
C H A P IT R E VI.
Empoisonnements par les champignons autres que
les Amanites.
En soutenant cette opinion que les Amanites, y
compris les Volvaires, sont, et encore dans quelques-
unes de leurs espèces seulement, les seuls champi-.
g-nons vraiment toxiques, à effets mortels, nous étonnerons
bien des gens imbus de l’idée qu’un grand
nombre de champignons, sinon la plupart, sont vénéneux,
ou suspects, comme le répètent à l’envi les
flores, les manuels et les livres de vulgarisation.
Nous avons démontré et prouvé les effets nuisibles
et souvent fatals des Champignons Volvacés; il nous
reste à démontrer l’innocuité relative des autres
groupes.
Hâtons-nous de dire cependant que nous ne prétendons
nullement qu’en dehors des Amanites il
n’existe pas de champignons malfaisants; mais ces
champignons ne sont pas vénéneux, au vrai sens du
m o t; ils ne renferment pas de poison défini, capable
de frapper d’emblée l’organisme, le système nerveux
et d’amener la mort par leur action directe, nevros-
thénique ou hyposthéuisante ; ils doivent à certains
principes âcres et irritants, â des résines (Lactaires),
leurs propriétés délétères, caractérisées en une in flammation
plus ou moins aiguë du tube digestif, et
des phénomènes du gastro-entérite aiguë, parfois très
graves, mais rarement suivis de mort, à moins de
complications indépendantes d’aucun poison : héma-
thémèse, hémorrhagie intestinale, gangrène ourupture
de l’intestin, diarrhée cbolériforme, etc. Tout se borne
au premier stade des symptômes gastro-intestinaux
décrits dans le chapitre précédent et commun à tous
les champignons, tous plus ou moins indigestes.
Tandis que les observations d’empoissonnement
par les Amanites sont nombreuses et relatées avec
soin, notre tableau et nos relevés en font foi, il est
impossible de trouver dans les ouvrages de médecine
ou les périodiques mycologiques u n seul cas
authentique de mort causé par un champignon appartenant
â un autre genre, même pour les Russules et les
Lactaires, dont la liste des espèces suspectes, même
vénéneuses, serait cependant si considérable, à en
croire les auteurs, et dont nous sommes, tou t les
premiers, à conseiller une prudente abstention, ou,
tout au moins, un usage circonspect.
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R u s s u l e s e t L a c ta ir e s .
Ces deux genres doivent être rapprochés au point
de vue médical, comme ils le sont au point de vue
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