
C l i t o p i l u s p r u n u l u s F r .
Il s’agit ici d’un champignon, partout considéré
comme excellent, comestible, et jusqu’ici innocenté
de tout méfait. L’observation suivante, dans laquelle
il faut écarter tout soupçon d’altération chimique,
puisque le champignon a été consommé frais, est
d’autant plus intéressante qu’elle suggère, comme on
le verra, une explication ingénieuse, bien que purement
hypothétique.
O BSERV AT ION XXXVI.
Empoisonnement par le Clitopilus prunulus.
D® X. SiLLOT, d’Autun.
(Inédite.)
Au mois de septembre 1882, M. R ..., d ’Autun, gran d amate
u r de champignons, cueillit un su perbe spécimen de Clitopilus
prunulus, très voisin de C. orcella, re co nnaissable
comme celui-ci à son odeur de farine, et connu, p o u r cela,
dans le pays sous le nom de Meunier. T en té p a r l’a sp e ct
e n g ag e an t du champignon, dont il co n n aissait la ré p u ta tio n
comestible, il vou lu t en g oûter. R e n tré chez lui, il éplucha
le champignon e t le fit cuire au b eu rre et à la crème, sans
a u tre p rép a ra tio n p réalable. L e rep as eu t lieu à 11 heu res
du matin. A 2 heu res su rv in ren t des vomissements violents,
avec n au sé es, crampes d’estomac, sueurs froides, malaise
g énéral, en plus des coliques, et, finalement, de la diarrhée.
Ces symptômes de g a s tro -en té rite aiguë, communs dans les
empoisonnements p a r les émé to -c a th a rtiq u e s, d u rè ren t to u te
la n u it e t ne se c alm èren t que v in g t-q u a tre -h e u re s après.
M. R su rp ris, re to u rn a à la localité où il av a it ré co lté
la Cl. prunulus. 11 en re tro u v a de nouveaux é ch antillons et
les m o n tra càM. le c ap itain e L u can d , mycologiste autunois
trè s distingué e t trè s compétent, qui en confirma la diagnose.
Ce champignon, comestible et même estimé, semble donc,
comme beaucoup d’a u tre s , ren fe rm er, à l’é ta t cru, des su b stan
c e s toxiques, solubles dans l’eau, et qui d isp a ra iss en t à
l’aide de p rép ara tio n cu linaire p ré alab le , blan ch imen t à l ’eau
b o u illan te . M. R ... nous a communiqué toutefois une o b se rv
a tio n faite p a r lui et qui n ’e s t pas sans in té rê t. En re c h e rch
an t, à la même localité, des spécimens de Cl. prunulus, il
y ré co lta en même temps l’Amanita 'mappa F r ., VAgarieus
(Amanita) bulbosus Bull., espèce éminemment vénéneuse.
Or, ces deux champignons c ro issa ien t si rap p rochés l’un de
l’a u tre que leu rs mycéliums d ev aien t ê tre en co n ta c t intime
dans le sol. Y aurait-il eu p a r anastomose des filaments mycé-
lîens, ou p a r endosmose c ellulaire, e n tre les hyphes en conta
c t, p a ssag e de la su b stan c e toxique d ’Am. mappa dans le
mycélium et p a r suite le tissu de Clit. prunulus? L es
données h ab itu e lles de la physiologie v ég étale ren d en t cette
h y p othèse peu vraisemblable, mais la biologie des mycéliums
fongiques e st encore si peu connue que, pour
h a sa rd é e que soit lad ite h y p o th èse, elle ne p a ra ît pas impossible
et m é rite ra it une vérification expérimentale.
E n t o l o m e s .
Le genre Entoloma renferme des espèces dont la
plupart sont cotées comme suspectes et même vénéneuses,
fîntoioma lividum, nidorosum, clypeatum, etc.,
sans grandes preuves à l’appui. Leur couleur sombre,
leur saveur âcre ou acide, leur odeur nauséeuse, les
font repousser, pour la plupart, au moment des cueillettes
; elles peuvent toutefois être confondues avec
les Tricholomes ou les Clitocybes, riches en espèces
comestibles, mais qui en diffèrent par leurs spores
blanches, tandis que les Entolomes ont les spores,
et, partant, les lamelles rosées.
Nous sommes donc très reconnaissant à M, B.
Souché, instituteur eu retraite, président de la Société