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tions de thérapeutique délicates, n ’est guère partisan
de son usage, d ’une façon générale, dans la pratique
journalière. Une telle autorité doit prévaloir.
La pilocarpine a été conseillée (1) à la suite de
quelques succès obtenus sur des chiens (G. Sicard) (1),
et l ’on pourrait être tenté de l’employer à cause de
sou action sudorifique. Nous pensons, au contraire,
qu’il serait très imprudent de le faire à cause de son
action dépressive sur le coeur.
La caféine, en tan t que soutien du coeur et diurétique,
sera, par contre, employée très avantageusement
dans l ’empoisonnement muscarinien. Le mode
d’administration préférable sera l’injection, sous la
peau du malade, à la dose de 40 centigrammes par
jour, en deux ou plusieurs fois.
La digitaline peut rendre également de grands
services au même titre que la caféine, mais elle est
d’un maniement plus délicat et doit être réservée pour
certains cas très graves d’affolement cardiaque.
En somme, le traitement de l’empoisonnement par
les champignons' à muscarine peut se résumer ainsi :
évacuants, injection de caféine, bains généraux, et,
en cas de nécessité, quelques calmants, comme dans
le delirium tremens (chloral, opiacés, injection de
morphine, etc.).
Dans les intoxications par les champignons du
groupe de l ’Amanite bulbeuse (champignons volvacés),
la caféine rendra encore de grands services. Mais
comme, ici, nous savons avoir affaire à un poison du
(1) G. Sicard. Champignons comestibles et vénéneux, 2 ' édit. Paris,
1886, p. 264.
sang, on pourra méthodiquement, avec prudence,
pratiquer la saignée générale, retirer 250 à 300 grammes
de sang et les remplacer par une injection in tra veineuse
de sérum artificiel. 11 y a grand avantage à
injecter le sérum par les veines et à employer un
sérum légèrement alcalin (Pellegrini) (1), celui de
Hayem, par exemple.
La caféine servira de stimulant, mais peut-être
insuffisant, pour combattre, àla période de dépression,
la grande stupeur des empoisonnements phalloïdiens.
On lui associera alors, avec beaucoup de profit, les
bains généraux, que les anciens employaient déjà
avec succès. Dans les Épidémiques, Hippocraie rap porte
que la fille de Pausanias s’étant empoisonnée
en mangant des cbampignons crus, il la rétablit avec
l’oxymel chaud et l’usage des bains (2).
Il faut combattre la stupeur d’autant plus énergiquement
quelle est plus profonde.
Sous ce rapport, il n ’est pas de médicaments plus
précieux que l’éther, employé de préférence en injections
hypodermiques, car, absorbé par l’estomac au
début, il peut favoriser l’exsudat du champignon, et,
par suite, augmenter l’absorption du poison. Cette
(1) Pellegrini a remarqué avec l’extrait d’Amauita phalloïdes que
les solutions alcalines diminuent l’activité du poison. Des cobayes
inoculés avec des extraits alcalins survivent. .Les extraits acides
n ’ont aucun effet. Les cobayes meurent avec ces derniers comme les
cobayes témoins. Delà montre la grande analogie du poison avec ie venin
des serpents à l’égard duquel les préparations alcalines ontunegrande
efficacité. Rivista d’Igiéne Sanita publica, 1899.
(2) Hypocratès. Epidemicor lib. VIII § 110 et Paulet, Traité des
Champignons, t. I, p. 5.