
C H A P IT R E VII
Toxicologie.
Sans avoir la prétention de résoudre la question
compliquée des principes délétères contenus dans les
champignons vénéneux et capables d’expliquer les
phénomènes de leurs empoisonnements, nous allons
essayer d’établir à ce sujet l’état des connaissances
actuelles fournies par la physiologie expérimentale et
la chimie biologique.
Depuis longtemps déjà, les observateurs, Paulet,
Letellier, Pouchet, etc., à l’aide des simples constatations
de l’expérience, avaient différencié l’action des
Amanites d’avec celle des autres champignons, et en
avaient conclu que les Amanites vénéneuses pouvaient
et devaient posséder un principe toxique, leur appartenant
en propre. — Un deuxième point également
établi par les premiers expérimentateurs, fut que ce
principe toxique n’était pas volatil (Paulet, loc. cit.,
II, p. 338, 4“ expérience) et semblait cantonné dans
la partie liquide ou suc de la plante (1).
Un principe toxique étant admis chez les Amanites
vénéneuses, est-il le même pour toutes? En d’autres
termes, ce principe est-il unique ? Les premiers expérimentateurs
l’ont cru et en ont cherché la preuve
dans la chimie. C’est ainsi que le docteur Letellier
(1826) pariait d’un principe toxique commun à toutes
les Amanites. D’autres savants décrivirent des principes
délétères spéciaux à certains champignons. Vauquelin
parlait pour l’Amaniie bulbeuse, d’une substance
gx-asse particulière ; Schræder pour l ’Amanite
Fausse-Oronge d’une substance x'ouge vénéneuse, etc.
Boudier (1865) fit faire de grands progrès à ces études
et aboutit à de sérieux résultats. Il décrivit un poison
spécial à VAmanite bulbeuse, sorte d’alcaloïde qu’il
nomma bulbosine. Il ne retrouva pas ce poison dans
YAmanita muscaxùa et soupçonna chez ce deuxième
champignon, un autre alcaloïde dont il ne put, du
reste, démontrer l’existence. A la même époque,
(R Un champignon quelconque noyé dans certains liquides tels
que : éther, chloroforme, alcool, eau acidulée, Yoire même pétrole,
essence de théréhenthine, etc., laisse exsuder dans le liquide un suc
qu’on peut appeler suc d'exsudation. G’est un fait que nous avons
constaté maintes fois. Ce sue semble s’échapper du parenchyme
grâce à l’anesthésie cellulaire par ces liquides, et il est très difficile
à obtenir par la pression à cause de l’élasticité ou l'érection des éléments
cellulaires. Ce suc d’exsudation mis à part, la substance fongique
contient encore un liquide de constitution s’obtenant par la
presse {jus de pression}. L’un et l’autre de ces liquides, suc et jus,
sont toxiques, quoique différemment. (Voir : Prothière, De la conservation
scientifique des Champignons, etc., Congrès des Sociétés
savantes, tenu à la Sorbonue, Paris, 1898.)