
Marche et Durée
Nous nous sommes assez étendus sur les symptômes
auxquels donnent lieu les empoisonnements par
les Amanites vénéneuses. Nous rappellerons seulement
qu’au point de vue de leur ordre de succession ce sont
les signes digestifs qui sont presque toujours les p re miers
en date, que les troubles nerveux de majeure
importance se prononcent plus tard, mais qu’ils prennent
bientôt la première place et se traduisent sous
deux aspects : convulsions et stupeur. En résumé :
signes gastro-intestinaux, phénomènes nombreux
d’excitation, puis phénomènes nombreux de dépression
; telle est la marche schématique de ces empoisonnements.
Au point de vue de leur terminaison nous venons
de voir qu’elle est le plus souvent heureuse avec la
Fausse-Oronge et les espèces du même groupe, très
grave et le plus souvent mortelle avec l’Amanite bulbeuse
et ses variétés.
La durée d’incubation de même que l ’évolution varient
également pour ces deux espèces primordiales
considérées comme typiques et dont nous ferons ressortir
plus bas les différences d’action essentielles.
Un mot de la durée totale de ces accidents au cours
de ces empoisonnements. Nous pouvons établir des
moyennes intéressantes grâce à nos relevés d’observations.
il ressort, en effet, de la lecture de notre ta bleau,
que la durée totale des accidents avec l ’Amanita
muscaria est de quelques heures seulement, ne
dépassant guère 24 heures; qu’avec i’Amanita pantherina
elle varie do quelques heures seulement
à 1 jour et 1/2. Avec VAmanita buiôo.sa nous observons
une moyenne de 2 à 3 jours pour l’évolution totale
; elle se fait rarement en moins d’un jour, mais
on la voit par contre se prolonger souvent 4, 6 jours
et plus, 7 jours dans un cas de M. Roumeguère
(Obs. XVII, 1) ; 8 jours dans une observation de
MM. Lallemand et Chevrel {Recueil de méd. m ilitaire
1859), 11 jours même dans deux autres observations,
(obs. VI XIX.)
Pronostic
D’un façon générale plus il y a d’évacuations naturelles
ou artificielles et plus elles sont précoces, moins
il y a de danger. L ’anurie est de mauvais augure
tandis que le rétablissement des urines et l’apparition
rapide de sueurs profuses sont de bons signes
(signes critiques).
Les hémorrbagies de toute nature, hémoptysies, hé-
matémèses, hémorrbagies intestinales, surtout celles
de la dernière période, assombrissent le tableau.
La stupeur, l’assoupissement, joints au défaut d’évacuations,
sont les plus fâcheux de tous les symptômes.
Il faut tenir grand compte du mode du début ; plus
celui-ci sera tardif et plus on fera des réserves ; c’est
la façon d agir habituelle de VAmanite bulbeuse la
plus létbifère de toutes. On ne saurait trop, au début.