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su iv an te . Ils ne se d é cid èren t à me co n su lte r que dans
l’après-midi : je les tro u v ai tous plus ou moins a b a ttu s , pa r
suite de leu rs nombreuses évacuations. P e n s a n t que le poison
av ait dû ê tre éliminé du tu b e digestif et qu’il ne s ’agissa
it plus que de comb a ttre la faiblesse e t les désordres gas-
tro -en té riq u e s, j ’admin istrai à tous ceux qui av aien t été
a tte in ts de vomissements e t de d iarrh é e une potion lau d an i-
s é e avec addition d ’é tb e r sulfurique et de fortes doses de
café, 'fo u s fu ren t su r pied le lendemain e t p resque complémen
t rétab lis.
L a p e tite fille de sep t ans seule n ’av ait pas eu d ’év acu a tions
; mais supposant que les champignons ne d ev aien t plus
se tro u v e r dans l’estomac tre n te heu res ap rès leu r ingestion,
je me contentai de lui a dm in istrer de l’huile de ricin qui pro voqua
quelques selles. Elle n ’av a it mangé, au dire des p a re
n ts , qu ’un ou deux champignons, tan d is que les au tre s
s ’en é ta ien t repus à sa tié té. Il p a ra is s a it donc n a tu re l qu ’elle
fu t moins indisposée et c e tte absence de symptômes primitifs
grav es me la iss a sans inquiétude su r son sort.
Dans la m atinée du 6 novembre, elle p a ru t ré tab lie , se
leva et p u t jo u e r avec sa soe u r ; mais v e rs tro is heu res après
midi elle fu t prise de douleurs dans les membres et du t se
rem e ttre au lit. A p a rtir de ce moment elle ne c essa plus de
gémir et de se tordre (sic), p a ra is s a n t en p roie aux plus
vives souffrances e t ne rép o n d an t plus aux questions su r le
siège de la douleur. Après p lu sieu rs heu res de cris e t de
contorsions, l’ag ita tio n et les p la in te s dimin u è ren t g rad u e llem
ent e t firent p lace à une to rp eu r profonde. A mon a r rivée,
h u it heu res e t demie du soir, on m’ap p rit que la p e tite
malade ven ait de ren d re un flot de san g p a r le nez e t la b o u che.
Je la tro u v ai dans le coma avec un trism u s trè s p ro noncé
et un peu de c o n tra c tu re des membres. L a langue
é ta it p rojetée en a v an t e t fortem en t se rré e en tre les arcad es
d en ta ire s, qui y 'a v a ie n t fa it de profondes entailles. L a bouche
é ta it encore pleine de san g liquide, de couleur chocolat.
Re sp iratio n ste rto re u se . P o u ls filiforme. B a ttem en ts du
coe u r sourds. L es deux poumons pleins de râ le s muqueux,
e tc ... J e p ra tiq u a i immédiatement deux injections hyp o d e rmiques
l’une avec de l’é th e r, l’a u tre avec de la caféine
(0 gr. 20). Cette médication ne p ro d u isit aucun effet sensible
su r le pouls : et après le re je t p a r la bouche à deux rep rises
différentes de sang couleur chocolat, l’affaiblissement a u g m
en ta de plus en plus et l’en fan t mo u ru t une demi-heure
ap rès.
— A l’autopsie, l’estomac ren fe rm a it une g rande q u an tité
de sang congestionné, comme à demi digéré, e t qui me p a ru t
avoir été dégluti, c ar je ne p us d é couvrir aucune érosion ou
u lcé ratio n de la muqueuse stomacale. Au niv eau de la
g rande courbure se tro u v a it une ta ch e ecchymotique sous-
muqueuse. ’fo u t le re s te des muqueuses stom ac ale s et inte
s tin a le s é ta it assez fortem en t injecté. Foie congestionné.
R a te molle. Poumons de coloration n o irâ tre , la is s an t écouler
à l’incision une grande quan tité de san g no ir e t liquide, qui
rem p lit ég alem ent les b ronches. L e s deux v en tricu le s du
coe u r ren fe rm en t du san g n o irâ tre e t liquide : il n ’y a pas
tra c e de caillots dans les veines ni dans les gros vaisseaux.
L ’o u v e rtu re du crâne n ’a pas é té pratiquée.
D ’ap rès l’opinion du D® Mougeot il e s t p robable que l’Ama-
n ita phalloïdes, qui é ta it a lo rs trè s rép an d u dans nos bois,
a dû se tro u v e r sous la main du père. Il se p e u t que la jeu n e
fille a it ingéré le seul Amanita phalloïde qui se soit trouvé
mélangé p eu t-ê tre avec les au tre s champignons. On ne p eu t
guère expliquer a u trem e n t l’empoisonnement su rv en u chez
c e tte enfant, c ar, a y an t moins mangé de champignons que les
au tre s , elle a u ra it dû ê tre moins malade, si elle n ’av ait pas
m alh eu reu sem en t absorbé un champignon p a rticu liè re m
en t vénéneux.
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OBSERV AT ION XV.
Empoisonnement par l’Amanita citrina.
(D® Bentkowski, cité par M. le D® Planchon., in Bull. soc. myc. VII,
1891, p. 55.)
Le samedi 8 novembre 1890, à 6 h eu res du soir, la famille
L ...-T ..., composée des époux L ..., des époux T ..., du jeune
’f . . . , fils des p ré céd en ts, et de M“ 'T . . . mère (g ra n d ’mère
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