
neux; et qu’il est possible, en même temps, que ce
même champignon cuit ou corrigé avec la saumure
ou tout autre correctif, cesse d’être malfaisant. »
(Paulet. Traité des Champignons, 1793, II, p. 174).
Une observation plus récente et plus précise nous
a été fournie par M. le D'' X. Gillot, qui nous a remis
la note suivante ;
OBSERVATION XXXII.
Empoisonnemexit par les Russules.
D ' X. G i l l o t , d’Autun.
(Inédite.)
M. D eb ..., demeu ran t à Autun, é ta it g ran d am a teu r de
champignons, se v a n ta n t de les co n n aître sû rem en t e t de
savoir les accommoder sans d a n g e r, et, de fa it, il en fa isait
u ne g rande consommation, ré co ltan t, en p a rticu lie r, des
Ru ssules, dont c roissent, aux environs d’Autun, et en assez
g rande qu an tité, c ertain e s espèces comestibles, à chapeau
b ig arré ; R. virescens, R. cyanoxantha, e tc ., ou à chapeau
ro u g e : R. lepicla, R. heterophylla, R. integra, e tc ... M .L u cand,
c ap itain e en re tra ite et mycologiste d istingué, en r e la tion
avec M. Deb ..., a y an t remarqué à plusieu rs rep rises,
dans les cu eille tte s de ce d e rn ie r, quelques échantillons
d’espèces vénéneuses, R. rubra, R. sanguinea, R. Queletii,
e tc ., faciles à confondre avec certain e s v a rié té s de R.
Lepida ou a u tre s, et englobées, sous les noms v ulgaires de
Cul-rouge, Bonnet-rouge, Rougeot, l’av a it mis en garde
co n tre un d an g er possible.
Le 17 septembre 1892, M. Deb ..., re v en a n t d’une promenade
en fo rêt avec une pleine ffloche de R u ssu le s, v o u lu t en
fa ire accommoder un p la t pour son souper. D’h ab itu d e il
je ta it su r les champignons pelés e t p rép aré s une grande
q u an tité d’eau b ouillante, les y la is s a it blanchir, c’e st-à -d ire
trem p e r assez longtemps, e t les accommodait après les avoir
la iss é s ég o u tte r et avoir je té l’eau. Ce soir-là, il é ta it déjà
ta rd , et M. D e b ..., p re ssé e t confiant dans son expérience,
se c o n ten ta de je te r su r les champignons un peu d’eau
chaude à moyenne tem p é ra tu re et les fit cuire quelques
m inutes après.
L e souper eu t lieu à 6 h eu res 1/2 du soir. Vers 10 h eu res,
M. Deb... fut pris de tran ch é e s vio len tes avec malaises
nauséeux, puis de vomissements a lim en taire s re n fe rm an t
des débris de viande, de champignons, qui av aien t serv i de
g a rn itu re , e t de salade. L es vomissements se ré p é tè re n t trè s
violents, avec su eu r froide, pouls p e tit, faciès pâle e t anxieux,
yeux excavés, pupilles co n tra cté es, e tc ., b re f tous les symptômes
d’un empoisonnement à forme de g a s tro -en té rite
cbolériforme, c ar des év acu atio n s alvines se p ro d u isiren t
ég alem en t, mais plus tard iv em en t.
L e malade, mis au lit, fut réchauffé; des grogs ch auds, du
café chaud, d’abord vomis, fu ren t enfin to lé rés, et le malade,
trè s a b a ttu , finit p a r tomber dans un engo u rd issemen t
p resque comateux, in te rrom p u p a r des tran c h é e s p e rs is ta
n te s . Le lendemain toutefois, la guérison é ta it complète.
Ce cas d’empoisonnement b an al p a r les R u ssu le s, offrant
les symptômes bien connus de l’in to xication p a r les su b stan
c e s n a rco tico -â cre s, n ’offrirait guère d ’in té rê t sans les
co n statatio n s assez p récises dont il a été l’objet.
M. le capitaine Lucan d , appelé auprès du m alade en même
tem p s que moi, examina ég alem ent les débris d’ép lu ch u res
des champignons e t le re s te de la cu eille tte . Nous y re co n nûmes,
e n tre a u tre s, les espèces de Russula sanguinea,
parfois assez commune aux environs d’Autun, en même
temps que le R. lepida, comestible, et d’ap p aren ce trè s voisine.
Or, M. Deb... a v a it déjà consommé imp u n ém en t c e tte
espèce, à tel p oint que, dans un trav a il ré cem m en t publié
(Tri
i ’rit