Les accidents
qu’il détermine sont donc vraisemblablement produits
par une toxine microbienne, qu’il serait intéressant
d’isoler et de soumettre à l’expérimentation microbiologique
d’après la technique moderne.